Jour d’inspection

Quelles qu’en soient les circonstances, il y a toujours une appréhension, une légère angoisse, voire une peur panique…lorsqu’arrive le jour de l’inspection. Cette crainte, généralement injustifiée, est essentiellement liée à la manière dont est considérée l’évaluation.

Quelles qu’en soient les circonstances, il y a toujours une appréhension, une légère angoisse, voire une peur panique…lorsqu’arrive le jour de l’inspection. Cette crainte, généralement injustifiée, est essentiellement liée à la manière dont est considérée l’évaluation.

Habitués dans de nombreux actes du quotidien à délivrer et à recevoir des bons et des mauvais points, des bonnes et des mauvaises notes, des « plus » et des « mois », les « inspectés » se considèrent jugés –non seulement dans ce qu’ils font, mais également pour ce qu’ils sont- et redoutent donc l’avis de l’inspecteur. Le fait même que pour beaucoup l’avancement dans la carrière dépende des résultats de cette évaluation renforce considérablement cette vision normative, limitée et déresponsabilisante de l’inspection.

Aussi, il convient, y compris à la lumière de ce qui peut également se faire dans d’autres pays, d’interroger la fonction de l’inspection.

Tout d’abord un impératif semble s’imposer : l’inspection doit être dissociée des procédures de promotion. En effet tant que l’évaluation sera liée à l’avancement dans la carrière, elle sera perçue comme un instrument de contrôle hiérarchique et donc vécue négativement.

Or, c’est en faisant appel à d’autres dimensions évaluatrices, que l’inspection revêt pleinement son caractère d’utilité et d’efficacité indispensable.

Ainsi, elle peut être un formidable levier pour faire évoluer le système. Pour jouer pleinement son rôle de vecteur de transformation, il lui faut davantage accompagner les personnels. Plusieurs pistes pour cela :

– celle d’une évaluation informatrice qui fait de « l’inspectant » une personne ressource capable d’apporter des éléments clairs de compréhension des évolutions, des réformes et de leurs enjeux afin qu’elles soient davantage vécues comme des défis à relever que comme des menaces dont il faudrait se protéger ;

– celle d’une évaluation collective qui inscrit le travail de chacun dans un projet d’école, d’établissement, de service et qui permet de mettre en évidence les forces sur lesquelles s’appuyer et les faiblesses qu’il faut chercher à résorber ;

– celle d’une évaluation formatrice qui permet de transformer les manques en besoins et de trouver les apports nécessaires pour faire évoluer l’ensemble d’une équipe ;

– celle d’une évaluation favorisant l’auto-évaluation qui rend chacun responsable du regard qu’il porte sur le fonctionnement collectif et l’investit de sa part de responsabilité ;

– celle d’une évaluation transparente qui élabore des critères clairs et connus de tous et dont les résultats peuvent être rendus publics auprès de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative ;

– celle d’une évaluation permanente qui s’inscrit dans la démarche quotidienne avec des temps de formalisation, de bilan et de perspectives et non un moment couperet, un regard instantané sur un temps qui semble figé ;
– celle d’une évaluation qui mutualise les bonnes pratiques, les idées glanées au fil des visites et des suivis (« #vueneinspection » sur les réseaux sociaux par exemple) et qui valorise ce qui marche ;

– celle d’une évaluation positive, bienveillante et respectueuse qui met en évidence les progrès, s’attache à la réussite des objectifs de la mission éducative confiée et ne porte que sur des démarches professionnelles.

Ces quelques directions indiquent comment l’inspection peut jouer son rôle de vecteur d’évolution pour notre système éducatif. Cela passe forcément par une réaffirmation du rôle des inspecteurs dans l’accompagnement des personnels, comme dans la prise en compte de la dimension collective et du travail en équipe au niveau d’une école, d’un réseau du socle commun (collège et écoles), d’un établissement ou d’un territoire.

Des conditions indispensables pour que le jour d’inspection soit vécu par toutes et tous comme un temps utile et positif.

 

Denis ADAM, le 4 novembre 2015

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Quelles qu’en soient les circonstances, il y a toujours une appréhension, une légère angoisse, voire une peur panique…lorsqu’arrive le jour de l’inspection. Cette crainte, généralement injustifiée, est essentiellement liée à la manière dont est considérée l’évaluation.

Habitués dans de nombreux actes du quotidien à délivrer et à recevoir des bons et des mauvais points, des bonnes et des mauvaises notes, des « plus » et des « mois », les « inspectés » se considèrent jugés –non seulement dans ce qu’ils font, mais également pour ce qu’ils sont- et redoutent donc l’avis de l’inspecteur. Le fait même que pour beaucoup l’avancement dans la carrière dépende des résultats de cette évaluation renforce considérablement cette vision normative, limitée et déresponsabilisante de l’inspection.

Aussi, il convient, y compris à la lumière de ce qui peut également se faire dans d’autres pays, d’interroger la fonction de l’inspection.

Tout d’abord un impératif semble s’imposer : l’inspection doit être dissociée des procédures de promotion. En effet tant que l’évaluation sera liée à l’avancement dans la carrière, elle sera perçue comme un instrument de contrôle hiérarchique et donc vécue négativement.

Or, c’est en faisant appel à d’autres dimensions évaluatrices, que l’inspection revêt pleinement son caractère d’utilité et d’efficacité indispensable.

Ainsi, elle peut être un formidable levier pour faire évoluer le système. Pour jouer pleinement son rôle de vecteur de transformation, il lui faut davantage accompagner les personnels. Plusieurs pistes pour cela :

– celle d’une évaluation informatrice qui fait de « l’inspectant » une personne ressource capable d’apporter des éléments clairs de compréhension des évolutions, des réformes et de leurs enjeux afin qu’elles soient davantage vécues comme des défis à relever que comme des menaces dont il faudrait se protéger ;

– celle d’une évaluation collective qui inscrit le travail de chacun dans un projet d’école, d’établissement, de service et qui permet de mettre en évidence les forces sur lesquelles s’appuyer et les faiblesses qu’il faut chercher à résorber ;

– celle d’une évaluation formatrice qui permet de transformer les manques en besoins et de trouver les apports nécessaires pour faire évoluer l’ensemble d’une équipe ;

– celle d’une évaluation favorisant l’auto-évaluation qui rend chacun responsable du regard qu’il porte sur le fonctionnement collectif et l’investit de sa part de responsabilité ;

– celle d’une évaluation transparente qui élabore des critères clairs et connus de tous et dont les résultats peuvent être rendus publics auprès de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative ;

– celle d’une évaluation permanente qui s’inscrit dans la démarche quotidienne avec des temps de formalisation, de bilan et de perspectives et non un moment couperet, un regard instantané sur un temps qui semble figé ;
– celle d’une évaluation qui mutualise les bonnes pratiques, les idées glanées au fil des visites et des suivis (« #vueneinspection » sur les réseaux sociaux par exemple) et qui valorise ce qui marche ;

– celle d’une évaluation positive, bienveillante et respectueuse qui met en évidence les progrès, s’attache à la réussite des objectifs de la mission éducative confiée et ne porte que sur des démarches professionnelles.

Ces quelques directions indiquent comment l’inspection peut jouer son rôle de vecteur d’évolution pour notre système éducatif. Cela passe forcément par une réaffirmation du rôle des inspecteurs dans l’accompagnement des personnels, comme dans la prise en compte de la dimension collective et du travail en équipe au niveau d’une école, d’un réseau du socle commun (collège et écoles), d’un établissement ou d’un territoire.

Des conditions indispensables pour que le jour d’inspection soit vécu par toutes et tous comme un temps utile et positif.

 

Denis ADAM, le 4 novembre 2015