Drôles d’airs

Le fond de l’air, surtout l’air frais, est ce qui manque le plus dans les journées caniculaires que nous sommes en train de vivre.

Occasion de rappeler (et qui devrait être faite de manière certainement moins maladroite que ne l’a fait le ministère de l’Education nationale) quelques règles indispensables de prévention pour protéger les plus fragiles dont les enfants. Et donc de repenser certains fonctionnements dans les classes comme dans les accueils collectifs : organiser les activités en lien avec les évolutions des températures, permettre de s’hydrater, prendre en compte la fatigue qu’entraîne la chaleur…

Occasion aussi de réfléchir à l’évolution du climat. Certes l’histoire de la Terre est faite de périodes de réchauffement et de refroidissement successifs. Mais tout montre que l’activité humaine n’est pas pour rien dans le dérèglement actuel qui n’est pas inéluctable quoi qu’en disent les climatosceptiques…
Un petit air de responsabilisation environnemental, par ces temps (chauds) qui courent ne serait certainement pas inutile.

 

A n’en pas douter non plus, la journée d’aujourd’hui ne manquera pas de drôles d’airs… Des airs savants et des airs populaires, des connus et des improvisés, des joyeux et des mélancoliques, des airs magistralement interprétés et d’autres joués avec plus d’hésitation…

C’est le propre de la fête de ce jour : célébrer tous les airs de musique.

Chaque ville, chaque village prend pour une journée, une soirée, une nuit, l’air d’une vaste salle de concert ou l’éclectisme et le métissage règnent en maître.
Histoire de rappeler que la musique est certainement l’art le plus universellement partagé par l’humanité. De mettre en avant sa diversité et sa richesse. De réaffirmer aussi, que quelle que soit l’évolution des supports de diffusion, rien ne remplace le fait de se rassembler pour vivre la musique en direct, autour d’un chanteur de rue solitaire, avec un trio d’amis violoneux, en suivant l’avancée des percussions d’une batucada, ou face à un orchestre symphonique…

De tous les temps et dans tous les lieux, la musique accompagne la vie humaine : elle est l’air de notre vie.

Alors bien entendu lorsqu’on lit : « fête de la musique », on ne peut s’empêcher d’entendre aussi « faites de la musique ». Car s’il est un message porté par ce 21 juin, c’est bien celui de ne pas être seulement consommateur, mais de devenir praticien.

Et là, c’est un autre air que l’on risque d’entendre. Celui du coût des apprentissages musicaux qui introduisent une véritable inégalité sociale. Celui des méthodes qui transforment trop souvent la passion en pensum. Celui de l’élitisme des structures qui éliminent pour ne garder qu’un les meilleurs.

S’il y a un intérêt à développer les compétences créatives musicales de chaque enfant -et cet intérêt ne fait aucun doute- alors l’éducation musicale doit profondément être repensée.

L’Ecole y a sa part de responsabilité, de la maternelle au lycée. Cela passe par des investissements matériels (l’achat d’instruments multiples et variés) par l’aménagement de salles adaptées, par la formation des enseignants (particulièrement des professeurs des écoles), par le développement d’activités ouvertes à tous (orchestre ou chorale dans les écoles et établissements) sans liens avec les résultats scolaires, les futures orientations ou l’établissement de classe « à profil », par le partenariat avec les structures musicales locales (et pas exclusivement les conservatoires).

Les structures de loisirs éducatifs ont également une responsabilité importante dans le développement des pratiques musicales et ne peuvent se contenter de programmer les cours de professeurs particuliers. Il faut construire de véritable projet d’accès à la pratique d’une diversité musicale ouverte au plus grand nombre, permettant de jouer, seul et ensemble et de ressentir progressivement (ou pas) le besoin de connaître davantage de techniques, de solfège, de morceaux… pour accompagner son envie de s’exprimer et de partager.

 

Drôle d’air encore celui qui souffle sur cette fin d’année scolaire et qui voit revenir en masse, changement gouvernemental oblige, tous les débats éducatifs que l’on voulait croire (ou espérer) dépassés.

Le nouveau ministre de l’Education nationale, missionné par les promesses du candidat Macron devenu Président de la République a marqué son arrivée par un air de « reviens-y », visant, l’air de rien et en s’en défendant, à détricoter ce qu’avait construit le précédent quinquennat.

Dérogation des rythmes. Et c’est le concert des contradictions qui rejoue la cacophonie trop souvent déjà entendue : chronobiologie contre fatigue des enfants, temps d’apprentissage contre organisation professionnelle des enseignants, articulation des temps éducatifs contre pression sociale…

Assouplissement de la réforme du collège. Avec comme un air de revanche pour ceux qui l’ont combattu. Et revoilà revenues les oppositions entre options élitistes et réussite de chaque élève, matières scolaires et pluridisciplinarité, autonomie des chefs d’établissement et responsabilisation des conseils pédagogiques…

 

Ce drôle d’air d’incertitude, d’insatisfaction, de demande à la fois de permanence et de renouvellement est largement conjoncturelle.

La canicule, la fatigue, le temps (anormalement long) de la période électorale sont pour beaucoup dans l’échauffement actuels des esprits.

A n’en pas douter, à la rentrée avec le vent d’automne, reviendra un air de sérénité. Surtout s’il est accompagné d’une musique apaisante. Certainement (?)

