Investir dans les enseignants, une intervention remarquée

Cette année, l’UNESCO célèbre la 20è Journée Mondiale des Enseignants en proposant, à de nombreux acteurs français et étrangers, de débattre autour du thème Investir dans les enseignants. L’UNSA Éducation est intervenue lors de la table ronde portant sur les innovations pédagogiques dans l’enseignement. Intervention qui a fortement interpellé le représentant du MEN François Muller de la DGESCO et le rapporteur Philippe Meirieu puisqu’ils en ont repris les grandes lignes dans leurs conclusions. Philippe Meirieu a, en outre, saisi ce temps pour intervenir sur les conditions de mise en oeuvre du couple Égalité des chances et Éducation pour tous. Il a par ailleurs incité les syndicats à se prononcer sur les critères qui permettraient de définir la qualité de l’enseignement.


Au nom de l’UNSA Éducation, Joël Olive(1) a témoigné de son expérience de chef d’établissement mais surtout apporté un éclairage sur les solutions à mettre en oeuvre pour que cet enjeu de l’innovation puisse se traduire en actes au sein de nos établissements scolaires.

Joël Olive rappelle qu’en 30 ans d’expérience de chef d’établissement, il été frappé par le très grand nombre d’initiatives que les collègues étaient capables, individuellement, de mettre en œuvre. Il signale cependant, qu’il en va de ces initiatives comme des étoiles filantes dans un ciel d’été, elles disparaissent très vite.

Concrètement, il dénonce le fait que notre système éducatif français n’est pas outillé dans ses méthodes pédagogiques ni pour faire face à la diversité des situations des élèves, ni pour réaliser les objectifs de la mixité scolaire et sociale. Et d’ajouter que tout un chacun reste écartelé entre la mise en place d’initiatives locales et celles à visée nationale car, si localement, elles s’adaptent bien aux difficultés observées in situ, elles ne sont pas soutenues financièrement. À l’inverse, les initiatives à portée nationale sont tellement plaquées qu’elles ne répondent que de loin aux problèmes à régler.

En parallèle, si le volontariat de l’innovation facilite leur mise en oeuvre, lorsqu’elles atteignent une portée nationale, leur mise en place se fait, le plus souvent, par l’injonction. Ainsi elles renforcent toutes les formes de résistances au changement qu’elles viennent des enseignants ou des parents. La refondation de l’école et les rythmes scolaires en sont une triste illustration.

Enfin, Joël Olive insiste sur le fait que, dans son ensemble, le système y gagnerait à jouer intégralement la logique de la décentralisation. Plus précisément, si le système adoptait la proposition de la résolution de l’UNSA Education adoptée au congrès d’Angers(2) qui préconise de créer une « dotation d’autonomie« , cela permettrait de soutenir et de pérenniser les initiatives adaptées aux besoins locaux.

Dans sa conclusion, Philippe Meirieu rappelle qu’innovation pédagogique n’est pas toujours synonyme d’un progrès. Ainsi, il suggère d’adopter, en dehors de la transmission des savoirs, des formes d’exigences réflexives.

Il souligne qu’il est urgent de sortir du modèle expérimental parce qu’une fois généralisé, il introduit une rupture. En passant du volontariat à l’autoritarisme, il génère des rejets. Pour changer de paradigme, il s’avère nécessaire d’instaurer une « logique de réseaux » en intra communauté éducative qui favorise une « co-construction« . Penser et organiser cette logique de réseaux n’est pas anecdotique. À l’inverse, elle est porteuse d’un regard au plus près des besoins et apparaît comme vecteur d’Égalité des chances. C’est cette notion qui va encourager et généraliser le droit à l’Éducation pour Tous.

Il rappelle enfin que, politiquement, les priorités qui ont été prises et les mandats politiques des différents gouvernements même s’ils ont toujours été très précis quant aux objectifs globaux et aux priorités à atteindre pour l’éducation sont restés, sur le terrain des actions, « langue de bois ».

Enfin, il invite vivement les syndicats d’éducateurs du monde à se prononcer sur les critères de définition de la Qualité de l’enseignement.

Le mot de la fin, pour la France, pourrait être qu’il devient urgent de faire vivre cette Égalité des chances en continuant d’investir sur les enseignants et en permettant que les initiatives locales soient reconnues grâce à un financement distinct et pérenne au lieu de maintenir un financement des curricula qui favorise cette indicible concurrence entre établissements et cet élitisme érigé en objectif non-dit car, ensemble, ces pratiques tirent l’Éducation Pour Tous, vers le bas.

(1) Joël Olive -SG adjoint du SNPDEN-Unsa

(2) 80 % de la dotation irait au financement des programmes nationaux et 20 % de la dotation irait au financement des actions ad-hoc

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Cette année, l’UNESCO célèbre la 20è Journée Mondiale des Enseignants en proposant, à de nombreux acteurs français et étrangers, de débattre autour du thème Investir dans les enseignants. L’UNSA Éducation est intervenue lors de la table ronde portant sur les innovations pédagogiques dans l’enseignement. Intervention qui a fortement interpellé le représentant du MEN François Muller de la DGESCO et le rapporteur Philippe Meirieu puisqu’ils en ont repris les grandes lignes dans leurs conclusions. Philippe Meirieu a, en outre, saisi ce temps pour intervenir sur les conditions de mise en oeuvre du couple Égalité des chances et Éducation pour tous. Il a par ailleurs incité les syndicats à se prononcer sur les critères qui permettraient de définir la qualité de l’enseignement.


Au nom de l’UNSA Éducation, Joël Olive(1) a témoigné de son expérience de chef d’établissement mais surtout apporté un éclairage sur les solutions à mettre en oeuvre pour que cet enjeu de l’innovation puisse se traduire en actes au sein de nos établissements scolaires.

Joël Olive rappelle qu’en 30 ans d’expérience de chef d’établissement, il été frappé par le très grand nombre d’initiatives que les collègues étaient capables, individuellement, de mettre en œuvre. Il signale cependant, qu’il en va de ces initiatives comme des étoiles filantes dans un ciel d’été, elles disparaissent très vite.

Concrètement, il dénonce le fait que notre système éducatif français n’est pas outillé dans ses méthodes pédagogiques ni pour faire face à la diversité des situations des élèves, ni pour réaliser les objectifs de la mixité scolaire et sociale. Et d’ajouter que tout un chacun reste écartelé entre la mise en place d’initiatives locales et celles à visée nationale car, si localement, elles s’adaptent bien aux difficultés observées in situ, elles ne sont pas soutenues financièrement. À l’inverse, les initiatives à portée nationale sont tellement plaquées qu’elles ne répondent que de loin aux problèmes à régler.

En parallèle, si le volontariat de l’innovation facilite leur mise en oeuvre, lorsqu’elles atteignent une portée nationale, leur mise en place se fait, le plus souvent, par l’injonction. Ainsi elles renforcent toutes les formes de résistances au changement qu’elles viennent des enseignants ou des parents. La refondation de l’école et les rythmes scolaires en sont une triste illustration.

Enfin, Joël Olive insiste sur le fait que, dans son ensemble, le système y gagnerait à jouer intégralement la logique de la décentralisation. Plus précisément, si le système adoptait la proposition de la résolution de l’UNSA Education adoptée au congrès d’Angers(2) qui préconise de créer une « dotation d’autonomie« , cela permettrait de soutenir et de pérenniser les initiatives adaptées aux besoins locaux.

Dans sa conclusion, Philippe Meirieu rappelle qu’innovation pédagogique n’est pas toujours synonyme d’un progrès. Ainsi, il suggère d’adopter, en dehors de la transmission des savoirs, des formes d’exigences réflexives.

Il souligne qu’il est urgent de sortir du modèle expérimental parce qu’une fois généralisé, il introduit une rupture. En passant du volontariat à l’autoritarisme, il génère des rejets. Pour changer de paradigme, il s’avère nécessaire d’instaurer une « logique de réseaux » en intra communauté éducative qui favorise une « co-construction« . Penser et organiser cette logique de réseaux n’est pas anecdotique. À l’inverse, elle est porteuse d’un regard au plus près des besoins et apparaît comme vecteur d’Égalité des chances. C’est cette notion qui va encourager et généraliser le droit à l’Éducation pour Tous.

Il rappelle enfin que, politiquement, les priorités qui ont été prises et les mandats politiques des différents gouvernements même s’ils ont toujours été très précis quant aux objectifs globaux et aux priorités à atteindre pour l’éducation sont restés, sur le terrain des actions, « langue de bois ».

Enfin, il invite vivement les syndicats d’éducateurs du monde à se prononcer sur les critères de définition de la Qualité de l’enseignement.

Le mot de la fin, pour la France, pourrait être qu’il devient urgent de faire vivre cette Égalité des chances en continuant d’investir sur les enseignants et en permettant que les initiatives locales soient reconnues grâce à un financement distinct et pérenne au lieu de maintenir un financement des curricula qui favorise cette indicible concurrence entre établissements et cet élitisme érigé en objectif non-dit car, ensemble, ces pratiques tirent l’Éducation Pour Tous, vers le bas.

(1) Joël Olive -SG adjoint du SNPDEN-Unsa

(2) 80 % de la dotation irait au financement des programmes nationaux et 20 % de la dotation irait au financement des actions ad-hoc