La géographie des inégalités éducatives

On le savait, mais cette fois on peut le lire : l’égalité éducative n’existe pas en France. L’ouvrage Géographie de l’école 2014, publié lundi 30 juin, montre qu’« il existe des inégalités sociales, mais aussi territoriales ou de la diversité, dues à autre chose que la dimension sociale. Il y a des facteurs historiques et culturels très complexes ».

Ainsi « la plupart des académies doivent composer avec une grande diversité de territoires », réconnait le document, qui cartographie, territoires par territoires, les disparités sociales, scolaires et celles des moyens alloués à l’école, montrant ainsi que les probabilités d’obtenir son bac ou de se retrouver en échec scolaire, ne sont pas les mêmes suivant son milieu socio-économique, la structure de sa famille, son lieu d’habitation.

Si « la correspondance entre zones cumulant les difficultés sociales et zones à parts élevées de jeunes non diplômés est fréquente, mais pas systématique », comme souligne la publication, il convient de reconnaître que la sociologie des populations est souvent liée aux territoires. Ainsi à Paris, 70% des enfants ont un parent qui a au moins le bac, seulement 19% en Guyane.

« Le problème des territoires, c’est un vrai sujet », souligne Catherine Moisan, directrice de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP). D’autant qu’il est renforcé par une forte variation des dépenses consacrées territorialement à l’éducation, qu’elles proviennent de l’Etat (les salaires des personnels), ou des collectivités locales (construction, équipement, entretien, fonctionnement des établissements).

La Gazette des communes relève que « lEtat dépensait en 2011 en moyenne nationale 3.130 euros par écolier, 5.570 par collégien, 7.660 par lycéen. Ces sommes étaient plus élevées dans les régions Lorraine, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Bourgogne, Auvergne, Limousin et Corse, mais plus faibles en Bretagne et Pays de la Loire, où 40% des élèves fréquentent le privé sous contrat. » Parallèlement, « côté collectivités, les dépenses par élève du secondaire variaient en 2011 du simple au triple suivant les régions. »

Il faut enfin ajouter qu’une même disparité existe quant à la mixité scolaire dans les établissements du second degré. Par exemple l’ouvrage met en évidence de forts écarts en Ile-de-France « du fait de l’existence de lycées très réputés et de lycées plus populaires, alors que les lycées privés accueillent très majoritairement une population favorisée », alors qu’en Bretagne «les établissements sont un peu plus mixtes socialement, il y a moins de différence entre eux, et c’est équivalent pour le public et le privé ».

Cette « géographie de l’école en 2014 » est une mise à plat plus qu’utile. Mais, elle ne sera réellement efficace que si elle permet — au-delà des constats — de prendre de réelles mesures pour combattre ces inégalités. Une véritable réforme territoriale ne devrait-elle pas d’ailleurs se fixer cet objectif prioritairement ?


Géographie de l’École, édition 2014, sur le site du ministère de l’Éducation nationale.

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On le savait, mais cette fois on peut le lire : l’égalité éducative n’existe pas en France. L’ouvrage Géographie de l’école 2014, publié lundi 30 juin, montre qu’« il existe des inégalités sociales, mais aussi territoriales ou de la diversité, dues à autre chose que la dimension sociale. Il y a des facteurs historiques et culturels très complexes ».

Ainsi « la plupart des académies doivent composer avec une grande diversité de territoires », réconnait le document, qui cartographie, territoires par territoires, les disparités sociales, scolaires et celles des moyens alloués à l’école, montrant ainsi que les probabilités d’obtenir son bac ou de se retrouver en échec scolaire, ne sont pas les mêmes suivant son milieu socio-économique, la structure de sa famille, son lieu d’habitation.

Si « la correspondance entre zones cumulant les difficultés sociales et zones à parts élevées de jeunes non diplômés est fréquente, mais pas systématique », comme souligne la publication, il convient de reconnaître que la sociologie des populations est souvent liée aux territoires. Ainsi à Paris, 70% des enfants ont un parent qui a au moins le bac, seulement 19% en Guyane.

« Le problème des territoires, c’est un vrai sujet », souligne Catherine Moisan, directrice de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP). D’autant qu’il est renforcé par une forte variation des dépenses consacrées territorialement à l’éducation, qu’elles proviennent de l’Etat (les salaires des personnels), ou des collectivités locales (construction, équipement, entretien, fonctionnement des établissements).

La Gazette des communes relève que « lEtat dépensait en 2011 en moyenne nationale 3.130 euros par écolier, 5.570 par collégien, 7.660 par lycéen. Ces sommes étaient plus élevées dans les régions Lorraine, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Bourgogne, Auvergne, Limousin et Corse, mais plus faibles en Bretagne et Pays de la Loire, où 40% des élèves fréquentent le privé sous contrat. » Parallèlement, « côté collectivités, les dépenses par élève du secondaire variaient en 2011 du simple au triple suivant les régions. »

Il faut enfin ajouter qu’une même disparité existe quant à la mixité scolaire dans les établissements du second degré. Par exemple l’ouvrage met en évidence de forts écarts en Ile-de-France « du fait de l’existence de lycées très réputés et de lycées plus populaires, alors que les lycées privés accueillent très majoritairement une population favorisée », alors qu’en Bretagne «les établissements sont un peu plus mixtes socialement, il y a moins de différence entre eux, et c’est équivalent pour le public et le privé ».

Cette « géographie de l’école en 2014 » est une mise à plat plus qu’utile. Mais, elle ne sera réellement efficace que si elle permet — au-delà des constats — de prendre de réelles mesures pour combattre ces inégalités. Une véritable réforme territoriale ne devrait-elle pas d’ailleurs se fixer cet objectif prioritairement ?


Géographie de l’École, édition 2014, sur le site du ministère de l’Éducation nationale.