Élitisme (vraiment) républicain ?

Le mouvement social de cet hiver a remis dans le débat public la formation des « élites » françaises. Le président a ainsi annoncé la fermeture de l’ENA et des réflexions sont en cours au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour réformer le recrutement de Polytechnique et des Écoles normales supérieures (ENS). Même si la reproduction sociale via le recrutement des grandes écoles n’est pas une question nouvelle, il semblerait qu’elle finisse par choquer les citoyens.
Il est vrai que les statistiques sont édifiantes : cinquante fois plus d’enfants de cadres que d’enfants d’ouvriers à Polytechnique, vingt fois plus dans les ENS. A l’ENA, pourtant créée en 1945 pour démocratiser l’accès à la haute fonction publique, les enfants d’ouvriers sont quasiment absents.
Les solutions envisagées (sauf pour l’ENA) relèvent souvent de l’introduction d’une discrimination positive au moment du concours d’entrée, sur le modèle développé par Sciences po depuis 2001.
La question qui se pose est comment notre système éducatif, prétendument égalitaire, en est-il arrivé à générer un tel élitisme bien peu républicain ? Et, au fond, les cohortes socialement homogènes des des admis aux grandes écoles ne sont-elles pas le résultat d’un système finalement bien peu démocratique ?
La volonté de mixifier socialement les promotions des grandes écoles n’est pas critiquable en soi. On peut craindre néanmoins que le mal soit plus profond. Il faudrait plus sûrement engager une réforme en profondeur du système scolaire dans son ensemble afin que la promesse d’une possible promotion sociale ouverte à tous devienne une réalité. Notre démocratie en sortirait sans aucun doute renforcée.

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Il est vrai que les statistiques sont édifiantes : cinquante fois plus d’enfants de cadres que d’enfants d’ouvriers à Polytechnique, vingt fois plus dans les ENS. A l’ENA, pourtant créée en 1945 pour démocratiser l’accès à la haute fonction publique, les enfants d’ouvriers sont quasiment absents.
Les solutions envisagées (sauf pour l’ENA) relèvent souvent de l’introduction d’une discrimination positive au moment du concours d’entrée, sur le modèle développé par Sciences po depuis 2001.
La question qui se pose est comment notre système éducatif, prétendument égalitaire, en est-il arrivé à générer un tel élitisme bien peu républicain ? Et, au fond, les cohortes socialement homogènes des des admis aux grandes écoles ne sont-elles pas le résultat d’un système finalement bien peu démocratique ?
La volonté de mixifier socialement les promotions des grandes écoles n’est pas critiquable en soi. On peut craindre néanmoins que le mal soit plus profond. Il faudrait plus sûrement engager une réforme en profondeur du système scolaire dans son ensemble afin que la promesse d’une possible promotion sociale ouverte à tous devienne une réalité. Notre démocratie en sortirait sans aucun doute renforcée.