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Journée internationale de la tolérance : et si c’était l’occasion de mieux comprendre la laïcité ?

Depuis 1996, l’ONU a fait du 16 novembre la journée internationale de la tolérance. Cela fait suite à la signature par l’UNESCO d’une déclaration de principes sur la tolérance. Dans ce texte, ce terme est défini comme « le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains. » Logiquement, cela concerne le domaine religieux, et la tolérance a parfois été abusivement utilisée contre la laïcité en France. Si les deux notions sont complexes à définir, il faut revenir sur leurs connexions afin de mieux en comprendre leur sens et leur utilité. L’UNSA Éducation fait le point.

On assiste en effet aujourd’hui dans de nombreux pays étrangers à des incompréhensions sur la laïcité française, qui est parfois perçue comme intolérante et sources de tensions. Cela ne concerne pas seulement les pays où les musulman·es sont majoritaires, mais aussi d’autres territoires en Amérique ou en Europe du Nord.  Une telle confusion peut être partagée par une partie de l’opinion en France, où les débats sur ce principe républicain sont trop souvent confus.

Régime de tolérance et régime de laïcité

L’incarnation de la tolérance dans un régime politique implique que l’on cherche à faire exister ensemble plusieurs religions et différentes communautés qui partagent des valeurs. Ce qui prime ici, c’est donc avant tout la liberté religieuse. On peut constater un tel positionnement aux États Unis comme le montre le politologue Denis Lacorne dans son ouvrage « Les frontières de la tolérance ».Cependant, faire de cette notion un axe contradictoire à la laïcité à la française serait toutefois un contresens.
Le principe de laïcité établi par la loi de 1905 va au-delà du régime de tolérance. La laïcité, articulée avec la liberté de conscience et la liberté d’expression, permet aux croyances et incroyances de vivre dans un espace politique où l’État ne reconnait aucune religion au détriment d’autres et où tous les cultes sont traités à égalité. Cela signifie concrètement que la laïcité est un principe qui va au-delà de la notion de tolérance religieuse. La tolérance est justement permise par la laïcité qui s’incarne dans la séparation des Églises et de l’État.

Les connexions entre les deux notions

Opposer tolérance et laïcité, c’est s’enfermer dans une série de contresens. Faire de la loi de 1905 et des lois laïques précédentes et suivantes des principes d’intolérance, c’est également se fourvoyer et ne pas comprendre le fonctionnement de la société française contemporaine. Pourtant, on assiste aujourd’hui à de telles incompréhensions. Ainsi, la grande presse américaine affirme régulièrement que la laïcité à la française serait à l’origine de discriminations, en particulier contre les musulmans. Le président de la République, Emmanuel Macron, a lui-même contacté la semaine dernière un journaliste du célèbre New York Times pour expliquer la position de la France. La réponse de l’éditorialiste Ben Smith, que l’on peut retrouver ici, montre les difficultés à bien comprendre les deux notions puisqu’il établit que la politique française heurte « l’importance qu’accordent les Américains à la tolérance religieuse et à la liberté d’expression protégée par le premier amendement de leur constitution. »

Une telle discussion est utile: il faut en effet aller au-delà des incompréhensions et des particularismes nationaux. Des débats entre le monde anglo-saxon et la France, mais aussi avec le monde musulman, doivent permettre d’établir sereinement les complémentarités de la tolérance et de la laïcité, dans une perspective d’universalité et d’affirmation de paix entre les aires culturelles. Après tout, c’est aussi s’inscrire dans l’histoire longue de la laïcité française : il faut ici rappeler qu’Aristide Briand, le rapporteur de la loi de 1905, avait dans son projet de loi fait de très longs développements sur la situation des religions dans différents États et aires culturelles. D’autres pays connaissent des régimes de séparation ou de sécularisation qui peuvent s’assimiler à l’exemple français, le dernier d’entre eux étant le Québec qui a adopté de tels principes en 2019.

Le rôle essentiel de l’éducation

C’est pourquoi la journée internationale de la tolérance a son importance pour mieux faire comprendre la laïcité. En effet, comme le rappelle la déclaration de principe de l’UNESCO, « L’éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la peur et à l’exclusion de l’autre et doit aider les jeunes à développer leur capacité d’exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques. » On perçoit ici les similitudes avec la liberté de conscience affirmée dans la loi de 1905. Il ne faut surtout pas concevoir les notions de laïcité et de tolérance comme évidentes : il importe au contraire de mobiliser savoirs et savoir-faire afin de les enseigner dès le plus jeune âge.

La laïcité est garante de la paix civile. C’est pourquoi l’UNSA Éducation combat toutes celles et tous ceux qui l’instrumentalisent pour en faire un vecteur d’exclusion. De plus, notre fédération demande que tou·tes les agent·es engagé·es dans une mission de Service public puissent bénéficier d’une formation à la laïcité dans le cadre de la formation initiale et continue.

