Conflit de génération ?

Les jeunes sont, ces derniers temps, au cœur de toutes les préoccupations. Particulièrement au centre des débats politiques et de société. Avec la crainte permanente que cette jeunesse, affichée comme la priorité du quinquennat, ne devienne son cauchemar.

Les jeunes sont, ces derniers temps, au cœur de toutes les préoccupations. Particulièrement au centre des débats politiques et de société. Avec la crainte permanente que cette jeunesse, affichée comme la priorité du quinquennat, ne devienne son cauchemar.

Le slogan « On vaut mieux que ça », repris dans les manifestations comme sur les réseaux sociaux, s’adresse-t-il uniquement à une opposition à quelques articles d’une loi, certes mal construite et qui doit encore évoluée pour devenir acceptable, mais qui a déjà bougé ?


Son succès n’est-il pas lié au fait même qu’il est plus large, qu’il laisse entendre que la jeunesse vaut mieux que la crise, que les crises dans lesquelles elle est née et a grandi, sans rien connaître d’autre ?


Ne s’agit-il pas d’une manière de dire que les jeunes –au-delà de toutes les formes de précarité qu’ils peuvent redouter- s’inquiètent et refusent un avenir incertain sur lequel il leur semble n’avoir aucune prise ?


N’y a-t-il pas là une remise en cause d’une société à deux vitesses, clivant « ceux qui le valent bien » et « ceux qui ne le valent pas ». Et cela dès le plus jeune âge avec un système scolaire qui ne réussit pas à compenser cette fracture sociale, économique, culturelle ?


Il y a quelques années déjà, le conseil national de la jeunesse revendiquait -certes avec d’autres mots, mais avec la même idées- que les médias montrent de manière plus équitable des jeunes qui proposent, construisent, agissent, plutôt que de stigmatiser une jeunesse en rupture, en délinquance, perdue.


Se reconnaissant dans les mots de Stéphane Hessel, les indignés de ces dernières années ont également tenté de dire que la société de demain ne pouvait pas se construire sans eux, sans leur donner la parole, sans les associer, sans en faire des acteurs.


Les mesures annoncées par le premier ministre, reprises lors de la présentation du projet de loi « égalité et citoyenneté » au conseil des ministres de ce mercredi 13 avril et rendues publiques lors du 3ème comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté, réunit aujourd’hui à Vaulx-en-Velin, sont censées rassurer et corriger le tir. Elles vont dans le bon sens et ont été généralement saluées comme telles.


Elles mettront certainement fin à des mouvements déjà en perte de souffle et en difficulté d’inventer une suite à leur action qui n’a, jusqu’à présent pas su mobiliser au-delà des cercles militants et des centres villes.


Elles risquent pourtant ne pas suffire dans la durée. Car si elles répondent de manière ponctuelle. Elles ne sont que des réponses partielles.


Elles cherchent à faire pour la jeunesse. Alors que les jeunes revendiquent que l’on construise avec eux…


Là est certainement le cœur des difficultés et des incompréhensions : une sorte de conflit de génération.

 

Denis ADAM, le 13 avril 2016

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Les jeunes sont, ces derniers temps, au cœur de toutes les préoccupations. Particulièrement au centre des débats politiques et de société. Avec la crainte permanente que cette jeunesse, affichée comme la priorité du quinquennat, ne devienne son cauchemar.

Le slogan « On vaut mieux que ça », repris dans les manifestations comme sur les réseaux sociaux, s’adresse-t-il uniquement à une opposition à quelques articles d’une loi, certes mal construite et qui doit encore évoluée pour devenir acceptable, mais qui a déjà bougé ?


Son succès n’est-il pas lié au fait même qu’il est plus large, qu’il laisse entendre que la jeunesse vaut mieux que la crise, que les crises dans lesquelles elle est née et a grandi, sans rien connaître d’autre ?


Ne s’agit-il pas d’une manière de dire que les jeunes –au-delà de toutes les formes de précarité qu’ils peuvent redouter- s’inquiètent et refusent un avenir incertain sur lequel il leur semble n’avoir aucune prise ?


N’y a-t-il pas là une remise en cause d’une société à deux vitesses, clivant « ceux qui le valent bien » et « ceux qui ne le valent pas ». Et cela dès le plus jeune âge avec un système scolaire qui ne réussit pas à compenser cette fracture sociale, économique, culturelle ?


Il y a quelques années déjà, le conseil national de la jeunesse revendiquait -certes avec d’autres mots, mais avec la même idées- que les médias montrent de manière plus équitable des jeunes qui proposent, construisent, agissent, plutôt que de stigmatiser une jeunesse en rupture, en délinquance, perdue.


Se reconnaissant dans les mots de Stéphane Hessel, les indignés de ces dernières années ont également tenté de dire que la société de demain ne pouvait pas se construire sans eux, sans leur donner la parole, sans les associer, sans en faire des acteurs.


Les mesures annoncées par le premier ministre, reprises lors de la présentation du projet de loi « égalité et citoyenneté » au conseil des ministres de ce mercredi 13 avril et rendues publiques lors du 3ème comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté, réunit aujourd’hui à Vaulx-en-Velin, sont censées rassurer et corriger le tir. Elles vont dans le bon sens et ont été généralement saluées comme telles.


Elles mettront certainement fin à des mouvements déjà en perte de souffle et en difficulté d’inventer une suite à leur action qui n’a, jusqu’à présent pas su mobiliser au-delà des cercles militants et des centres villes.


Elles risquent pourtant ne pas suffire dans la durée. Car si elles répondent de manière ponctuelle. Elles ne sont que des réponses partielles.


Elles cherchent à faire pour la jeunesse. Alors que les jeunes revendiquent que l’on construise avec eux…


Là est certainement le cœur des difficultés et des incompréhensions : une sorte de conflit de génération.

 

Denis ADAM, le 13 avril 2016