Enseignement agricole : annonces dans le projet de loi de finance 2020
Le projet de loi de finances annonce que l’année 2020 sera « marquée par la mise en œuvre du plan ‘Enseigner à produire autrement’ axé, pour l’essentiel, sur les transitions et l’agro-écologie » et étendu à la transformation et aux services. Il comporte « un important volet de formation continue des personnels ». Pour l’Educ Mag, nous avons récolté l’avis de notre syndicat de l’enseignement agricole (SEA ) sur ce fameux plan et les conditions de sa mise en œuvre car il est moins simple qu’il n’y paraît d’enseigner à produire autrement….
Transition écologique, développement durable, urgence climatique,
protection de l’environnement : autant d’expressions à la une de notre quotidien.
Nous, acteurs du monde éducatif, comment nous emparons-nous de ces questions cruciales ?
Le secteur agricole est particulièrement impacté car il doit répondre à des objectifs parfois contradictoires : améliorer la qualité de l’alimentation, diminuer l’impact climatique de l’agriculture et protéger la planète. Cette transition dans la manière de cultiver la terre, d’en tirer un revenu suffisant et de pouvoir nourrir le pays de manière qualitative et sécurisée est une problématique au cœur de la formation des nouvelles générations d’agriculteurs.
L’ enjeu de l’agro-écologie
La transition écologique est portée parune demande sociale. Elle est incarnéepar les jeunes générations, et une partiede la société, la plus éduquée et sans problèmes économiques majeurs. Lemonde politique a bien du mal a s’en saisir, tiraillé entre les modèles industriels, financiers et économiques dominants, et les enjeux environnementaux.
Une agriculture à plusieurs vitesses
Du point de vue du consommateur aisé, l’impression est au changement irréver-sible : circuits courts, produits locaux, paniers Amap, alimentation bio, régimes alimentaires modifiés avec réduction de laconsommation de viande. Bien sûr tout ceci existe, se développe , est rendu possible par des producteurs engagés et c’est tant mieux. Mais ce n’est qu’une petite fenêtre de la réalité. La productionagricole en France repose sur une industrie méconnue du public, un modèle économique dominant basé sur l’expansion et l’emprunt avec une organisation corporatiste éprouvée, efficace et peu motivée à s’engager dans une nouvelle voie de production. Le bio, c’est aujourd’hui seulement 6,5% des terres cultivées.
Conversion engagée
Produire en agro-écologie est un projet gouvernemental, vieux d’une vingtaine d’années. Il s’est concrétisé comme objectif de formation en 2014 avec le slogan « enseigner à produire autrement » Il s’agit de réussir à modifier les cadres de raisonnement et les modes d’acquisitions de savoirs et pratiques, tout en cherchant à conjuguer performance économique, sociale et environnementale.Les référentiels de formation ont été transformés en ce sens. Pour autant, la transition n’est pas la révolution. Elle est progressive et a besoin de temps, d’accompagnement et d’une volonté politique déterminée. Alors, dans ce contexte, difficile de faire porter à la formation toute la responsabilité du changement attendu:
moins de pollution, des produits alimentaires sains et bons pour la santé, moins de gaspillage alimentaire.
Les alternatives existent, sont travaillées en projet dans les établissements agricoles, les formateurs eux mêmes se forment à de nouvelles donnes, mais les récents bouleversements annoncés par les pouvoirs publics ne sont pas soutenants. Les personnels des établissements techniques et supérieurs de l’enseignement agricole, accompagnés par le SEA UNSA, sont dans la tourmente de ces enjeux de société déterminants pour l’avenir.