La géographie explique-t-elle le vote FN?

Christèle Marchand-Lagier Maître de conférence de science politique, responsable de la Licence AES-Science Politique et Europe,Responsable du DU Métiers du tertiaire Université d'Avignon et des pays de Vaucluse à répondu à l'UNSA-Éducation.

Christèle Marchand-Lagier*, maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon, répond à notre question qui tue… le FN.

La géographie électorale permet de repérer, de manière parfois surprenante, où commencent et où s’arrêtent les votes FN.

Les travaux de certains géographes tels ceux de Loïc Ravenel, Pascal Buléon et Jérôme Fourquet sur le gradient d’urbanité en 2002 ont notamment souligné combien la distance aux grandes villes pouvait jouer dans l’explication du vote FN.

Les chercheurs s’interrogent depuis sur la notion de péri-urbain qui, loin de constituer un espace homogène est souvent un lieu de contrastes. Certains chercheurs comme Violaine Girard notamment ont insisté sur les transformations qui affectent, dans ces zones, les fractions les plus stables des classes populaires. I

ll ne suffit pas d’être en périphérie ou de vivre dans de petits villages ruraux pour voter FN. Se jouent dans ces espaces des rapports différenciés aux conditions de logement, un éloignement parfois subi aux centres villes mais également des identités locales bousculées qu’il convient d’étudier.

Le FN, comme le montrent les travaux de Sébastien Vignon dans la Somme a su réinvestir certaines sociabilités rurales en prenant appui sur un tissu associatif parfois syndical ou professionnel décousu.

Pour ce qui concerne mes travaux et l’inscription de préférence FN au sein de collectifs familiaux, amicaux et plus largement relationnels, nul doute que dans les territoires où le FN est enraciné, il offre aux uns et aux autres des occasions multiples de côtoyer des élus ou des militants FN.

Il est plus facile de trouver dans son entourage des gens qui se sont rapprochés -à la faveur de déceptions successives- d’un choix FN et il devient alors plus facile de le partager.

Ainsi vous avez de tous petits villages qui soutiennent presqu’exclusivement le FN quand ce n’est pas le cas des communes voisines car les sociabilités s’arrêtent aussi aux frontières de la commune.

*Christèle Marchand-Lagier est maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon. Elle est auteure de Le Vote FN. Pour une sociologie localisée des électorats frontistes, 2017, De Boeck

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Christèle Marchand-Lagier*, maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon, répond à notre question qui tue… le FN.

La géographie électorale permet de repérer, de manière parfois surprenante, où commencent et où s’arrêtent les votes FN.

Les travaux de certains géographes tels ceux de Loïc Ravenel, Pascal Buléon et Jérôme Fourquet sur le gradient d’urbanité en 2002 ont notamment souligné combien la distance aux grandes villes pouvait jouer dans l’explication du vote FN.

Les chercheurs s’interrogent depuis sur la notion de péri-urbain qui, loin de constituer un espace homogène est souvent un lieu de contrastes. Certains chercheurs comme Violaine Girard notamment ont insisté sur les transformations qui affectent, dans ces zones, les fractions les plus stables des classes populaires. I

ll ne suffit pas d’être en périphérie ou de vivre dans de petits villages ruraux pour voter FN. Se jouent dans ces espaces des rapports différenciés aux conditions de logement, un éloignement parfois subi aux centres villes mais également des identités locales bousculées qu’il convient d’étudier.

Le FN, comme le montrent les travaux de Sébastien Vignon dans la Somme a su réinvestir certaines sociabilités rurales en prenant appui sur un tissu associatif parfois syndical ou professionnel décousu.

Pour ce qui concerne mes travaux et l’inscription de préférence FN au sein de collectifs familiaux, amicaux et plus largement relationnels, nul doute que dans les territoires où le FN est enraciné, il offre aux uns et aux autres des occasions multiples de côtoyer des élus ou des militants FN.

Il est plus facile de trouver dans son entourage des gens qui se sont rapprochés -à la faveur de déceptions successives- d’un choix FN et il devient alors plus facile de le partager.

Ainsi vous avez de tous petits villages qui soutiennent presqu’exclusivement le FN quand ce n’est pas le cas des communes voisines car les sociabilités s’arrêtent aussi aux frontières de la commune.

*Christèle Marchand-Lagier est maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon. Elle est auteure de Le Vote FN. Pour une sociologie localisée des électorats frontistes, 2017, De Boeck