Droitisation

« Fractures françaises », l’enquête annuelle IPSOS-STERIA le montre de manière incontestable, la banalisation de l’extrême droite est telle que  47 % des sondés considèrent que le FN est « un parti utile », 67 % chez les sympathisants de l’UMP. Pour environ un tiers, il « incarne une alternative politique crédible au niveau national »,  « propose des solutions réalistes », et est « proche de [leurs] préoccupations ». Une proportion qui grimpe entre 40 % et 44 % pour les sympathisants de l’UMP.

Ainsi donc seulement un français sur deux juge le FN comme « un parti dangereux pour la démocratie ». Si, comme l’analyse Jean-Baptiste de Montvalon pour le Monde.fr, on tient compte des marges d’erreur, « la perspective que ce sentiment puisse être minoritaire dans le pays  est l’un des enseignements majeurs de l’enquête ».

La recherche en respectabilité voulue par Marine Le Pen fonctionne d’autant mieux que, comme le montre dans son livre « Le Front national : le hussard brun contre la République » Sarah Proust, « en 2014, le corps électoral français s’étoffera de ceux qui en 2002 n’avaient que six ans. Ils n’auront donc connu que le Front national de Marine Le Pen, qui, depuis quelques années, cherche à dédiaboliser et à crédibiliser l’extrême droite. »

Mais au-delà de cette amélioration et normalisation de l’image du parti d’extrême droite, ce sont les thèses qu’il défend qui progresse peu à peu dans l’opinion publique. Ainsi 87 % des Français (+ 1 par rapport à janvier 2013) estiment que « l’autorité est une valeur qui est trop souvent critiquée aujourd’hui », 61 % voient dans la mondialisation comme une « menace », 58 % affirment que « la France doit se protéger davantage du monde d’aujourd’hui », 79 % jugent qu’« on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres », 66 % (- 4 points, toutefois, mais une baisse en trompe l’oeil ) estiment qu’« il y a trop d’étrangers en France », 62 % qu’« on ne se sent plus chez soi comme avant ». A cela il faut ajouter un la défiance grandissante vis-à-vis de la plupart des institutions démocratiques dont le Parlement, les médias et les partis politiques.
Ces opinions se sont certes pas toutes assimilables à l’extrême droite, mais elles participent à entretenir un climat de défiance, de malaise et de rejet, qui n’est pas pour déplaire au FN, puisqu’il en a fait le terreau de sa progression.
Face à cette droitisation de l’opinion, il ne suffit pas de réaffirmer –même s’il ne faut cesser de les dénoncer- les dérives racistes, xénophobes, populistes, homophobes, les replis sur soi et la haine de l’autre.

Il convient de montrer qu’au-delà des mauvaises solutions apparentes, le parti des Le Pen porte un projet de société dont nous ne voulons pas, car il est profondément une attaque contre la République, ses valeurs, ses citoyens.

Les apprentis sorciers, qui –principalement pour des raisons électoralistes- jouent avec ce feu, auraient tout intérêt à en prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard.
 

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« Fractures françaises », l’enquête annuelle IPSOS-STERIA le montre de manière incontestable, la banalisation de l’extrême droite est telle que  47 % des sondés considèrent que le FN est « un parti utile », 67 % chez les sympathisants de l’UMP. Pour environ un tiers, il « incarne une alternative politique crédible au niveau national »,  « propose des solutions réalistes », et est « proche de [leurs] préoccupations ». Une proportion qui grimpe entre 40 % et 44 % pour les sympathisants de l’UMP.

Ainsi donc seulement un français sur deux juge le FN comme « un parti dangereux pour la démocratie ». Si, comme l’analyse Jean-Baptiste de Montvalon pour le Monde.fr, on tient compte des marges d’erreur, « la perspective que ce sentiment puisse être minoritaire dans le pays  est l’un des enseignements majeurs de l’enquête ».

La recherche en respectabilité voulue par Marine Le Pen fonctionne d’autant mieux que, comme le montre dans son livre « Le Front national : le hussard brun contre la République » Sarah Proust, « en 2014, le corps électoral français s’étoffera de ceux qui en 2002 n’avaient que six ans. Ils n’auront donc connu que le Front national de Marine Le Pen, qui, depuis quelques années, cherche à dédiaboliser et à crédibiliser l’extrême droite. »

Mais au-delà de cette amélioration et normalisation de l’image du parti d’extrême droite, ce sont les thèses qu’il défend qui progresse peu à peu dans l’opinion publique. Ainsi 87 % des Français (+ 1 par rapport à janvier 2013) estiment que « l’autorité est une valeur qui est trop souvent critiquée aujourd’hui », 61 % voient dans la mondialisation comme une « menace », 58 % affirment que « la France doit se protéger davantage du monde d’aujourd’hui », 79 % jugent qu’« on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres », 66 % (- 4 points, toutefois, mais une baisse en trompe l’oeil ) estiment qu’« il y a trop d’étrangers en France », 62 % qu’« on ne se sent plus chez soi comme avant ». A cela il faut ajouter un la défiance grandissante vis-à-vis de la plupart des institutions démocratiques dont le Parlement, les médias et les partis politiques.
Ces opinions se sont certes pas toutes assimilables à l’extrême droite, mais elles participent à entretenir un climat de défiance, de malaise et de rejet, qui n’est pas pour déplaire au FN, puisqu’il en a fait le terreau de sa progression.
Face à cette droitisation de l’opinion, il ne suffit pas de réaffirmer –même s’il ne faut cesser de les dénoncer- les dérives racistes, xénophobes, populistes, homophobes, les replis sur soi et la haine de l’autre.

Il convient de montrer qu’au-delà des mauvaises solutions apparentes, le parti des Le Pen porte un projet de société dont nous ne voulons pas, car il est profondément une attaque contre la République, ses valeurs, ses citoyens.

Les apprentis sorciers, qui –principalement pour des raisons électoralistes- jouent avec ce feu, auraient tout intérêt à en prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard.