Europe ou abîme
Les élections du 24 avril en Autriche viennent de confirmer la poussée nationaliste et xénophobe en Europe. La crise des institutions européennes est profonde et leur incapacité à donner des perspectives sociales et démocratiques y est pour beaucoup. Mais certains avaient bien préparé le terrain. L’Union Européenne, bien au-delà de l’extrême droite, est, en effet, devenue depuis 20 ans le bouc émissaire préféré de beaucoup de femmes et d‘hommes politiques. Le risque de « Brexit » n’en est qu’une illustration de plus.
Crise sociale, crise démocratique, crise d’identité, s’accumulent et les populistes jouent sur du velours leur triste partition. Nous constatons l’effacement progressif de l’utopie initiale de la construction européenne : née d’une volonté d’en finir avec les guerres, elle fut ensuite dopée par le pacte économique commun qui a accompagné les trente glorieuses, puis enfin relancée par le goût de la liberté lors de la chute du mur de Berlin. Ce projet, cette espérance même, est désormais dans une situation de telle fragilité, que si rien n’est fait, c’est l’abîme qui nous attend.
Réagir est vital. C’est d’abord la responsabilité des partis démocratiques qui doivent, lorsqu’ils ne l’ignorent pas, cesser leur « Europe-bashing ». C’est la responsabilité des forces démocratiques qui ont à renouer avec un discours antinationaliste et pro-européen. C’est la responsabilité des organisations syndicales qui, avec la CES, doivent affirmer que l’Europe n’est pas le problème mais la solution. C’est la responsabilité des citoyens de tous les pays que de tourner le dos à la sinistrose, à l’auto-dénigrement et de retrouver le goût des autres peuples. L’Europe sociale, démocratique, humaniste, reste pour l’UNSA Éducation non seulement une référence mais aussi une ambition.
Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation