CSAMEN : l’Unsa Education exige un changement de cap !
Avant d’entamer la déclaration, il était important pour l’UNSA Education d’avoir une pensée pour notre collègue AED qui a été assassinée dans l’exercice de son métier mardi 10 juin dernier, pour sa famille et tous les élèves et personnels du collège Françoise Dolto de Nogent.
Constats et Inquiétudes pour la Rentrée 2025
Ce CSA ministériel vient clore une année scolaire particulièrement difficile et le contexte dans lequel nous préparons la rentrée prochaine affiche déjà tous les signaux d’une année à venir, pour laquelle nous avons toutes les raisons de nous inquiéter et de vous alerter sur :
- les économies drastiques réalisées sur le dos du service public, des élèves et des personnels de l’École. Celles-ci mettent à mal le fonctionnement quotidien du système, son fonctionnement vital – sans parler des projets éducatifs réduits à néant car relégués par l’institution elle-même au statut de « problèmes de riches »,
- le déficit conséquent de personnels dans tous les métiers, y compris dès le recrutement, un déficit qui, hormis la réforme du recrutement des enseignants et des CPE, ne trouve à ce jour aucune solution en l’absence de perspectives d’améliorations des salaires et conditions de travail,
- la situation d’épuisement d’un nombre toujours plus important de personnels, sans qu’aucune mesure de prévention ou d’accompagnement médical ne voit le jour pour les agents du premier employeur de France (la situation caniculaire de cette semaine l’illustre tristement ! Et ce n’est pas la convention citoyenne, dont nous continuons à interroger l’objectif, si celui-ci n’est pas comme nous le craignons de faire contre-feux aux difficultés réelles de l’école, qui va résoudre la problématique de l’inadéquation entre un réchauffement climatique et un bâti scolaire non adapté !).
Critique de la Politique Éducative et des Choix Budgétaires
Malgré les discours des dernières années affirmant que l’École est LA priorité du gouvernement et que son budget n’a cessé d’augmenter , les soi-disant choix courageux et financiers ne sont nullement perceptibles dans le quotidien des personnels, des élèves et de leurs familles.
L’UNSA Éducation a dénoncé une politique éducative ultralibérale qui tourne le dos à la promesse républicaine : garantir à chaque enfant une éducation de qualité et accompagner davantage les plus fragiles.
Même le dernier rapport de la Cour des comptes pointe une politique éducative en total échec. Des constats et alertes que nous avions aussi posés :
- la dégradation de la mixité sociale et scolaire aggravant ainsi le séparatisme et fragilisant encore plus les moins favorisés,
- l’abandon par désintérêt et inaction de la politique d’éducation prioritaire (nous y reviendrons lors du point à l’ordre du jour).
Nous comprenons qu’il est difficile aujourd’hui, surtout avec des enveloppes vides, d’admettre que les choix effectués ces dernières années, y compris budgétaires, ont conduit notre École au bord du précipice. Au regard du peu de mesures concrètes ressorties des assises sur le sujet, même la santé scolaire de nos élèves ne semble pas mériter une attention particulière, excepté celle de l’affichage médiatique.
Combien d’élèves et de personnels faudra-t-il encore sacrifier ? Combien d’heures d’enseignement ne seront pas dispensées par abandon d’un vrai dispositif de remplacement digne de ce nom ? Combien d’équipes de collège vont incessamment se réorganiser pour réussir le Tetris de la prise en charge de la difficulté scolaire à moyens constants ? Combien de dispositifs claironnés puis finalement réduits à peau de chagrin ? Les dotations PACTE, qui devaient favoriser le RCD et les projets en faveur de la réussite des élèves, ont drastiquement diminué ; les crédits NEFLE pour soutenir l’innovation pédagogique se sont depuis longtemps évaporés ; le Pass culture est en mort cérébrale et budgétaire. Peut-on encore conduire une politique éducative lorsque les dotations budgétaires s’évaporent ?
Exigences Budgétaires et Constat Économique
En voulant systématiquement faire des économies sur l’éducation, c’est aborder la question du seul point de vue idéologique et dogmatique contre les faits pour influencer l’opinion publique.
Le budget est un moment essentiel pour faire des choix politiques, alors :
- soit le gouvernement se laissera gouverner par de simples objectifs d’économies budgétaires,
- soit il fera le choix d’une politique ambitieuse pour l’éducation, et en particulier, il fera le choix de le traduire d’un point de vue budgétaire, avec des décisions qui certes ont un coût, mais qui sont indispensables à une offre de qualité en matière d’éducation.
Pour l’heure, les orientations et les déclarations pour 2026, en particulier du côté de Bercy, ne laissent rien augurer de bon pour le moment. Nous continuerons à dénoncer avec la plus grande fermeté les conséquences des choix du gouvernement.
L’Etat n’est pas en faillite, il est en déficit parce qu’il a fait des choix qui ont abouti à vider les caisses de l’Etat avec des aides aux entreprises sans aucune contrepartie.
Il est également en déficit par ce qu’il ne remplit pas ses caisses avec des impôts qu’il refuse d’augmenter pour ceux qui ont la possibilité de le supporter. Cela a eu pour conséquence que le taux d’épargne en France soit quatre fois supérieur à celui des États-Unis. L’épargne en France a progressé de 700 milliards depuis 2019. Mais comme le dit Patrick Careil, ancien directeur de la législation sociale, les rentiers n’ont jamais créé de richesse pour un pays, mais ils contribuent à empêcher l’État de pouvoir jouer son rôle, notamment en matière d’éducation.
A l’heure de préparer une rentrée annoncée sans marge de manœuvre, nous avons pour objectif de ne pas taire les failles d’une politique éducative sans ambition réelle depuis de trop nombreuses années et d’exiger les mesures que l’École publique nécessite urgemment aujourd’hui.
C’est un virage budgétaire à 180° que nous demandons à l’Unsa Éducation. Il est essentiel et urgent. Aucune rentrée scolaire avec des perspectives ambitieuses ne peut s’envisager sans changement !
