Dans agriculture, il y a aussi culture

Petit poucet de l’Éducation, l’enseignement agricole sème et innove souvent dans des champs qu’on lui attribue moins naturellement. C’est ainsi le cas de la culture, puisque depuis plus de trente ans une coopération –souvent fructueuse- s’est développée entre l’enseignement agricole et le ministère de la culture et dont la revue « Champs culturels » se fait le régulier écho.

Petit poucet de l’Éducation, l’enseignement agricole sème et innove souvent dans des champs qu’on lui attribue moins naturellement. C’est ainsi le cas de la culture, puisque depuis plus de trente ans une coopération –souvent fructueuse- s’est développée entre l’enseignement agricole et le ministère de la culture et dont la revue « Champs culturels » se fait le régulier écho.


Dans la jungle des sigles, on connaît dorénavant le PEDT qui concerne les politiques éducatives de territoire, le monde rural utilise lui le PADC qu’il faut comprendre comme le « projet d’animation et de développement culturel » et qui est au cœur de la mission spécifique des établissements de l’enseignement agricole.


En effet, depuis le début des années 1960 et la réforme portée par Edgar Pisani alors ministre de l’agriculture, l’enseignement agricole, en s’inspirant des démarches de l’éducation populaire, est acteur de l’animation et du développement de l’espace rural et fait de la culture un de ses leviers essentiels d’intervention. Pour réaliser cette mission spécifique, il existe –autre originalité- des professeurs d’éducation socioculturelle.


Résurgence d’un passé mythifié ? Au contraire, modernité d’une démarche qui inscrit l’établissement scolaire comme dynamisateur de son territoire et qui porte la culture comme le centre d’un enseignement pluridisciplinaire large et assumé. « L’équipe de professeur d’éducation socioculturelle propose et élabore, en concertation avec la communauté éducative, un projet d’animation et de développement culturel au bénéfice de l’ensemble de l’établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles et de son territoire » précise le référentiel métier des professeurs d’ESC.


Ce choix, cette orientation politique forte, n’est pas sans conséquence. Elle inscrit la culture comme un élément constitutif de la formation et de l’éducation, mais aussi comme un levier de transformation. Maintenir une population dans le monde rural, y développer un ancrage culturel nourri des richesses patrimoniales, géographiques, des identités, des arts et des traditions, tout en le tournant résolument vers l’avenir, faire des habitants des « campagnes » des citoyens actifs et impliqués sont des enjeux qui se construisent doublement : dans l’éducation et la formation, dans l’implication et l’animation territoriale.


Alors évidemment, tous les débats touchant la culture existent au sein de ce microcosme de l’enseignement agricole qui agit comme un laboratoire. Si le partenariat entre le ministère et l’agriculture et celui de la culture date de 1984, il n’aura pas vécu sans à-coup. Apport prioritaire ou supplément d’âme ? La priorité culturelle est parfois réinterrogée au prétexte de questions budgétaires qui ne sont souvent que de fausses excuses. L’approche culturelle également peut être questionnée, entre une orientation davantage disciplinaire, rejoignant et complétant l’enseignement artistique et un choix délibérément social, davantage transversal et visant le développement de la citoyenneté.


Ce sont toutes ces dimensions qui sont mises en œuvre au quotidien, souvent dans des partenariats locaux, permettant l’émergence de galeries, la diffusion cinématographique et musicale, la réalisation de spectacles vivants, invitant des artistes en résidence, conduisant des rencontres, des débats, des échanges…


« Parcours d’éducation artistique et culturel » dit la loi de Refondation de l’Ecole de la République. Une heureuse initiative, anticipée depuis longtemps déjà par le PADC de l’enseignement agricole, dont l’Education nationale gagnerait à s’inspirer.


 

Denis ADAM, le 27 avril 2016

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Petit poucet de l’Éducation, l’enseignement agricole sème et innove souvent dans des champs qu’on lui attribue moins naturellement. C’est ainsi le cas de la culture, puisque depuis plus de trente ans une coopération –souvent fructueuse- s’est développée entre l’enseignement agricole et le ministère de la culture et dont la revue « Champs culturels » se fait le régulier écho.


Dans la jungle des sigles, on connaît dorénavant le PEDT qui concerne les politiques éducatives de territoire, le monde rural utilise lui le PADC qu’il faut comprendre comme le « projet d’animation et de développement culturel » et qui est au cœur de la mission spécifique des établissements de l’enseignement agricole.


En effet, depuis le début des années 1960 et la réforme portée par Edgar Pisani alors ministre de l’agriculture, l’enseignement agricole, en s’inspirant des démarches de l’éducation populaire, est acteur de l’animation et du développement de l’espace rural et fait de la culture un de ses leviers essentiels d’intervention. Pour réaliser cette mission spécifique, il existe –autre originalité- des professeurs d’éducation socioculturelle.


Résurgence d’un passé mythifié ? Au contraire, modernité d’une démarche qui inscrit l’établissement scolaire comme dynamisateur de son territoire et qui porte la culture comme le centre d’un enseignement pluridisciplinaire large et assumé. « L’équipe de professeur d’éducation socioculturelle propose et élabore, en concertation avec la communauté éducative, un projet d’animation et de développement culturel au bénéfice de l’ensemble de l’établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles et de son territoire » précise le référentiel métier des professeurs d’ESC.


Ce choix, cette orientation politique forte, n’est pas sans conséquence. Elle inscrit la culture comme un élément constitutif de la formation et de l’éducation, mais aussi comme un levier de transformation. Maintenir une population dans le monde rural, y développer un ancrage culturel nourri des richesses patrimoniales, géographiques, des identités, des arts et des traditions, tout en le tournant résolument vers l’avenir, faire des habitants des « campagnes » des citoyens actifs et impliqués sont des enjeux qui se construisent doublement : dans l’éducation et la formation, dans l’implication et l’animation territoriale.


Alors évidemment, tous les débats touchant la culture existent au sein de ce microcosme de l’enseignement agricole qui agit comme un laboratoire. Si le partenariat entre le ministère et l’agriculture et celui de la culture date de 1984, il n’aura pas vécu sans à-coup. Apport prioritaire ou supplément d’âme ? La priorité culturelle est parfois réinterrogée au prétexte de questions budgétaires qui ne sont souvent que de fausses excuses. L’approche culturelle également peut être questionnée, entre une orientation davantage disciplinaire, rejoignant et complétant l’enseignement artistique et un choix délibérément social, davantage transversal et visant le développement de la citoyenneté.


Ce sont toutes ces dimensions qui sont mises en œuvre au quotidien, souvent dans des partenariats locaux, permettant l’émergence de galeries, la diffusion cinématographique et musicale, la réalisation de spectacles vivants, invitant des artistes en résidence, conduisant des rencontres, des débats, des échanges…


« Parcours d’éducation artistique et culturel » dit la loi de Refondation de l’Ecole de la République. Une heureuse initiative, anticipée depuis longtemps déjà par le PADC de l’enseignement agricole, dont l’Education nationale gagnerait à s’inspirer.


 

Denis ADAM, le 27 avril 2016