Ils ont eu cette idée folle, un jour d’éviter l’école *

Ils ou elles ne vont pas à l’école. Parmi eux, certains n’y sont jamais allés. Choix familial d’un autre type d’éducation que la loi autorise et encadre. D’autres, ont quitté un jour leur établissement scolaire pour ne plus y revenir, on les appelle les décrocheurs. Les deux catégories n’ont rien à voir. Un regard rapide pourrait même les considérer comme opposées. Pour autant, à leur manière et différemment, elles disent quelque chose des difficultés de notre système éducatif actuel.

Ils ou elles ne vont pas à l’école.
Parmi eux, certains n’y sont jamais allés. Choix familial d’un autre type d’éducation que la loi autorise et encadre.
D’autres, ont quitté un jour leur établissement scolaire pour ne plus y revenir, on les appelle les décrocheurs.
Les deux catégories n’ont rien à voir. Un regard rapide pourrait même les considérer comme opposées.
Pour autant, à leur manière et différemment, elles disent quelque chose des difficultés de notre système éducatif actuel.

Les deux nombres sont en constante augmentation.

D’un côté environ 40 000 enfants bénéficient d’une « instruction en famille ». Il s’agit en général de parents militants, qui en dehors de projets de vie très spécifiques, font le choix de ne pas mettre leurs enfants à l’école mais de leur donner, avec ou sans l’aide du CNED, l’instruction qui, elle, est obligatoire en France depuis 1882.
Les principales motivations sont à chercher dans la volonté de faire échapper les enfants à la pression du système scolaire. Meilleur rythme, pas de mise en concurrence ou en compétition, temps plus long pour apprendre et comprendre, autonomie dans les apprentissages, sont les raisons les plus évoquées.
On comprend alors qu’elles sont le fait essentiel –pour ne pas dire exclusif- de familles proches des savoirs constitués, qui ont du temps disponible pour accompagner les études de leurs enfants et peuvent leur offrir un environnement propice aux apprentissages.

De l’autre côté, selon une étude de l’INSEE de 2013, ce sont pratiquement 200 000 jeunes qui « décrochent » au cours de leur scolarité, quittant l’école sans aucun diplôme pour une majorité d’entre eux ou juste avec le DNB (brevet des collèges). Ils sont pour l’essentiel des enfants de familles de milieu populaire (près de la moitié ont un père ouvrier, alors que si l’on considère l’ensemble des non-décrocheurs, moins d’un tiers a un père ouvrier. Les décrocheurs originaires de milieux plus favorisés sont rares : 5 % du total ont des parents cadres supérieurs, contre 18 % parmi les non-décrocheurs.) C’est au collège que les deux tiers des décrocheurs rencontrent leurs difficultés scolaires, près de la moitié y sont en grande difficulté.
Parmi les raisons qui accompagnent le fait de décrocher, on trouve les difficultés de santé, le divorce des parents ou les difficultés familiales. Scolairement plus d’un tiers d’entre eux n’ont pas obtenu, en classe de première, l’orientation souhaitée.

Que disent ces deux catégories d’enfants et de jeunes qui ne vont pas ou plus à l’école ?
Que « l’accrochage scolaire » est assez difficile.

Se sentir bien à l’École dépend d’un grand nombre de critères, mais chacun constate que la pression y est importante, touchant tous les élèves, y compris ceux qui réussissent. Les enquêtes internationales montrent combien les élèves français sont stressés, inquiets de mal faire, de ne pas savoir, de se tromper.
Trop forte, cette pression fait penser à certains qu’il y aurait davantage de souplesse et de bien-être à s’instruire à son domicile.
Trop forte, cette pression conduit à l’échec systématique qui mène, certains jeunes en difficulté, un jour à prendre la porte de l’Ecole pour ne pas y revenir.

Pour autant, la construction du savoir se fait essentiellement par l’échange, la confrontation, le travail collectif. Les erreurs ne sont pas des échecs, mais elles peuvent être des leviers pour mieux comprendre pourquoi et comment l’on s’est trompé, apprendre à corriger, s’approprier des démarches de découverte et de recherche.
S’il ne le fait pas ailleurs dans le cadre d’autres activités (culturelles, socioculturelles, sportives…) l’enfant qui ne fréquente pas l’école risque d’être privé de construction collective.
S’il n’est pas reconnu comme un apprenant à part entière qui apporte et progresse, le jeune qui décroche se retrouve sans qualification et seul.

Avoir cette idée folle d’éviter l’école, c’est penser, pour une raison ou une autre, qu’on n’y a pas, ou plus, sa place.

Il y a certes là des décisions personnelles.

Mais, il est indispensable de rappeler les obligations d’éducation et d’accompagner les familles qui choisissent l’instruction à domicile.
Il est encore plus essentiel d’agir au plus vite en aidant et accompagnant les élèves en grande difficulté avant même qu’ils soient en situation de décrochage.

Face aux critiques ainsi portées contre l’institution scolaire, il est aussi nécessaire de se poser cette question : n’est-il pas urgent maintenant d’avoir cette idée folle de réinventer l’école ? Et de passer des bonnes intentions aux actes ? Nous sommes tous concernés.


Denis ADAM, le 20 janvier 2016
 

Oui, j’ai eu cette idée folle. Un jour d’éviter l’école » parole empruntée à Aldebert dans sa chanson « Pour louper l’école ».

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Ils ou elles ne vont pas à l’école.
Parmi eux, certains n’y sont jamais allés. Choix familial d’un autre type d’éducation que la loi autorise et encadre.
D’autres, ont quitté un jour leur établissement scolaire pour ne plus y revenir, on les appelle les décrocheurs.
Les deux catégories n’ont rien à voir. Un regard rapide pourrait même les considérer comme opposées.
Pour autant, à leur manière et différemment, elles disent quelque chose des difficultés de notre système éducatif actuel.

Les deux nombres sont en constante augmentation.

D’un côté environ 40 000 enfants bénéficient d’une « instruction en famille ». Il s’agit en général de parents militants, qui en dehors de projets de vie très spécifiques, font le choix de ne pas mettre leurs enfants à l’école mais de leur donner, avec ou sans l’aide du CNED, l’instruction qui, elle, est obligatoire en France depuis 1882.
Les principales motivations sont à chercher dans la volonté de faire échapper les enfants à la pression du système scolaire. Meilleur rythme, pas de mise en concurrence ou en compétition, temps plus long pour apprendre et comprendre, autonomie dans les apprentissages, sont les raisons les plus évoquées.
On comprend alors qu’elles sont le fait essentiel –pour ne pas dire exclusif- de familles proches des savoirs constitués, qui ont du temps disponible pour accompagner les études de leurs enfants et peuvent leur offrir un environnement propice aux apprentissages.

De l’autre côté, selon une étude de l’INSEE de 2013, ce sont pratiquement 200 000 jeunes qui « décrochent » au cours de leur scolarité, quittant l’école sans aucun diplôme pour une majorité d’entre eux ou juste avec le DNB (brevet des collèges). Ils sont pour l’essentiel des enfants de familles de milieu populaire (près de la moitié ont un père ouvrier, alors que si l’on considère l’ensemble des non-décrocheurs, moins d’un tiers a un père ouvrier. Les décrocheurs originaires de milieux plus favorisés sont rares : 5 % du total ont des parents cadres supérieurs, contre 18 % parmi les non-décrocheurs.) C’est au collège que les deux tiers des décrocheurs rencontrent leurs difficultés scolaires, près de la moitié y sont en grande difficulté.
Parmi les raisons qui accompagnent le fait de décrocher, on trouve les difficultés de santé, le divorce des parents ou les difficultés familiales. Scolairement plus d’un tiers d’entre eux n’ont pas obtenu, en classe de première, l’orientation souhaitée.

Que disent ces deux catégories d’enfants et de jeunes qui ne vont pas ou plus à l’école ?
Que « l’accrochage scolaire » est assez difficile.

Se sentir bien à l’École dépend d’un grand nombre de critères, mais chacun constate que la pression y est importante, touchant tous les élèves, y compris ceux qui réussissent. Les enquêtes internationales montrent combien les élèves français sont stressés, inquiets de mal faire, de ne pas savoir, de se tromper.
Trop forte, cette pression fait penser à certains qu’il y aurait davantage de souplesse et de bien-être à s’instruire à son domicile.
Trop forte, cette pression conduit à l’échec systématique qui mène, certains jeunes en difficulté, un jour à prendre la porte de l’Ecole pour ne pas y revenir.

Pour autant, la construction du savoir se fait essentiellement par l’échange, la confrontation, le travail collectif. Les erreurs ne sont pas des échecs, mais elles peuvent être des leviers pour mieux comprendre pourquoi et comment l’on s’est trompé, apprendre à corriger, s’approprier des démarches de découverte et de recherche.
S’il ne le fait pas ailleurs dans le cadre d’autres activités (culturelles, socioculturelles, sportives…) l’enfant qui ne fréquente pas l’école risque d’être privé de construction collective.
S’il n’est pas reconnu comme un apprenant à part entière qui apporte et progresse, le jeune qui décroche se retrouve sans qualification et seul.

Avoir cette idée folle d’éviter l’école, c’est penser, pour une raison ou une autre, qu’on n’y a pas, ou plus, sa place.

Il y a certes là des décisions personnelles.

Mais, il est indispensable de rappeler les obligations d’éducation et d’accompagner les familles qui choisissent l’instruction à domicile.
Il est encore plus essentiel d’agir au plus vite en aidant et accompagnant les élèves en grande difficulté avant même qu’ils soient en situation de décrochage.

Face aux critiques ainsi portées contre l’institution scolaire, il est aussi nécessaire de se poser cette question : n’est-il pas urgent maintenant d’avoir cette idée folle de réinventer l’école ? Et de passer des bonnes intentions aux actes ? Nous sommes tous concernés.


Denis ADAM, le 20 janvier 2016
 

Oui, j’ai eu cette idée folle. Un jour d’éviter l’école » parole empruntée à Aldebert dans sa chanson « Pour louper l’école ».