Fables scolaires

Des fondamentaux qu’il faudrait développer


On n’aura cessé de nous le rabâcher sur tous les tons durant toute la campagne électorale, certainement pour se convaincre que la pédagogie est l’art de la répétition, il y aurait une impérieuse nécessité à augmenter les horaires des enseignements fondamentaux, à savoir la lecture, l’écriture et le calcul. Etrange, lorsque l’on sait -ce qu’a rappelé Eurostat il y a peu- qu’une année scolaire à l’école primaire en France c’est 864 heures de cours contre 734 en moyenne en Europe. Que pour la lecture – écriture, l’école primaire française mobilise 1656 heures soit presque le double de la moyenne européenne qui est de 953 heures. Quant aux mathématiques, ils représentent 900 heures à l’école primaire, nettement plus que la moyenne européenne qui est de 670 heures.

On retrouve ce volume d’enseignement supérieur à la moyenne européenne également dans le second degré : 774 heures y sont consacrées au français contre 564 heures et 684 heures aux maths, par rapport à 484 heures.

On peut également étendre l’exercice aux sciences, pour constater que là encore la France est nettement au-dessus de la moyenne européenne avec 306 heures au primaire (contre 284) et 630 dans le second degré (contre 475).
Pourquoi, faudrait-il alors encore renforcer ces fondamentaux ?

Pour lutter contre l’échec scolaire ? Et s’il n’était pas dû à un simple manque de temps d’enseignement ? S’il fallait également repenser programmes, manière d’enseigner et prise en compte de l’enfant ? S’il fallait lui laissait le temps de l’apprentissage et de l’appropriation ? S’il fallait s’inspirer de l’épilogue du maître des Fables :

Bornons ici cette carrière :
Les longs ouvrages me font peur.
Loin d’épuiser une matière,
On n’en doit prendre que la fleur.
Il s’en va temps que je reprenne
Un peu de forces et d’haleine,
Pour fournir à d’autres projets.

Donner du temps pour que chaque enfant reprenne force et haleine et découvre l’essentiel, le cœur, le nectar de chaque enseignement ?


 

De nouvelles dérogations aux rythmes scolaires

L’une des premières décisions du nouveau ministre de l’Education nationale, en conformité avec les annonces de campagne d’Emmanuel Macron, est donc d’assouplir la réforme des rythmes scolaires. Il s’agit de permettre de revenir en arrière et d’ouvrir la possibilité de supprimer les mercredis matin de classe. Cette mesure vise à donner le choix. Ainsi donc, les discussions, qui avaient déjà beaucoup durées, vont recommencer, chacun avançant ses arguments, qui ne seront pas toujours prioritairement dans l’intérêt des enfants. Parents, enseignants, élus, associations vont tous plaidés pour leur solution qu’ils envisagent comme étant -de leur point de vue du moins- la meilleure.

Là encore peut-être aurait-il fallu entendre les conseils du fabuliste lorsqu’il propose dans « Le chat et le Renard » :


Le trop d’expédients peut gâter une affaire :
– On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
– N’en ayons qu’un, mais qu’il soit bon.

 


Des fables à lire…l’été

Nul doute que les élèves de CM2 sauront profiter des enseignements de ces fameuses Fables de Jean de La Fontaine qu’ils vont recevoir et pouvoir les lire cet été.

Etonnant, que l’Ecole fournisse un livre à découvrir justement lorsqu’il n’y a pas classe !* C’est-à-dire sans possibilité qu’un enseignant puisse aider et accompagner la compréhension de ces textes écrits pour des adultes, riches en philosophie et ancrés dans la connaissance de la société du XVIIème siècle.

Bien entendu, les vacances scolaires peuvent aussi être des temps éducatifs. Les enfants pourront partager leurs trouvailles et leurs interrogations avec leurs parents ou avec les animateurs des centres de vacances et de loisirs. Mais le lien ne pourra être fait avec les autres apprentissages scolaires, avec les autres matières… un rendez-vous d’éducation partagé manqué… peut-être parce que :

Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.

comme nous l’apprend la fable « le Bûcheron et Mercure ».


 

Denis ADAM, le 28 juin 2017

 

*Lire ce sujet également dans l’article de Béatrice Laurent « Lire des fables ? » sur le site de l’UNSA Education http://www.unsa-education.com/spip.php?article3033
 

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Des fondamentaux qu’il faudrait développer


On n’aura cessé de nous le rabâcher sur tous les tons durant toute la campagne électorale, certainement pour se convaincre que la pédagogie est l’art de la répétition, il y aurait une impérieuse nécessité à augmenter les horaires des enseignements fondamentaux, à savoir la lecture, l’écriture et le calcul. Etrange, lorsque l’on sait -ce qu’a rappelé Eurostat il y a peu- qu’une année scolaire à l’école primaire en France c’est 864 heures de cours contre 734 en moyenne en Europe. Que pour la lecture – écriture, l’école primaire française mobilise 1656 heures soit presque le double de la moyenne européenne qui est de 953 heures. Quant aux mathématiques, ils représentent 900 heures à l’école primaire, nettement plus que la moyenne européenne qui est de 670 heures.

On retrouve ce volume d’enseignement supérieur à la moyenne européenne également dans le second degré : 774 heures y sont consacrées au français contre 564 heures et 684 heures aux maths, par rapport à 484 heures.

On peut également étendre l’exercice aux sciences, pour constater que là encore la France est nettement au-dessus de la moyenne européenne avec 306 heures au primaire (contre 284) et 630 dans le second degré (contre 475).
Pourquoi, faudrait-il alors encore renforcer ces fondamentaux ?

Pour lutter contre l’échec scolaire ? Et s’il n’était pas dû à un simple manque de temps d’enseignement ? S’il fallait également repenser programmes, manière d’enseigner et prise en compte de l’enfant ? S’il fallait lui laissait le temps de l’apprentissage et de l’appropriation ? S’il fallait s’inspirer de l’épilogue du maître des Fables :

Bornons ici cette carrière :
Les longs ouvrages me font peur.
Loin d’épuiser une matière,
On n’en doit prendre que la fleur.
Il s’en va temps que je reprenne
Un peu de forces et d’haleine,
Pour fournir à d’autres projets.

Donner du temps pour que chaque enfant reprenne force et haleine et découvre l’essentiel, le cœur, le nectar de chaque enseignement ?


 

De nouvelles dérogations aux rythmes scolaires

L’une des premières décisions du nouveau ministre de l’Education nationale, en conformité avec les annonces de campagne d’Emmanuel Macron, est donc d’assouplir la réforme des rythmes scolaires. Il s’agit de permettre de revenir en arrière et d’ouvrir la possibilité de supprimer les mercredis matin de classe. Cette mesure vise à donner le choix. Ainsi donc, les discussions, qui avaient déjà beaucoup durées, vont recommencer, chacun avançant ses arguments, qui ne seront pas toujours prioritairement dans l’intérêt des enfants. Parents, enseignants, élus, associations vont tous plaidés pour leur solution qu’ils envisagent comme étant -de leur point de vue du moins- la meilleure.

Là encore peut-être aurait-il fallu entendre les conseils du fabuliste lorsqu’il propose dans « Le chat et le Renard » :


Le trop d’expédients peut gâter une affaire :
– On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
– N’en ayons qu’un, mais qu’il soit bon.

 


Des fables à lire…l’été

Nul doute que les élèves de CM2 sauront profiter des enseignements de ces fameuses Fables de Jean de La Fontaine qu’ils vont recevoir et pouvoir les lire cet été.

Etonnant, que l’Ecole fournisse un livre à découvrir justement lorsqu’il n’y a pas classe !* C’est-à-dire sans possibilité qu’un enseignant puisse aider et accompagner la compréhension de ces textes écrits pour des adultes, riches en philosophie et ancrés dans la connaissance de la société du XVIIème siècle.

Bien entendu, les vacances scolaires peuvent aussi être des temps éducatifs. Les enfants pourront partager leurs trouvailles et leurs interrogations avec leurs parents ou avec les animateurs des centres de vacances et de loisirs. Mais le lien ne pourra être fait avec les autres apprentissages scolaires, avec les autres matières… un rendez-vous d’éducation partagé manqué… peut-être parce que :

Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.

comme nous l’apprend la fable « le Bûcheron et Mercure ».


 

Denis ADAM, le 28 juin 2017

 

*Lire ce sujet également dans l’article de Béatrice Laurent « Lire des fables ? » sur le site de l’UNSA Education http://www.unsa-education.com/spip.php?article3033