Dans les têtes plus que dans les textes

Le changement… à peine si le mot peut encore être prononcé.

Quant à dire qu’il doit avoir lieu maintenant… le slogan de campagne du candidat Hollande en 2012 l’interdit dorénavant.

Pour autant, et particulièrement dans l’Éducation, le changement était indispensable et urgent.

Le quinquennat Hollande justement aura légiféré la Refondation de l’École de la République. Certes, parfois peu lisible, elle ne va pas toujours assez loin et n’a pas partout été mise en place avec bonheur. Mais elle propose des évolutions dans le sens d’une réduction des inégalités et cherche à favoriser la réussite de chaque élève. Mieux expliqué, mieux accompagné, le changement aurait pu avoir lieu alors.

Le nouveau gouvernement du quinquennat Macron à peine installé se prépare à détricoter certaines des réformes prises précédemment, avant même qu’elles n’aient pu porter leurs fruits. Ce pourrait être le changement… en marche arrière.

Un texte à l’endroit, un texte à l’envers. Bien malin le parent, l’enseignant, l’éducateur, le citoyen tout simplement qui retrouvera alors l’intérêt de l’enfant dans cette meule de foin idéologique.

Dans ce contexte instable, il n’est peut-être alors pas inutile de rappeler quelques principes.

Il faut redire que l’Éducation relève avant tout d’un choix politique, d’un choix de société (le numéro 28 de « Question d’Éduc » s’en fait largement l’écho). Il y aurait de l’hypocrisie à laisser penser que les décisions dans ce domaine relèveraient d’un pragmatisme neutre. Elles sont le marqueur d’une conception politique.

Il faut reconnaître que regrouper dans un même ministère l’Éducation nationale et la Jeunesse relève justement d’un choix politique, que nous appelions de nos vœux et qui peut avoir du sens pour peu qu’on sache en faire davantage quelque chose de constructif que n’avait su le faire en son temps Luc Ferry héritant de ce même périmètre ministériel regroupé.

Il faut réaffirmer -comme le montre Claude Lelièvre- qu’une loi n’est pas indispensable pour réformer le système scolaire. Que la loi de Refondation ne s’imposait pas pour mettre en œuvre les réformes qu’elle porte. Mais que le fait que le ministre Blanquer ne revendique pas de loi à son nom ne protège en rien d’une volonté de transformation du système en profondeur.

Il faut rappeler avec force que le changement ne se décrète pas. Que justement parce que les ministres passent et les lois se succèdent et tendent à s’annuler alors que les personnels restent, l’inertie du système consiste à surfer sur la surface des mesures en refusant de s’y enraciner en profondeur.

Et il faut se féliciter, qu’avec tout cela, les démarches éducatives ne cessent de progresser. Que de plus en plus d’équipes éducatives innovent. Que de plus en plus d’articulations entre le scolaire et le hors-scolaire, entre l’École et le collège, entre le lycée et l’Enseignement supérieur se créent. Que de plus en plus d’élus locaux donnent sens à une politique éducative territoriale. Que de plus en plus la coéducation, l’interdisciplinarité, les pédagogies actives, l’évaluation positive et formative progressent.

Car au-delà de ce que la sociologie et la psychologie nous apprennent des résistances au changement. Celui-ci nécessite du temps. Il se construit. Il s’accompagne. Il est approprié peu à peu par les acteurs de l’Éducation.

Et c’est alors davantage dans les têtes que dans les textes, qu’il devient réalité.

 

Denis ADAM, le 31 mai 2017

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Le changement… à peine si le mot peut encore être prononcé.

Quant à dire qu’il doit avoir lieu maintenant… le slogan de campagne du candidat Hollande en 2012 l’interdit dorénavant.

Pour autant, et particulièrement dans l’Éducation, le changement était indispensable et urgent.

Le quinquennat Hollande justement aura légiféré la Refondation de l’École de la République. Certes, parfois peu lisible, elle ne va pas toujours assez loin et n’a pas partout été mise en place avec bonheur. Mais elle propose des évolutions dans le sens d’une réduction des inégalités et cherche à favoriser la réussite de chaque élève. Mieux expliqué, mieux accompagné, le changement aurait pu avoir lieu alors.

Le nouveau gouvernement du quinquennat Macron à peine installé se prépare à détricoter certaines des réformes prises précédemment, avant même qu’elles n’aient pu porter leurs fruits. Ce pourrait être le changement… en marche arrière.

Un texte à l’endroit, un texte à l’envers. Bien malin le parent, l’enseignant, l’éducateur, le citoyen tout simplement qui retrouvera alors l’intérêt de l’enfant dans cette meule de foin idéologique.

Dans ce contexte instable, il n’est peut-être alors pas inutile de rappeler quelques principes.

Il faut redire que l’Éducation relève avant tout d’un choix politique, d’un choix de société (le numéro 28 de « Question d’Éduc » s’en fait largement l’écho). Il y aurait de l’hypocrisie à laisser penser que les décisions dans ce domaine relèveraient d’un pragmatisme neutre. Elles sont le marqueur d’une conception politique.

Il faut reconnaître que regrouper dans un même ministère l’Éducation nationale et la Jeunesse relève justement d’un choix politique, que nous appelions de nos vœux et qui peut avoir du sens pour peu qu’on sache en faire davantage quelque chose de constructif que n’avait su le faire en son temps Luc Ferry héritant de ce même périmètre ministériel regroupé.

Il faut réaffirmer -comme le montre Claude Lelièvre- qu’une loi n’est pas indispensable pour réformer le système scolaire. Que la loi de Refondation ne s’imposait pas pour mettre en œuvre les réformes qu’elle porte. Mais que le fait que le ministre Blanquer ne revendique pas de loi à son nom ne protège en rien d’une volonté de transformation du système en profondeur.

Il faut rappeler avec force que le changement ne se décrète pas. Que justement parce que les ministres passent et les lois se succèdent et tendent à s’annuler alors que les personnels restent, l’inertie du système consiste à surfer sur la surface des mesures en refusant de s’y enraciner en profondeur.

Et il faut se féliciter, qu’avec tout cela, les démarches éducatives ne cessent de progresser. Que de plus en plus d’équipes éducatives innovent. Que de plus en plus d’articulations entre le scolaire et le hors-scolaire, entre l’École et le collège, entre le lycée et l’Enseignement supérieur se créent. Que de plus en plus d’élus locaux donnent sens à une politique éducative territoriale. Que de plus en plus la coéducation, l’interdisciplinarité, les pédagogies actives, l’évaluation positive et formative progressent.

Car au-delà de ce que la sociologie et la psychologie nous apprennent des résistances au changement. Celui-ci nécessite du temps. Il se construit. Il s’accompagne. Il est approprié peu à peu par les acteurs de l’Éducation.

Et c’est alors davantage dans les têtes que dans les textes, qu’il devient réalité.

 

Denis ADAM, le 31 mai 2017