L’article du New York Times

La déclaration de principes de l’UNESCO sur la tolérance

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Depuis 1996, l’ONU a fait du 16 novembre la journée internationale de la tolérance. Cela fait suite à la signature par l’UNESCO d’une déclaration de principes sur la tolérance. Dans ce texte, ce terme est défini comme « le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains. » Logiquement, cela concerne le domaine religieux, et la tolérance a parfois été abusivement utilisée contre la laïcité en France. Si les deux notions sont complexes à définir, il faut revenir sur leurs connexions afin de mieux en comprendre leur sens et leur utilité. L’UNSA Éducation fait le point.

On assiste en effet aujourd’hui dans de nombreux pays étrangers à des incompréhensions sur la laïcité française, qui est parfois perçue comme intolérante et sources de tensions. Cela ne concerne pas seulement les pays où les musulman·es sont majoritaires, mais aussi d’autres territoires en Amérique ou en Europe du Nord.  Une telle confusion peut être partagée par une partie de l’opinion en France, où les débats sur ce principe républicain sont trop souvent confus.

Régime de tolérance et régime de laïcité

L’incarnation de la tolérance dans un régime politique implique que l’on cherche à faire exister ensemble plusieurs religions et différentes communautés qui partagent des valeurs. Ce qui prime ici, c’est donc avant tout la liberté religieuse. On peut constater un tel positionnement aux États Unis comme le montre le politologue Denis Lacorne dans son ouvrage « Les frontières de la tolérance ».Cependant, faire de cette notion un axe contradictoire à la laïcité à la française serait toutefois un contresens.
Le principe de laïcité établi par la loi de 1905 va au-delà du régime de tolérance. La laïcité, articulée avec la liberté de conscience et la liberté d’expression, permet aux croyances et incroyances de vivre dans un espace politique où l’État ne reconnait aucune religion au détriment d’autres et où tous les cultes sont traités à égalité. Cela signifie concrètement que la laïcité est un principe qui va au-delà de la notion de tolérance religieuse. La tolérance est justement permise par la laïcité qui s’incarne dans la séparation des Églises et de l’État.

Les connexions entre les deux notions

Opposer tolérance et laïcité, c’est s’enfermer dans une série de contresens. Faire de la loi de 1905 et des lois laïques précédentes et suivantes des principes d’intolérance, c’est également se fourvoyer et ne pas comprendre le fonctionnement de la société française contemporaine. Pourtant, on assiste aujourd’hui à de telles incompréhensions. Ainsi, la grande presse américaine affirme régulièrement que la laïcité à la française serait à l’origine de discriminations, en particulier contre les musulmans. Le président de la République, Emmanuel Macron, a lui-même contacté la semaine dernière un journaliste du célèbre New York Times pour expliquer la position de la France. La réponse de l’éditorialiste Ben Smith, que l’on peut retrouver ici, montre les difficultés à bien comprendre les deux notions puisqu’il établit que la politique française heurte « l’importance qu’accordent les Américains à la tolérance religieuse et à la liberté d’expression protégée par le premier amendement de leur constitution. »

Une telle discussion est utile: il faut en effet aller au-delà des incompréhensions et des particularismes nationaux. Des débats entre le monde anglo-saxon et la France, mais aussi avec le monde musulman, doivent permettre d’établir sereinement les complémentarités de la tolérance et de la laïcité, dans une perspective d’universalité et d’affirmation de paix entre les aires culturelles. Après tout, c’est aussi s’inscrire dans l’histoire longue de la laïcité française : il faut ici rappeler qu’Aristide Briand, le rapporteur de la loi de 1905, avait dans son projet de loi fait de très longs développements sur la situation des religions dans différents États et aires culturelles. D’autres pays connaissent des régimes de séparation ou de sécularisation qui peuvent s’assimiler à l’exemple français, le dernier d’entre eux étant le Québec qui a adopté de tels principes en 2019.

Le rôle essentiel de l’éducation

C’est pourquoi la journée internationale de la tolérance a son importance pour mieux faire comprendre la laïcité. En effet, comme le rappelle la déclaration de principe de l’UNESCO, « L’éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la peur et à l’exclusion de l’autre et doit aider les jeunes à développer leur capacité d’exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques. » On perçoit ici les similitudes avec la liberté de conscience affirmée dans la loi de 1905. Il ne faut surtout pas concevoir les notions de laïcité et de tolérance comme évidentes : il importe au contraire de mobiliser savoirs et savoir-faire afin de les enseigner dès le plus jeune âge.

La laïcité est garante de la paix civile. C’est pourquoi l’UNSA Éducation combat toutes celles et tous ceux qui l’instrumentalisent pour en faire un vecteur d’exclusion. De plus, notre fédération demande que tou·tes les agent·es engagé·es dans une mission de Service public puissent bénéficier d’une formation à la laïcité dans le cadre de la formation initiale et continue.

L’article du New York Times

La déclaration de principes de l’UNESCO sur la tolérance