Faire et refaire n’est pas (toujours) progresser

Il est des sophismes qui, bien qu’assénant une vérité toute relative, ont la vie dure. C’est le cas en éducation avec la formule suivante : L’apprentissage a besoin de temps, Or « la pédagogie est l’art de la répétition », Donc pour faire apprendre, il faut faire refaire autant de fois que nécessaire. Cette formule qui invite à la persévérance et pourrait se traduire par des injonctions du type « recommence encore, tu vas finir par y arriver », est susceptible de rebuter beaucoup d’apprenants.

Il est des sophismes qui, bien qu’assénant une vérité toute relative, ont la vie dure. C’est le cas en éducation avec la formule suivante :

L’apprentissage a besoin de temps,
Or « la pédagogie est l’art de la répétition »,
Donc pour faire apprendre, il faut faire refaire autant de fois que nécessaire.

Cette formule qui invite à la persévérance et pourrait se traduire par des injonctions du type « recommence encore, tu vas finir par y arriver », est susceptible de rebuter beaucoup d’apprenants. Pire, une telle approche conduit souvent à les enfermer dans leur échec, mettant –au fur à mesure des non-réussites davantage en évidence leurs incompétences (supposées).

Or apprendre, c’est comprendre. Et donc aussi être aidé à découvrir ce que l’on ne comprend pas et pourquoi.

J’aurai beau faire et refaire des additions, si je ne comprends pas le principe de la somme, si je ne sais ce qu’ajouter veut dire, je ne risque guère de savoir compter (même d’ailleurs si j’applique mécaniquement une bonne connaissance des tables d’addition), encore moins de résoudre des problèmes.

Ce qui est vrai en calcul, l’est pour toutes autres formes ou contenus d’apprentissage. Non qu’il ne faille posséder des automatismes et des savoirs « par cœur ». Mais parce qu’il est indispensable qu’ils soient acquis dans une compréhension de ce qu’ils sont, de ce à quoi ils servent.

La répétition pédagogique n’est donc pas un (éternel) recommencement. Elle est un subtil décalage. Une invitation à faire un pas de côté. Un accompagnement à changer de point de vue. Elle est un cheminement par étapes, plus ou moins nombreuses, plus ou moins différentes, selon les avancées et les progressions des apprenants.

Dans ce sens, effectivement, l’apprentissage est à la fois une question de temps et d’approches.
Et cela s’applique à toutes démarches d’apprentissages, donc aussi (et surtout –peut-être) à l’enseignement scolaire.
Pour des raisons souvent multiples relevant à la fois d’un modèle traditionnel dominant, de la pression sociale, des conditions d’enseignement… l’École sera parfois tombée dans cette facilité du refaire à l’identique. C’est le cas des séries d’exercices (tous pareils) parce que la classe n’a pas bien réussi les premiers. C’est bien entendu le cas –extrême du redoublement, qui condamne un élève à refaire, entièrement, le même contenu d’une année scolaire entière.

Or, les chiffres le montrent, dans la majorité des cas, redoubler un exercice, ou pire, une classe, ne sert à rien et ne permettent pas, au bout du compte, une meilleure réussite.

Est-ce à dire que tous les enfants mettent le même temps pour acquérir une notion ou une compétence nouvelles ? Bien sûr que non.
Est-ce à dire que tous les enfants peuvent acquérir en une année le programme d’une classe ? Peut-être pas. (Cela a certainement autant à voir avec les attendus du programme qu’avec les façons d’apprendre des enfants).
Mais cela justifie-t-il de tout recommencer depuis le début et en totalité ?

D’autres approches sont non seulement possibles, mais largement mises en œuvre.
Elles vont des classes de cycles à la pédagogie différenciée, en passant par le bon usage des enseignants supplémentaires, des décloisonnements, par les approches et les apports complémentaires des éducations formelles, non formelles et informelles.
Elles nécessitent la mobilisation de tous les acteurs éducatifs dont l’enfant lui-même et ses parents.

