Analyses et décryptages

Évolution de la mixité sociale des collèges : les écarts entre public et privé sous contrat se creusent

La DEPP a publié en juillet dernier une note d'information concernant l'évolution de la mixité sociale des collèges, souvent mise en corrélation avec les inégalités scolaires. Au niveau national, les écarts entre collège privés et publics s'accentuent.

En moyenne, les collèges publics accueillent plus 2,3 fois plus d’élèves issus de milieu défavorisés que les collèges privés sous contrat (42,6% contre 18,3%) ; les collèges privés sous contrat accueillent deux fois plus d’élèves issus de milieu très favorisés que les collèges publics (40,1% contre 19,5%).

Considérons les 10% des collèges du privé sous contrat et ceux du public où la ségrégation sociale est la plus marquée. Ces sont ceux ayant le moins d’élèves de milieu défavorisés. Dans ces établissements, ceux du public accueillent environ quatre fois plus d’élèves issus de milieux défavorisés que dans le privés sous contrat (23,8% d’élèves issus de milieu défavorisés dans ces collèges publics contre 5,7% dans ces collèges privés sous contrat).

Notons que seuls 10% des collèges du privé sous contrat accueillent des élèves issus de milieu défavorisé au même niveau moyen que dans le secteur public.

Hormis ce constat déjà inquiétant en lui même, il faut noter que la DEPP, à travers cette note, souligne que, depuis 2003, la ségrégation à tendance à se réduire aux seins des collèges publics alors qu’elle augmente lorsque l’on les compare au privé. La stabilité moyenne cache cette dégradation entre secteur public et privé.

La ségrégation est forte entre les collèges. Elle est manifeste, très marquée dans la plupart des territoires entre secteur public et privé et elle s’accentue. Il ne faut pas oublier malgré tout qu’elle est aussi présente au sein du secteur public. Les moyens supplémentaires alloués aux établissements classés en REP ou REP+ sont utiles pour essayer de pallier ces difficultés mais ils ne sont qu’une partie des actions à mener pour réduire les inégalités.

Ils ne pourront en effet jamais remplacer une meilleure mixité sociale. Mais celle-ci ne relève pas uniquement de la politique de l’éducation nationale. Des expérimentations ont d’ailleurs lieu en ce sens en modifiant la sectorisation et en la couplant à des transports adaptés, en rééquilibrant les taux de boursiers, en ouvrant des sections attractives dans les collèges défavorisés. Cette note d’information de la DEPP n’évalue pas ces expérimentations.

Sans une réforme de la politique de la ville concernant le logement et les transports, les tentatives louables de réformer les cartes scolaires pour plus de mixité auront des effets nécessairement limités. En effet, dans les collèges les plus défavorisés du public, les stratégies d’évitement des milieux les plus favorisés persisteront. Dans le privé, la sectorisation n’existe pas.

Pour l’UNSA Éducation, les collectivités territoriales doivent s’inscrire dans une politique volontariste de mixité sociale et scolaire. Un bon usage de la sectorisation scolaire, une réflexion accrue sur l’implantation des formations, en lien avec une politique de transport adapté au territoire et gratuite, la valorisation des projets d’écoles et d’établissements sont, pour l’UNSA Éducation, des pistes à suivre pour privilégier la mixité scolaire et sociale.

Le rôle d’impulsion et de régulation de l’État est essentiel pour corriger les déséquilibres entre territoires. Pour l’UNSA Éducation, des dispositions légales sont nécessaires pour réguler l’implantation et l’organisation des établissements d’enseignement privé. La situation actuelle les conduit à ne pas participer à l’effort de mixité scolaire et introduit une concurrence avec les écoles et les établissements publics. Nous revendiquons que tout financement public soit réservé au seul enseignement public. L’UNSA Éducation continue à exiger l’abrogation de l’article 1 de la Loi Carles qui contraint les municipalités à financer les frais de scolarité d’enfants résidant dans la commune, mais scolarisés dans des établissements privés extérieurs à la commune. Tant que l’État participera à leur financement, l’UNSA Éducation revendique qu’il soit conditionné au respect de cet effort de mixité.

Pour aller plus loin:

la note de la DEPP

Notre article sur l’expérimentation de Toulouse 

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