Au Bulletin officiel est parue ce jeudi 6 mai 2021 une circulaire concernant l’interdiction de l’écriture dite « inclusive » à l’école. Les médias se sont emparés du sujet avec délectation et nous voilà rassurés (ou plutôt rassuré.es ?) : quelques jours à peine après avoir annoncé une initiative dans ce domaine, le ministre de l’Éducation a donc agi rapidement, ce qui prouve que l’on peut prendre des décisions diligemment dans notre ministère. Hélas, réduisant l’écriture « inclusive » au seul point médian, cette circulaire ne mettra pas un point final à la question de l’écriture non discriminante, qui vise à mieux prendre en compte l’égalité entre les femmes et les hommes. Plus réjouissant cependant, cette même circulaire incite fortement à utiliser la féminisation des noms des métiers et à user des richesses de la langue française pour changer les habitudes ! L’UNSA Éducation, consciente des débats sur ce sujet, a lancé il y a plusieurs mois un guide d’écriture inclusive pour aider à mieux comprendre les enjeux et à manier écriture et langage plus égalitaires.
Partons tout d’abord des éléments positifs de cette circulaire qui fait déjà beaucoup parler d’elle : cela concerne les règles de féminisation dans les actes administratifs du MENJS et dans les pratiques d’enseignement. Notre fédération se réjouit du rappel de cette règle : « l’intitulé des fonctions tenues par une femme doit être systématiquement féminisé ». Nous aurons donc systématiquement une féminisation des fonctions et métiers, ce qui est loin d’être le cas jusqu’à présent. Et pour aider tout le monde à cette féminisation, notre guide d’écriture inclusive sera un outil indispensable car il fournit des listes des noms de métiers et de fonctions au féminin.
Vous pouvez télécharger ce guide ici : guide d’écriture inclusive UNSA Éducation
S’appuyant ensuite sur l’Académie française ( qui il y a peu refusait cette même féminisation, comme quoi tout le monde évolue sur le sujet…) , la circulaire réduit l’écriture dite inclusive au seul point médian, l’interdisant dans les pratiques d’enseignement. À l’UNSA Éducation, nous sommes bien conscients et conscientes que c’est en effet un usage qui peut poser question et difficulté. Notre guide propose des reformulations, des « petits trucs » pour féminiser sans introduire trop de points médians. Nous sommes également soucieux et soucieuses de l’apprentissage de la langue française, et de la nécessaire maîtrise, sans rajouter des difficultés supplémentaires. Mais si cette circulaire peut aider à raviver les discussions présentes depuis des décennies sur la simplification de notre langue, cela peut être éventuellement bénéfique.
Mais revenons à l’essentiel : cette circulaire montre que l’on peut agir promptement au MENJS pour favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes et c’est une bonne nouvelle ! Si la féminisation des fonctions et métiers est aujourd’hui obligatoire, que mettra-t-on en place pour favoriser l’accès des femmes aux fonctions de cheffes de service, de professeures d’université, de directrices d’administration ou conseillères techniques ? Que fera-t-on pour réduire aussi rapidement les inégalités salariales entre les enseignants et les enseignantes, entre les directeurs et directrices d’école, entre les adjoints et adjointes administratif.ives ?
La circulaire en question indique que l’action du MENJS doit s’occuper de « la formation de l’ensemble des personnels, la transmission d’une culture de l’égalité, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et une politique d’orientation en faveur d’une plus grande mixité des filières et métiers. » Nous sommes complétement d’accord avec cette affirmation : alors, agissons rapidement pour que la culture de l’égalité entre les femmes et les hommes ne se réduise pas à la présence ou non d’un point médian, mais se voit plus concrètement par l’ajout de quelques chiffres en bas d’une fiche de paye !