Education Artistique et Culturelle : premiers chiffres
L’objectif de généralisation (100% EAC) fixé dans le programme du Président Macron, oblige les services statistiques. Ministères de la Culture et Education nationale/Jeunesse coopèrent sur le sujet. Les premiers chiffres ont été communiqués après enquête quantitative de la DEPP, et avant une enquête qualitative de la DEPS. Qu’en retenir ? Analyse.
3 élèves sur 4 « touchés »
« Au cours de l’année 2017-2018, trois élèves sur quatre ont été touchés par au moins une action ou un projet relevant de l’éducation artistique et culturelle (EAC) : 82% dans le premier degré et 62% dans les collèges. Les disparités de l’offre en matière d’action ou de projet sont en partie liées aux caractéristiques des établissements scolaires, notamment à l’ancienneté moyenne des enseignants. En éducation prioritaire, la part d’élèves touchés par les actions ou projets est moindre, respectivement 78% en école et 55% en collège. »
Réflexion n°1 : on ne peut s’empêcher à chaque fois que revient cette expression d’enfant « touché » par la culture, de penser à « touché-coulé » ou « touché par la grâce ». Rappelons que dans EAC il y a E comme EDUCATION, qu’on parle bien dans ce cas de processus au long terme, et que comptabiliser une sortie culturelle qui s’apparenterait encore à la vieille coutume du voyage scolaire de fin d’année, n’est en rien une éducation. C’est tout au plus un bol d’air frais hors l’école, très utile aux enfants car perçu comme extra-ordinnaire mais pas éducatif, car peu transférable à des apprentissages. Heureusement que dans un lieu de transmission de la culture et de la connaissance qu’est l’école, on peut se féliciter que celle-ci s’intéresse aux lieux culturels. Mais le défi de l’EAC, c’est d’armer les acteurs éducatifs pour qu’ils puissent faire de l’EAC une démarche de projet qui englobe l’activité pratique, l’accès à la connaissance et la rencontre avec les artistes et professionnels de la culture. Ce qui dépasse largement la sortie au cinéma ou la visite d’un musée.
Réflexion n°2 : on comptabilise davantage de sorties ou projets culturels lorsque les équipes sont le plus âgées. Faut-il y voir un défaut de formation initiale ? Un fossé générationnel qui remonterait au temps où la formation des profs et des cadres éducatifs comprenaient davantage de temps et de pédagogie sur l’accès à la culture ? Un temps où la sociologie des éducateurs faisait que les concours se passaient après avoir vécu des expériences en éducation populaire, où l’on se confrontait au théâtre, aux pratiques artistiques, à la pédagogie de projet. En tout cas, ce qui est sûr c’est qu’il faut absolument lier cet objectif de 100%EAC avec un réel et ambitieux plan de formation des acteurs.
Le Ministère de l’Education Nationale s‘est empressé de communiquer que grâce aux 75% d’élèves déjà touchés, l’objectif de 100% sera atteint en 2022 car il suffirait maintenant d’identifier ceux qui ne le sont pas encore.
L’UNSA Education rappelle que la qualité éducative est plus importante que la quantité. Cet objectif de 100% EAC est pour l’Unsa Education un indicateur qui sert à mobiliser des équipes, des acteurs en inter-ministèriel et en politique territoriale. Il doit donner le temps et les moyens nécessaires à organiser les rencontres entre professionnels de la culture et de l’éducation, pour apprendre à travailler ensemble pour installer définitivement l’éducation artistique et culturelle comme un des fondamentaux du système éducatif.