Education : ce qui pourrait changer (ou pas) en 2018

 

 

« Je ne pense pas qu’on ait besoin d’une loi pour changer l’école, ni d’une réforme avec un grand R, décrété d’en haut. On a besoin, d’abord, de créer les conditions d’une société de la confiance. »

L’affirmation n’est pas nouvelle. Jean-Michel Blanquer la répète à volonté depuis son arrivée comme ministre de l’Education nationale. Il l’a donc redite dans l’interview croisé avec Edgar Morin que publie en ce début d’année nouvelle la revue Sciences humaines.

Est-ce à dire qu’il n’y aura plus de changement ? Point du tout. Surtout si on juge au nombre de chantiers ouverts par le ministre ces derniers temps.

Au risque d’en oublier (certainement) citons-en quelques-uns.

Cédric Villani est en charge de travailler sur l’enseignement des mathématiques.

Une mission sur l’école maternelle devant déboucher sur des assises en mars est confiée à Boris Cyrulnik.

Le nouveau Conseil scientifique de l’Education nationale dont Stanislas Dehaene a la responsabilité devrait certainement produire des indications sur les méthodes d’apprentissages, particulièrement dans le domaine de celui de la lecture, mais aussi donner des avis sur les manuels scolaires.

Annoncée également depuis l’arrivée du ministre, mais pour l’instant sans qu’en soit préciser le contenu et la méthode, une concertation sur « le temps et l’espace de l’enfant et de l’adolescent au 21ème siècle » devrait durer plusieurs mois. Initialement le conseil économique, social et environnement devait faire l’objet d’une saisine sur le sujet. Il semble que cela ne soit plus d’actualité.

Et puis, il y a le dossier du bac, sur lequel planche depuis plusieurs semaines déjà la mission conduite par Pierre Mathiot. Pour que le nouvel examen soit opérationnel en juin 2021, ses modalités nouvelles doivent être en place pour la rentrée 2018, donc dans quelques mois.

Reste la réforme de la voie professionnelle, afin de donner aux lycées professionnels et à l’apprentissage « beaucoup plus d’attractivité dans le cadre d’une philosophie de la formation tout au long de la vie » précise Jean-Michel Blanquer, sur laquelle travaillent la députée de la République en marche Céline Calvez et le chef cuisinier étoilé Régis Marcon.

Ajoutons à cela (puisque le ministre l’annonce dans l’entretien de Sciences humaines) des mesures pour développer la relation famille-école et une possible révision de la formation des enseignants, appelée de leurs vœux par les directeurs et présidents des ESPé.

Pas de réforme donc… mais que de changements potentiels !

Et un difficile équilibre à trouver entre des indications philosophiques donnant de grandes orientations, dans le cadre desquelles chaque professionnel de l’Education peut agir, innover, faire preuve d’initiative et d’autonomie et des impositions voulues par le pouvoir, peu débattues et s’appuyant insuffisamment sur les expériences et les expérimentations déjà conduites (comme ce fut le cas en 2017 pour les rythmes, les évaluations, l’assouplissement de la réforme du collège ou le redoublement).

2018 est une année sans élections politiques en France. C’est donc une année politiquement utile qui permet sans risque majeur de conduire les évolutions portées par le gouvernement.

Il est à souhaiter qu’elle soit une année éducativement efficace en renouant avec la confiance mais aussi avec l’ambition d’une Education qui émancipe, qui nourrisse l’esprit et complexifie la pensée.

Il est surtout indispensable que la réussite de chacune et chacun soit au cœur des préoccupations quotidiennes de toutes démarches éducatives, en commençant par celles et ceux qui sont les plus démuni.e.s socialement, économiquement et les plus éloigné.e.s de la culture scolaire.

Dans ce domaine, alors que notre système éducatif encore trop discriminant et élitiste, renforce les inégalités, il n’est pas sûr que les mesures prises ou annoncées pour 2018 changent réellement quelque chose.

