Évaluation et numérique

Évaluation et numérique font-ils bon ménage ? Quels liens ? Quelles limites ? Quelles questions ?

Tout d’abord une évidence, l’utilisation du numérique via des quiz ou QCM à correction automatique pour contrôler des connaissances, c’est pratique, rapide, efficace et cela évite le pensum des paquets de copies à corriger ! Mais, car il y a un “mais”, à la condition expresse que ce type d’évaluation soit cantonné exclusivement aux contrôles de connaissances, qu’il ne soit pas le seul utilisé et surtout qu’il ne prétende pas servir à autre chose !

En effet, certains sont tentés, non seulement de s’en contenter, mais de faire prendre à ces quiz/QCM traités automatiquement une autre dimension qu’ils ne peuvent avoir. Aussi intelligents et bien faits que soient les algorithmes, ils ne peuvent déduire de réponses à des quiz des compétences acquises ou non, ni quoi que ce soit en termes d’orientation des élèves ! C’est pourtant ce que prétendent les porteurs du projet “Cartographie des Savoirs” des éditions Magnard, un projet hélas soutenu par des fonds publics qui à partir de quiz cartographierait, par on ne sait quel miracle, les compétences des élèves ! Quand on sait qu’en plus aucune des équipes de recherche associées n’a de compétences en didactique ou en pédagogie cela fait vraiment frémir, allez visiter leur site vitrine, vous verrez par vous-mêmes l’ampleur des dégâts, mais hélas certains semblent séduits par le côté “scientifique” de la démarche.

Autre expérimentation nettement plus porteuse, celle menée par Ecaterina Pacurar enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de Strasbourg concernant l’utilisation d’un logiciel permettant à des élèves d’élémentaire de s’auto-positionner sur des compétences.
Muni de son devoir, chaque élève est invité après s’être identifié sur la plateforme à déplacer pour les compétences identifiées un curseur vers le haut quand il pense avoir réussi et vers le bas quand il pense n’avoir pas réussi. L’élève a de plus la possibilité pendant cette opération de revenir sur son travail s’il a pris conscience d’un manque ou d’une erreur avant de le rendre à l’enseignant.
Il s’agit de mettre en évidence le processus métacognitif en œuvre lors de l’autoévaluation et en parallèle d’évaluer si l’outil numérique expérimenté est adapté au développement de ce processus.
Conçu dans une approche ludo-éducative, avec une interface graphique interactive et conviviale, le logiciel donne la possibilité aux élèves de s’auto-positionner  » à chaud  » sur l’évaluation formative qu’ils viennent de réaliser.
L’expérimentation est en cours mais les premières observations, qui portent notamment sur le processus cognitif à l’œuvre lors de l’utilisation du logiciel, tendent à montrer une action positive sur l’estime de soi des élèves…
On s’intéresse ici à l’impact de l’interaction élève/machine au service d’une approche “méta” des apprentissages et non sur une automatisation opaque des résultats des élèves comme dans le projet de la “Cartographie des Savoirs”.

Enfin, il convient de s’interroger fortement sur la pertinence de notre système d’évaluation massivement individuel et sans document -ne parlons même pas de connexion- à l’heure du numérique. En effet les élèves et les étudiants mémorisent pour leurs contrôles et examens une foule d’informations qui ne servent… qu’à passer les examens ! Dans les conditions réelles d’étude, de recherche, de travail ce qui leur sera demandé ce sera pourtant bien de trouver l’information, la sélectionner, la synthétiser, la réutiliser et le tout en étant capable de travailler en équipe en coopérant et en mutualisant. Cela ne veut pas dire évidemment qu’il ne faille rien mémoriser mais que cet aspect, encore central dans nos examens classiques, est loin d’être ce qui est attendu prioritairement pour poursuivre des études supérieures et dans la vie professionnelle.

Crédit photo : Ophelia Noor cc

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Tout d’abord une évidence, l’utilisation du numérique via des quiz ou QCM à correction automatique pour contrôler des connaissances, c’est pratique, rapide, efficace et cela évite le pensum des paquets de copies à corriger ! Mais, car il y a un “mais”, à la condition expresse que ce type d’évaluation soit cantonné exclusivement aux contrôles de connaissances, qu’il ne soit pas le seul utilisé et surtout qu’il ne prétende pas servir à autre chose !

En effet, certains sont tentés, non seulement de s’en contenter, mais de faire prendre à ces quiz/QCM traités automatiquement une autre dimension qu’ils ne peuvent avoir. Aussi intelligents et bien faits que soient les algorithmes, ils ne peuvent déduire de réponses à des quiz des compétences acquises ou non, ni quoi que ce soit en termes d’orientation des élèves ! C’est pourtant ce que prétendent les porteurs du projet “Cartographie des Savoirs” des éditions Magnard, un projet hélas soutenu par des fonds publics qui à partir de quiz cartographierait, par on ne sait quel miracle, les compétences des élèves ! Quand on sait qu’en plus aucune des équipes de recherche associées n’a de compétences en didactique ou en pédagogie cela fait vraiment frémir, allez visiter leur site vitrine, vous verrez par vous-mêmes l’ampleur des dégâts, mais hélas certains semblent séduits par le côté “scientifique” de la démarche.

Autre expérimentation nettement plus porteuse, celle menée par Ecaterina Pacurar enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de Strasbourg concernant l’utilisation d’un logiciel permettant à des élèves d’élémentaire de s’auto-positionner sur des compétences.
Muni de son devoir, chaque élève est invité après s’être identifié sur la plateforme à déplacer pour les compétences identifiées un curseur vers le haut quand il pense avoir réussi et vers le bas quand il pense n’avoir pas réussi. L’élève a de plus la possibilité pendant cette opération de revenir sur son travail s’il a pris conscience d’un manque ou d’une erreur avant de le rendre à l’enseignant.
Il s’agit de mettre en évidence le processus métacognitif en œuvre lors de l’autoévaluation et en parallèle d’évaluer si l’outil numérique expérimenté est adapté au développement de ce processus.
Conçu dans une approche ludo-éducative, avec une interface graphique interactive et conviviale, le logiciel donne la possibilité aux élèves de s’auto-positionner  » à chaud  » sur l’évaluation formative qu’ils viennent de réaliser.
L’expérimentation est en cours mais les premières observations, qui portent notamment sur le processus cognitif à l’œuvre lors de l’utilisation du logiciel, tendent à montrer une action positive sur l’estime de soi des élèves…
On s’intéresse ici à l’impact de l’interaction élève/machine au service d’une approche “méta” des apprentissages et non sur une automatisation opaque des résultats des élèves comme dans le projet de la “Cartographie des Savoirs”.

Enfin, il convient de s’interroger fortement sur la pertinence de notre système d’évaluation massivement individuel et sans document -ne parlons même pas de connexion- à l’heure du numérique. En effet les élèves et les étudiants mémorisent pour leurs contrôles et examens une foule d’informations qui ne servent… qu’à passer les examens ! Dans les conditions réelles d’étude, de recherche, de travail ce qui leur sera demandé ce sera pourtant bien de trouver l’information, la sélectionner, la synthétiser, la réutiliser et le tout en étant capable de travailler en équipe en coopérant et en mutualisant. Cela ne veut pas dire évidemment qu’il ne faille rien mémoriser mais que cet aspect, encore central dans nos examens classiques, est loin d’être ce qui est attendu prioritairement pour poursuivre des études supérieures et dans la vie professionnelle.

Crédit photo : Ophelia Noor cc