Juger la pédagogie ?

Etrange jugement que celui du tribunal administratif de Lyon qui dans son jugement du 9 mars 2016 (n°1300643) fixe la distinction entre le cours et les travaux dirigés à l’Université. Rejetant le critère du nombre d’étudiants, le tribunal définit ainsi le cours magistral comme étant « un enseignement théorique dispensé sous la forme d’un cours didactique exclusif de toute participation des étudiants »,  au contraire des travaux dirigés, qui sont –selon lui- « des enseignements d’application des cours magistraux impliquant une participation des étudiants ».


Lorsque l’on sait qu’une heure cours magistral vaut une heure et demie de travaux dirigés, on mesure le prix de la participation des étudiants et celle de l’innovation pédagogique.


Nul doute que les références des juges datent un peu. De l’époque où les professeurs d’université éclairaient de leur savoir des amphis bondés, avant de confier à leurs assistants des petits groupes d’étudiants pour des exercices pratiques de compréhension du savoir ainsi délivré.


Depuis bien des années une dimension plus active s’est développée dans pratiquement tous les enseignements. Et aujourd’hui, le numérique invite à encore davantage d’interactivité.


Au-delà, les termes même du jugement sont discutables, car l’on pourra facilement se demander où commence la participation des étudiants, comme on pourra interroger la frontière entre la théorique et la pratique dans de nombreuses matières ou dans nombre d’enseignement. Tout cela d’ailleurs avec encore moins de certitude, franchise pédagogique aidant, bien malin qui en dehors de l’enseignant et donc de ses déclarations, pourra dire ce qui se passe en cours et quelles sont les méthodes pédagogiques mises en œuvre.


Plutôt que de demander aux juges administratifs de fixer des règles pour gérer la pénurie financière des universités, n’y aurait-il pas urgence à ouvrir enfin un grand chantier pour réfléchir et refonder l’université, ce qui nécessitera forcément de se poser la question de la pédagogie.

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Lorsque l’on sait qu’une heure cours magistral vaut une heure et demie de travaux dirigés, on mesure le prix de la participation des étudiants et celle de l’innovation pédagogique.


Nul doute que les références des juges datent un peu. De l’époque où les professeurs d’université éclairaient de leur savoir des amphis bondés, avant de confier à leurs assistants des petits groupes d’étudiants pour des exercices pratiques de compréhension du savoir ainsi délivré.


Depuis bien des années une dimension plus active s’est développée dans pratiquement tous les enseignements. Et aujourd’hui, le numérique invite à encore davantage d’interactivité.


Au-delà, les termes même du jugement sont discutables, car l’on pourra facilement se demander où commence la participation des étudiants, comme on pourra interroger la frontière entre la théorique et la pratique dans de nombreuses matières ou dans nombre d’enseignement. Tout cela d’ailleurs avec encore moins de certitude, franchise pédagogique aidant, bien malin qui en dehors de l’enseignant et donc de ses déclarations, pourra dire ce qui se passe en cours et quelles sont les méthodes pédagogiques mises en œuvre.


Plutôt que de demander aux juges administratifs de fixer des règles pour gérer la pénurie financière des universités, n’y aurait-il pas urgence à ouvrir enfin un grand chantier pour réfléchir et refonder l’université, ce qui nécessitera forcément de se poser la question de la pédagogie.