Déclaration liminaire – CTMEN du 3 novembre 2020
Madame la Présidente,
Monsieur le Directeur général des ressources humaines,
L’UNSA Éducation vous exprime solennellement l’inquiétude et la colère des personnels de l’Éducation nationale. Notre École se retrouve en première ligne sur le double front d’une épidémie sans précédent dans l’histoire récente et de l’islamisme radical qui remet en cause notre modèle républicain et ses valeurs démocratiques et qui a frappé l’un de nos collègues. En cette rentrée, nos pensées vont à Samuel Paty, à ses proches, à ses collègues et à ses élèves qui ont repris ce matin le chemin de leur collège.
Notre institution doit faire face à ces défis sans précédent.
Rappelons que notre institution, ce n’est pas seulement le ministère, mais bien l’ensemble des agents qui agissent au quotidien pour faire vivre et remplir la mission de service publique qui est la leur, dans des conditions difficiles, éprouvantes et angoissantes.
La responsabilité qui est la vôtre aujourd’hui est grande. Il vous appartient d’accompagner sans brusquer, de soutenir et de protéger les personnels.
Nos collègues ne doivent pas avoir à se préoccuper de l’approvisionnement en masques, s’éreinter dans la production d’attestations qui peuvent être établies au niveau académique. La sous-administration de notre système, le manque de considération ressenti par ses personnels sont deux causes majeures du problème.
Les personnels ne peuvent plus être soumis à des injonctions successives, incessantes voire contradictoires. Ils veulent avoir le temps de mettre en œuvre les préconisations sanitaires, avoir l’espace pour adapter le prescrit au réel des situations et des contextes, et disposer des moyens nécessaires pour remplacer les collègues malades et les personnels en situation vulnérable, pour lesquels, en fin de semaine dernière, le ministère n’avait pas été en capacité de porter un message clair.
Protéger enfin, en ne laissant aucune ambiguïté sur les écueils précédemment observés, à l’instar des doubles journées de travail auxquels de trop nombreux collègues avaient été contraints au printemps dernier.
Le moment que nous vivons nous oblige tous mais les personnels sont exténués et en colère. Leur conscience professionnelle, leur engagement pour les élèves sont particulièrement solides mais pas au point de pouvoir subir toutes les mises à l’épreuve inutiles, l’UNSA Éducation alerte solennellement : les personnels ne tiendront pas indéfiniment.
Il est urgent de démontrer aux personnels que leur employeur les protège, les respecte et les soutient.
Pour l’UNSA Éducation, notre ministère a besoin de davantage de personnels pour faire face à cette crise, à ces crises. Il faut immédiatement recruter, notamment en recourant aux listes complémentaires et au renouvellement des contractuels qui n’ont pas encore été réembauchés depuis la rentrée scolaire. Ces recrutements sont indispensables pour soulager notre système en tension. Il faut aussi recruter des assistants d’éducation. A l’heure de la recrudescence du chômage, l’Ecole, elle, a besoin de davantage de personnels pour enseigner, être administrée et aussi pour accompagner sa vie au quotidien, qu’il s’agisse de la vie scolaire dans le second degré ou dans le premier degré qui peut aussi réglementairement bénéficier de contrats d’assistants d’éducation.
Le respect, ce serait également de ne pas demander aux personnels de votre ministère de préparer une énième réorganisation scolaire dans l’urgence, pendant leurs congés ou pendant leur week-end. Les besoins en infirmières et infirmiers, en assistants sociaux, en médecin de l’Education nationale, en Psy-EN, en CPE sont particulièrement visibles dans ce moment de crises.
Le respect, c’est surtout éviter les ordres et contre-ordres successifs aux personnels dans des temporalités intenables.
C’est dans ce contexte que le Grenelle de l’Éducation devrait se tenir. L’UNSA Éducation vous alerte. Chaque jour qui passe avec son lot de pressions rend toujours moins supportable l’idée que la revalorisation des personnels serait discutable et aurait besoin d’être discutée.
Intervention de Stéphane CROCHET pour l’UNSA Éducation