« La collectivité territoriale est un acteur pédagogique légitime »

Une telle affirmation risque d’inquiéter voire de faire bondir nombre d’enseignants ou cadres de l’Education Nationale qui se considèrent seuls autorisés à dire et surtout à pratiquer la pédagogie. Il s’agit pourtant de la principale conclusion de l’enquête annuelle réalisé par l’ANDEV et sous-titrée cette année « Éduquer et refonder l’école ensemble ».


« Bien sûr, toutes les collectivités ne considèrent pas qu’il faille aller dans le domaine de la pédagogie. La réticence des enseignants face aux collectivités qui s’emparent de la question de la pédagogie peut dissuader les cadres territoriaux de l’éducation d’aller plus loin. D’une manière générale, toutes les collectivités n’avancent pas toutes à la même vitesse sur la question de la pédagogie » constate l’enquête de l’ANDEV avant de mettre en évidence quatre idées fortes qui ressortent du travail mené :

La première idée qui ressort de l’enquête de l’ANDEV est que la pédagogie est au service de l’éducation ; 
– la seconde idée est que le cadre territorial de l’éducation peut être un acteur à part entière de la pédagogie ;
– la troisième idée indique que la collectivité doit s’engager comme acteur pédagogique ;
– la quatrième idée considère la loi sur la refondation de l’école comme une opportunité pour approfondir localement le partenariat avec l’Éducation nationale

Pour Anne-Sophie Benoit, présidente de l’ANDEV, il est évident que « les exemples illustrant l’investissement pédagogique des directeurs de l’éducation sont nombreux et ceux-ci y font référence dans l’enquête. La collectivité, par ses décisions en matière de construction, pèse sur la manière de former. De la même manière, le niveau d’équipements en informatique influe sur la manière d’enseigner ; en partenariat avec les acteurs locaux de l’Éducation nationale, la collectivité participe en effet au projet pédagogique qui pourra être mis en œuvre par l’équipe enseignante. La collectivité s’inscrit aussi dans le cadre pédagogique, à travers l’organisation de classes de découverte, de sorties culturelles ou autres, de résidences d’artistes et par là agit sur la façon d’apprendre. Certaines interviennent directement dans les activités d’enseignement, en mettant à disposition de leurs écoles des professeurs d’arts plastiques, de sport (ETAPS) et de musique (dumiste). » Aussi considère-t-elle qu’il est  fondamental de se poser les questions suivantes : « la sanctuarisation de la pédagogie par l’école est-elle encore possible ? Les interventions des collectivités locales dans le champ large du « métier d’enseigner » sont-elles légitimes ? Les politiques éducatives locales n’influent-elles pas sur la relation « élève, savoir, enseignant » ? »

Si l’enquête met en évidence des différences de définition quant aux termes d’éducation ou de pédagogie, les acteurs locaux de l’Éducation nationale insistant sur une conception active alors que les cadres portent davantage une vision décloisonnée, elle révèle surtout que l’éducation partagée souffre d’obstacles dont celui du manque de reconnaissance de la légitimité éducative des collectivités par l’Éducation nationale. Cela renvoie à la capacité de se connaître mutuellement et de construire une culture partagée entre les différents acteurs éducatifs.

Sans qu’elle puisse être la recette miracle, l’ANDEV met en avant la nécessité d’une formation commune : « Travailler sur la formation initiale et continue des professeurs et les sensibiliser à la fois à la connaissance des collectivités locales et du travail de leurs agents, de la cité et des partenaires et sur l’apport des activités péri et extrascolaires semblent être la voie. La réciproque est tout aussi importante pour les professionnels des communes et les associations de parents d’élèves qui doivent être formés aux objectifs, aux moyens et au fonctionnement de l’école. D’où l’idée de formalisation de formations mixtes qui pourraient porter sur la qualification, les méthodes, les outils des uns et des autres, afin de créer les conditions favorables à une coopération exigeante et efficiente fondée sur le rôle et les compétences de chacun. »

Les réponses des cadres de l’éducation, qui semblent empreintes de la réforme des rythmes en cours parlent, « de cohérence, de continuité éducative et de complémentarité, à construire avec les acteurs locaux ». Elles évoquent le nécessaire « débat sur le partage des responsabilités dans la mise en œuvre des projets éducatifs et pédagogiques pour organiser encore une fois la continuité et la cohérence des actions et organiser le parcours des enfants, la co-construction d’un projet éducatif local s’impose comme une étape essentielle et stratégique ».

L’ANDEV constate ainsi qu’ « il n’est pas un jour, depuis la loi d’orientation et de programmation de refondation de l’école, où on ne parle d’éducation, mais aussi d’école liés au travail des collectivités » et considère que « les projets éducatifs de territoire aujourd’hui reconnus par la loi,  même s’ils n’ont pas l’envergure des projets éducatifs locaux,  marquent bien l’émergence des collectivités dans le débat éducatif, mais surtout, l’obligation à travailler ensemble qui ne peut conduire qu’à renforcer la réflexion sur les besoins des enfants et la complémentarité des acteurs. »

L’ANDEV conclut donc que « l’éducation au sens large du terme, dans un contexte actuel dégradé, nécessite plus que jamais la volonté collective de tous les acteurs de prendre au sérieux l’objectif de la réussite de tous, et de s’en donner les moyens, y compris quand cela devrait bousculer les positions acquises. Elle vise une construction complète et globale de la personnalité des adultes de demain, et des perspectives enthousiasmantes pour les adultes d’aujourd’hui. Plus que de savoirs, mais de savoir être, savoir-faire et de compétences, nous aurons besoin et plus que sur l’école il faudra compter, mais sur les territoires et la famille pour définir un vrai projet de société, car c’est de cela dont il s’agit, définir un projet de société pour avancer vers l’efficience éducative et scolaire, au sein duquel éducation et pédagogie ne sont pas dissociées pour la réussite des enfants ».

Une autre manière de dire et de porter un projet ambitieux pour une société éducative et solidaire !

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Une telle affirmation risque d’inquiéter voire de faire bondir nombre d’enseignants ou cadres de l’Education Nationale qui se considèrent seuls autorisés à dire et surtout à pratiquer la pédagogie. Il s’agit pourtant de la principale conclusion de l’enquête annuelle réalisé par l’ANDEV et sous-titrée cette année « Éduquer et refonder l’école ensemble ».


« Bien sûr, toutes les collectivités ne considèrent pas qu’il faille aller dans le domaine de la pédagogie. La réticence des enseignants face aux collectivités qui s’emparent de la question de la pédagogie peut dissuader les cadres territoriaux de l’éducation d’aller plus loin. D’une manière générale, toutes les collectivités n’avancent pas toutes à la même vitesse sur la question de la pédagogie » constate l’enquête de l’ANDEV avant de mettre en évidence quatre idées fortes qui ressortent du travail mené :

La première idée qui ressort de l’enquête de l’ANDEV est que la pédagogie est au service de l’éducation ; 
– la seconde idée est que le cadre territorial de l’éducation peut être un acteur à part entière de la pédagogie ;
– la troisième idée indique que la collectivité doit s’engager comme acteur pédagogique ;
– la quatrième idée considère la loi sur la refondation de l’école comme une opportunité pour approfondir localement le partenariat avec l’Éducation nationale

Pour Anne-Sophie Benoit, présidente de l’ANDEV, il est évident que « les exemples illustrant l’investissement pédagogique des directeurs de l’éducation sont nombreux et ceux-ci y font référence dans l’enquête. La collectivité, par ses décisions en matière de construction, pèse sur la manière de former. De la même manière, le niveau d’équipements en informatique influe sur la manière d’enseigner ; en partenariat avec les acteurs locaux de l’Éducation nationale, la collectivité participe en effet au projet pédagogique qui pourra être mis en œuvre par l’équipe enseignante. La collectivité s’inscrit aussi dans le cadre pédagogique, à travers l’organisation de classes de découverte, de sorties culturelles ou autres, de résidences d’artistes et par là agit sur la façon d’apprendre. Certaines interviennent directement dans les activités d’enseignement, en mettant à disposition de leurs écoles des professeurs d’arts plastiques, de sport (ETAPS) et de musique (dumiste). » Aussi considère-t-elle qu’il est  fondamental de se poser les questions suivantes : « la sanctuarisation de la pédagogie par l’école est-elle encore possible ? Les interventions des collectivités locales dans le champ large du « métier d’enseigner » sont-elles légitimes ? Les politiques éducatives locales n’influent-elles pas sur la relation « élève, savoir, enseignant » ? »

Si l’enquête met en évidence des différences de définition quant aux termes d’éducation ou de pédagogie, les acteurs locaux de l’Éducation nationale insistant sur une conception active alors que les cadres portent davantage une vision décloisonnée, elle révèle surtout que l’éducation partagée souffre d’obstacles dont celui du manque de reconnaissance de la légitimité éducative des collectivités par l’Éducation nationale. Cela renvoie à la capacité de se connaître mutuellement et de construire une culture partagée entre les différents acteurs éducatifs.

Sans qu’elle puisse être la recette miracle, l’ANDEV met en avant la nécessité d’une formation commune : « Travailler sur la formation initiale et continue des professeurs et les sensibiliser à la fois à la connaissance des collectivités locales et du travail de leurs agents, de la cité et des partenaires et sur l’apport des activités péri et extrascolaires semblent être la voie. La réciproque est tout aussi importante pour les professionnels des communes et les associations de parents d’élèves qui doivent être formés aux objectifs, aux moyens et au fonctionnement de l’école. D’où l’idée de formalisation de formations mixtes qui pourraient porter sur la qualification, les méthodes, les outils des uns et des autres, afin de créer les conditions favorables à une coopération exigeante et efficiente fondée sur le rôle et les compétences de chacun. »

Les réponses des cadres de l’éducation, qui semblent empreintes de la réforme des rythmes en cours parlent, « de cohérence, de continuité éducative et de complémentarité, à construire avec les acteurs locaux ». Elles évoquent le nécessaire « débat sur le partage des responsabilités dans la mise en œuvre des projets éducatifs et pédagogiques pour organiser encore une fois la continuité et la cohérence des actions et organiser le parcours des enfants, la co-construction d’un projet éducatif local s’impose comme une étape essentielle et stratégique ».

L’ANDEV constate ainsi qu’ « il n’est pas un jour, depuis la loi d’orientation et de programmation de refondation de l’école, où on ne parle d’éducation, mais aussi d’école liés au travail des collectivités » et considère que « les projets éducatifs de territoire aujourd’hui reconnus par la loi,  même s’ils n’ont pas l’envergure des projets éducatifs locaux,  marquent bien l’émergence des collectivités dans le débat éducatif, mais surtout, l’obligation à travailler ensemble qui ne peut conduire qu’à renforcer la réflexion sur les besoins des enfants et la complémentarité des acteurs. »

L’ANDEV conclut donc que « l’éducation au sens large du terme, dans un contexte actuel dégradé, nécessite plus que jamais la volonté collective de tous les acteurs de prendre au sérieux l’objectif de la réussite de tous, et de s’en donner les moyens, y compris quand cela devrait bousculer les positions acquises. Elle vise une construction complète et globale de la personnalité des adultes de demain, et des perspectives enthousiasmantes pour les adultes d’aujourd’hui. Plus que de savoirs, mais de savoir être, savoir-faire et de compétences, nous aurons besoin et plus que sur l’école il faudra compter, mais sur les territoires et la famille pour définir un vrai projet de société, car c’est de cela dont il s’agit, définir un projet de société pour avancer vers l’efficience éducative et scolaire, au sein duquel éducation et pédagogie ne sont pas dissociées pour la réussite des enfants ».

Une autre manière de dire et de porter un projet ambitieux pour une société éducative et solidaire !