Analyses et décryptages

Des pistes pour une nécessaire évolution de l’enseignement professionnel

Le lycée professionnel a été reconnu très longtemps pour sa qualité et sa capacité à insérer les jeunes sur le marché de l'emploi. Il a formé plus de 3 500 000 bacheliers professionnels depuis la création du baccalauréat, après un siècle d'existence, Le CAP est attribué à 185 000 personnes chaque année et le BTS est la formation supérieure la plus choisie après l'université. Néanmoins, la filière professionnelle subit actuellement une crise durable. Daniel BLOCH propose à travers le think tank TERRA NOVA 4 propositions pour faire évoluer la formation professionnelle.

Renforcer les 3 cursus professionnels 
Ses trois premières propositions visent à renforcer les diplômes de l’enseignement professionnel (CAP, Bac professionnel et BTS) par une augmentation de la durée de formation afin de développer réellement les compétences attendues. Cette augmentation serait pour moitié basée sur une alternance accrue, avec en moyenne l’équivalent d’une année de stage en entreprise rémunérée sur les quatre ans de formation. Si l’idée est très intéressante et répond aux attentes des entreprises, seront-elles en capacité d’accueillir et de rémunérer tous ces nouveaux alternants ? Daniel Bloch constate que dans les formations CAP et Bac les élèves sont très jeunes du fait du non-redoublement, alors il faudra prendre en compte dans le pilotage de ces mesures des problématiques de déplacements dans les milieux ruraux excentrés et sans transports publics.
l’auteur du rapport propose de consacrer une année supplémentaire pour la formation des jeunes et leur préparation à la vie professionnelle sachant que nous avons gagné 8 ans de durée de vie depuis 1985. Il met en évidence également que l’enseignement professionnel ne saurait être réduit à la formation initiale mais qu’il assure également la formation tout au long de la vie professionnelle. Le CAP , dans certains domaines , présente plus de 50% de candidats en reconversion.
Accompagner les nécessaires mutations professionnelles et technologiques et créer les métiers de demain, demande un pilotage spécifique qui n’oublie aucun acteur de la formation professionnelle.
Un pilotage en mode projet
Le rapport insiste également sur cette notion de gouvernance de l’enseignement professionnel, avec une nécessaire vision à long terme et des perspectives sur dix ans pour la mise en place de formations pour répondre aux besoins futurs. Cela a été mis en évidence lors de la conférence des métiers et des compétences de mars 2022. Il propose de créer un Ministère délégué ou un secrétariat d’état à l’enseignement professionnel qui assurerait la liaison entre les différents acteurs : Régions, Enseignement supérieur, Ministère du travail, entreprises et qui pourrait s’appuyer sur les Campus des métiers pour faciliter l’enseignement professionnel tout au long de la vie.
Bachelor Professionnel : une filière d’excellence
Partant du constat que la réforme du bac professionnel avec son passage en trois ans a diminué la capacité des diplômés à s’insérer directement sur le marché du travail et augmenté leur demande de poursuite d’étude, le rapport préconise la mise en place d’un Bachelor professionnel à partir des sections de BTS actuelles. Ces filières de réussite et d’insertion professionnelle sont actuellement très souvent complétées par une licence professionnelle qui permet aux étudiants d’atteindre le niveau bac+3 reconnu au niveau européen. Avec le passage en 3 ans des IUT sous la forme de Bachelor Universitaires de Technologique (BUT), se pose le problème de l’existence de ces licences professionnelles qui de fait sont englobées dans ce nouveau cursus. La question est de savoir si les étudiants de BTS auront toujours accès à cette troisième année qui est vecteur d’insertion professionnelle car basée sur une alternance très forte.
La création d’un Bachelor professionnel en complément d’un BTS plus adapté aux élèves de baccalauréat professionnel, permettrait effectivement un accès de qualité à l’enseignement supérieur pour ces bacheliers. Le rapport met également en avant le manque de places disponibles pour les élèves de filières technologiques et professionnelle dans l’enseignement supérieur qui leur est destiné, c’est à dire en IUT et en BTS.
Repenser l’enseignement professionnel tout au long de la vie est primordial pour la valorisation d’une filière qui sait accueillir et faire réussir des élèves qui sans cette opportunité sortiraient du système scolaire sans formation.

 

Le rapport Terra Nova

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales