Indispensables politiques publiques

À l'heure où la présentation de la «modernisation de l'administration publique» (MAP) ressemble à celle initialement faite pour la «revue générale des politiques publiques» (RGPP), il n'est pas inutile de formuler quelques rappels élémentaires.

À l’heure où la présentation de la «modernisation de l’administration publique» (MAP) ressemble à celle initialement faite pour la «revue générale des politiques publiques» (RGPP), il n’est pas inutile de formuler quelques rappels élémentaires.

Dans une interview à la revue Acteurs publics¹, le secrétaire d’État à la modernisation de l’État, Thierry Mandon, a indiqué que la MAP (modernisation de l’action publique) passerait par une «vraie revue des missions» pour la distinguer de la RGPP… mais la «revue (parfois: révision) générale des politiques publiques» affichait elle-même cette ambition avant de se réduire à la pratique du rabot comptable.

Que les pouvoirs publics s’interrogent sur la meilleure manière d’utiliser l’argent public n’est pas scandaleux: le principe était déjà posé dans l’article 14 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789². Mais, selon une formule qu’on devrait plus souvent se rappeler en haut lieu : le service public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Oui aux simplifications, oui à l’administration numérique (nous apprécions l’une et l’autre comme usagers du service public), mais les politiques publiques, pour être solidaires, ne peuvent se limiter à l’assistance.

Quant à l’État-régulateur, il doit être effectivement au service des citoyens sur tout le territoire… avec les moyens d’assurer effectivement la régulation. On aurait tort d’oublier la célèbre formule de Lacordaire: «Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchi.

Mais qu’est-ce que la loi sans les moyens de l’appliquer?

Le choix des politiques publiques, de la cohérence entre le niveau affiché et les outils (juridiques, financiers, en personnel) qui lui correspondent, doit être un choix clairement assumé dont le maître mot est cohérence. Du décalage entre le discours et les actes, les textes officiels et leur application concrète naît ce clivage entre les élites qui dirigent et la population qui désespère en subissant. Cette césure nourrit les simplismes, les paroles de rancœur, les discours d’exclusion. Ne l’oublions pas!


¹ Entretien vidéo du 28 août 2014 à Acteurs publics: http://bit.ly/YnlTgq.

² «Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.»

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À l’heure où la présentation de la «modernisation de l’administration publique» (MAP) ressemble à celle initialement faite pour la «revue générale des politiques publiques» (RGPP), il n’est pas inutile de formuler quelques rappels élémentaires.

Dans une interview à la revue Acteurs publics¹, le secrétaire d’État à la modernisation de l’État, Thierry Mandon, a indiqué que la MAP (modernisation de l’action publique) passerait par une «vraie revue des missions» pour la distinguer de la RGPP… mais la «revue (parfois: révision) générale des politiques publiques» affichait elle-même cette ambition avant de se réduire à la pratique du rabot comptable.

Que les pouvoirs publics s’interrogent sur la meilleure manière d’utiliser l’argent public n’est pas scandaleux: le principe était déjà posé dans l’article 14 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789². Mais, selon une formule qu’on devrait plus souvent se rappeler en haut lieu : le service public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Oui aux simplifications, oui à l’administration numérique (nous apprécions l’une et l’autre comme usagers du service public), mais les politiques publiques, pour être solidaires, ne peuvent se limiter à l’assistance.

Quant à l’État-régulateur, il doit être effectivement au service des citoyens sur tout le territoire… avec les moyens d’assurer effectivement la régulation. On aurait tort d’oublier la célèbre formule de Lacordaire: «Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchi.

Mais qu’est-ce que la loi sans les moyens de l’appliquer?

Le choix des politiques publiques, de la cohérence entre le niveau affiché et les outils (juridiques, financiers, en personnel) qui lui correspondent, doit être un choix clairement assumé dont le maître mot est cohérence. Du décalage entre le discours et les actes, les textes officiels et leur application concrète naît ce clivage entre les élites qui dirigent et la population qui désespère en subissant. Cette césure nourrit les simplismes, les paroles de rancœur, les discours d’exclusion. Ne l’oublions pas!


¹ Entretien vidéo du 28 août 2014 à Acteurs publics: http://bit.ly/YnlTgq.

² «Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.»