 

Denis Adam, le 21 juin 2017
 

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Le fond de l’air, surtout l’air frais, est ce qui manque le plus dans les journées caniculaires que nous sommes en train de vivre.

Occasion de rappeler (et qui devrait être faite de manière certainement moins maladroite que ne l’a fait le ministère de l’Education nationale) quelques règles indispensables de prévention pour protéger les plus fragiles dont les enfants. Et donc de repenser certains fonctionnements dans les classes comme dans les accueils collectifs : organiser les activités en lien avec les évolutions des températures, permettre de s’hydrater, prendre en compte la fatigue qu’entraîne la chaleur…

Occasion aussi de réfléchir à l’évolution du climat. Certes l’histoire de la Terre est faite de périodes de réchauffement et de refroidissement successifs. Mais tout montre que l’activité humaine n’est pas pour rien dans le dérèglement actuel qui n’est pas inéluctable quoi qu’en disent les climatosceptiques…
Un petit air de responsabilisation environnemental, par ces temps (chauds) qui courent ne serait certainement pas inutile.

 

A n’en pas douter non plus, la journée d’aujourd’hui ne manquera pas de drôles d’airs… Des airs savants et des airs populaires, des connus et des improvisés, des joyeux et des mélancoliques, des airs magistralement interprétés et d’autres joués avec plus d’hésitation…

C’est le propre de la fête de ce jour : célébrer tous les airs de musique.

Chaque ville, chaque village prend pour une journée, une soirée, une nuit, l’air d’une vaste salle de concert ou l’éclectisme et le métissage règnent en maître.
Histoire de rappeler que la musique est certainement l’art le plus universellement partagé par l’humanité. De mettre en avant sa diversité et sa richesse. De réaffirmer aussi, que quelle que soit l’évolution des supports de diffusion, rien ne remplace le fait de se rassembler pour vivre la musique en direct, autour d’un chanteur de rue solitaire, avec un trio d’amis violoneux, en suivant l’avancée des percussions d’une batucada, ou face à un orchestre symphonique…

De tous les temps et dans tous les lieux, la musique accompagne la vie humaine : elle est l’air de notre vie.

Alors bien entendu lorsqu’on lit : « fête de la musique », on ne peut s’empêcher d’entendre aussi « faites de la musique ». Car s’il est un message porté par ce 21 juin, c’est bien celui de ne pas être seulement consommateur, mais de devenir praticien.

Et là, c’est un autre air que l’on risque d’entendre. Celui du coût des apprentissages musicaux qui introduisent une véritable inégalité sociale. Celui des méthodes qui transforment trop souvent la passion en pensum. Celui de l’élitisme des structures qui éliminent pour ne garder qu’un les meilleurs.

S’il y a un intérêt à développer les compétences créatives musicales de chaque enfant -et cet intérêt ne fait aucun doute- alors l’éducation musicale doit profondément être repensée.

L’Ecole y a sa part de responsabilité, de la maternelle au lycée. Cela passe par des investissements matériels (l’achat d’instruments multiples et variés) par l’aménagement de salles adaptées, par la formation des enseignants (particulièrement des professeurs des écoles), par le développement d’activités ouvertes à tous (orchestre ou chorale dans les écoles et établissements) sans liens avec les résultats scolaires, les futures orientations ou l’établissement de classe « à profil », par le partenariat avec les structures musicales locales (et pas exclusivement les conservatoires).

Les structures de loisirs éducatifs ont également une responsabilité importante dans le développement des pratiques musicales et ne peuvent se contenter de programmer les cours de professeurs particuliers. Il faut construire de véritable projet d’accès à la pratique d’une diversité musicale ouverte au plus grand nombre, permettant de jouer, seul et ensemble et de ressentir progressivement (ou pas) le besoin de connaître davantage de techniques, de solfège, de morceaux… pour accompagner son envie de s’exprimer et de partager.

 

Drôle d’air encore celui qui souffle sur cette fin d’année scolaire et qui voit revenir en masse, changement gouvernemental oblige, tous les débats éducatifs que l’on voulait croire (ou espérer) dépassés.

Le nouveau ministre de l’Education nationale, missionné par les promesses du candidat Macron devenu Président de la République a marqué son arrivée par un air de « reviens-y », visant, l’air de rien et en s’en défendant, à détricoter ce qu’avait construit le précédent quinquennat.

Dérogation des rythmes. Et c’est le concert des contradictions qui rejoue la cacophonie trop souvent déjà entendue : chronobiologie contre fatigue des enfants, temps d’apprentissage contre organisation professionnelle des enseignants, articulation des temps éducatifs contre pression sociale…

Assouplissement de la réforme du collège. Avec comme un air de revanche pour ceux qui l’ont combattu. Et revoilà revenues les oppositions entre options élitistes et réussite de chaque élève, matières scolaires et pluridisciplinarité, autonomie des chefs d’établissement et responsabilisation des conseils pédagogiques…

 

Ce drôle d’air d’incertitude, d’insatisfaction, de demande à la fois de permanence et de renouvellement est largement conjoncturelle.

La canicule, la fatigue, le temps (anormalement long) de la période électorale sont pour beaucoup dans l’échauffement actuels des esprits.

A n’en pas douter, à la rentrée avec le vent d’automne, reviendra un air de sérénité. Surtout s’il est accompagné d’une musique apaisante. Certainement (?)

 

Denis Adam, le 21 juin 2017