 

Denis Adam, le 10 janvier 2018
 

 

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« Je ne pense pas qu’on ait besoin d’une loi pour changer l’école, ni d’une réforme avec un grand R, décrété d’en haut. On a besoin, d’abord, de créer les conditions d’une société de la confiance. »

L’affirmation n’est pas nouvelle. Jean-Michel Blanquer la répète à volonté depuis son arrivée comme ministre de l’Education nationale. Il l’a donc redite dans l’interview croisé avec Edgar Morin que publie en ce début d’année nouvelle la revue Sciences humaines.

Est-ce à dire qu’il n’y aura plus de changement ? Point du tout. Surtout si on juge au nombre de chantiers ouverts par le ministre ces derniers temps.

Au risque d’en oublier (certainement) citons-en quelques-uns.

Cédric Villani est en charge de travailler sur l’enseignement des mathématiques.

Une mission sur l’école maternelle devant déboucher sur des assises en mars est confiée à Boris Cyrulnik.

Le nouveau Conseil scientifique de l’Education nationale dont Stanislas Dehaene a la responsabilité devrait certainement produire des indications sur les méthodes d’apprentissages, particulièrement dans le domaine de celui de la lecture, mais aussi donner des avis sur les manuels scolaires.

Annoncée également depuis l’arrivée du ministre, mais pour l’instant sans qu’en soit préciser le contenu et la méthode, une concertation sur « le temps et l’espace de l’enfant et de l’adolescent au 21ème siècle » devrait durer plusieurs mois. Initialement le conseil économique, social et environnement devait faire l’objet d’une saisine sur le sujet. Il semble que cela ne soit plus d’actualité.

Et puis, il y a le dossier du bac, sur lequel planche depuis plusieurs semaines déjà la mission conduite par Pierre Mathiot. Pour que le nouvel examen soit opérationnel en juin 2021, ses modalités nouvelles doivent être en place pour la rentrée 2018, donc dans quelques mois.

Reste la réforme de la voie professionnelle, afin de donner aux lycées professionnels et à l’apprentissage « beaucoup plus d’attractivité dans le cadre d’une philosophie de la formation tout au long de la vie » précise Jean-Michel Blanquer, sur laquelle travaillent la députée de la République en marche Céline Calvez et le chef cuisinier étoilé Régis Marcon.

Ajoutons à cela (puisque le ministre l’annonce dans l’entretien de Sciences humaines) des mesures pour développer la relation famille-école et une possible révision de la formation des enseignants, appelée de leurs vœux par les directeurs et présidents des ESPé.

Pas de réforme donc… mais que de changements potentiels !

Et un difficile équilibre à trouver entre des indications philosophiques donnant de grandes orientations, dans le cadre desquelles chaque professionnel de l’Education peut agir, innover, faire preuve d’initiative et d’autonomie et des impositions voulues par le pouvoir, peu débattues et s’appuyant insuffisamment sur les expériences et les expérimentations déjà conduites (comme ce fut le cas en 2017 pour les rythmes, les évaluations, l’assouplissement de la réforme du collège ou le redoublement).

2018 est une année sans élections politiques en France. C’est donc une année politiquement utile qui permet sans risque majeur de conduire les évolutions portées par le gouvernement.

Il est à souhaiter qu’elle soit une année éducativement efficace en renouant avec la confiance mais aussi avec l’ambition d’une Education qui émancipe, qui nourrisse l’esprit et complexifie la pensée.

Il est surtout indispensable que la réussite de chacune et chacun soit au cœur des préoccupations quotidiennes de toutes démarches éducatives, en commençant par celles et ceux qui sont les plus démuni.e.s socialement, économiquement et les plus éloigné.e.s de la culture scolaire.

Dans ce domaine, alors que notre système éducatif encore trop discriminant et élitiste, renforce les inégalités, il n’est pas sûr que les mesures prises ou annoncées pour 2018 changent réellement quelque chose.

 

Denis Adam, le 10 janvier 2018