Il y a nécessité de faire connaître les résultats positifs et encourageants de ces approches afin de faire évoluer les regards et changer les mentalités.
Face à l’échec ou au retard (réels ou supposés), il n’y a pas la fatalité d’une seule alternative : doubler le travail scolaire par des cours (privés) complémentaires (pour les plus favorisés) ou redoubler la classe (pour les autres).
D’autres solutions existent. Il faut le dire et le redire sur tous les tons, sur tous les modes, pédagogie (art d’une répétition diversifiée et différenciée) oblige.

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Il est des sophismes qui, bien qu’assénant une vérité toute relative, ont la vie dure. C’est le cas en éducation avec la formule suivante :

L’apprentissage a besoin de temps,
Or « la pédagogie est l’art de la répétition »,
Donc pour faire apprendre, il faut faire refaire autant de fois que nécessaire.

Cette formule qui invite à la persévérance et pourrait se traduire par des injonctions du type « recommence encore, tu vas finir par y arriver », est susceptible de rebuter beaucoup d’apprenants. Pire, une telle approche conduit souvent à les enfermer dans leur échec, mettant –au fur à mesure des non-réussites davantage en évidence leurs incompétences (supposées).

Or apprendre, c’est comprendre. Et donc aussi être aidé à découvrir ce que l’on ne comprend pas et pourquoi.

J’aurai beau faire et refaire des additions, si je ne comprends pas le principe de la somme, si je ne sais ce qu’ajouter veut dire, je ne risque guère de savoir compter (même d’ailleurs si j’applique mécaniquement une bonne connaissance des tables d’addition), encore moins de résoudre des problèmes.

Ce qui est vrai en calcul, l’est pour toutes autres formes ou contenus d’apprentissage. Non qu’il ne faille posséder des automatismes et des savoirs « par cœur ». Mais parce qu’il est indispensable qu’ils soient acquis dans une compréhension de ce qu’ils sont, de ce à quoi ils servent.

La répétition pédagogique n’est donc pas un (éternel) recommencement. Elle est un subtil décalage. Une invitation à faire un pas de côté. Un accompagnement à changer de point de vue. Elle est un cheminement par étapes, plus ou moins nombreuses, plus ou moins différentes, selon les avancées et les progressions des apprenants.

Dans ce sens, effectivement, l’apprentissage est à la fois une question de temps et d’approches.
Et cela s’applique à toutes démarches d’apprentissages, donc aussi (et surtout –peut-être) à l’enseignement scolaire.
Pour des raisons souvent multiples relevant à la fois d’un modèle traditionnel dominant, de la pression sociale, des conditions d’enseignement… l’École sera parfois tombée dans cette facilité du refaire à l’identique. C’est le cas des séries d’exercices (tous pareils) parce que la classe n’a pas bien réussi les premiers. C’est bien entendu le cas –extrême du redoublement, qui condamne un élève à refaire, entièrement, le même contenu d’une année scolaire entière.

Or, les chiffres le montrent, dans la majorité des cas, redoubler un exercice, ou pire, une classe, ne sert à rien et ne permettent pas, au bout du compte, une meilleure réussite.

Est-ce à dire que tous les enfants mettent le même temps pour acquérir une notion ou une compétence nouvelles ? Bien sûr que non.
Est-ce à dire que tous les enfants peuvent acquérir en une année le programme d’une classe ? Peut-être pas. (Cela a certainement autant à voir avec les attendus du programme qu’avec les façons d’apprendre des enfants).
Mais cela justifie-t-il de tout recommencer depuis le début et en totalité ?

D’autres approches sont non seulement possibles, mais largement mises en œuvre.
Elles vont des classes de cycles à la pédagogie différenciée, en passant par le bon usage des enseignants supplémentaires, des décloisonnements, par les approches et les apports complémentaires des éducations formelles, non formelles et informelles.
Elles nécessitent la mobilisation de tous les acteurs éducatifs dont l’enfant lui-même et ses parents.

Il y a nécessité de faire connaître les résultats positifs et encourageants de ces approches afin de faire évoluer les regards et changer les mentalités.
Face à l’échec ou au retard (réels ou supposés), il n’y a pas la fatalité d’une seule alternative : doubler le travail scolaire par des cours (privés) complémentaires (pour les plus favorisés) ou redoubler la classe (pour les autres).
D’autres solutions existent. Il faut le dire et le redire sur tous les tons, sur tous les modes, pédagogie (art d’une répétition diversifiée et différenciée) oblige.