Collège unique : condition de la réussite

Depuis sa création le collège unique a ses détracteurs et, peu à peu, une organisation par « filières » induite par les options tend à construire des scolarités différentes pour les collégiens. À l’heure du socle commun et de la reconstruction d’une École de la réussite de tous, la réforme du collège s’impose. Seul le renforcement d’un collège unique permettant l’acquisition, le développement, le renforcement des mêmes compétences pour tous, garantit l’égalité des élèves, évite une École à deux vitesses et la logique de l’élitisme.

Échelon d’importance de la scolarité, le collège pose de nombreuses questions et nécessite un travail en profondeur.

Le paradoxe principal relève de la place même du collège entre l’école primaire et le lycée.

Son appartenance « au second degré », le situe souvent comme un « pré-lycée », préparant le choix des filières, des voies, des baccalauréats, des suites possibles (ou non) dans l’enseignement supérieur. Dans cette conception, le collège peut s’apparenter à une étape de sélection, une étape –voire une épreuve- d’orientation, une gare de triage. Pour ceux qui y accumulent les échecs, il est surtout vécu comme une souffrance qui se répercute sur l’ensemble de l’établissement. Mauvais résultats, mauvais climat scolaire, mauvaise ambiance, mauvaises conditions de travail : élèves et personnels sont prisonniers d’une infernale machine à exclure.

A l’inverse, on peut envisager le collège comme la continuation de l’école primaire, ce qui constitue le socle commun de la scolarité obligatoire. Dans ce cas, les quatre années, bien qu’organisées différemment de l’école, ont vocation à renforcer, développer et faire acquérir les compétences indispensables. Seul un modèle de collège unique peut garantir à tous les élèves cette acquisition et il convient que l’orientation n’intervienne qu’au-delà de cette période. Cette logique est inscrite dans la loi de refondation de l’École de la République, avec le cycle de consolidation CM1-CM2-6e et le conseil commun. La continuité scolaire est une des conditions d’une meilleure réussite pour tous les élèves.

La réforme –qui va être entreprise dans les mois qui viennent- devrait donc aller dans ce sens. Mais son efficacité dépend de plusieurs critères et d’une véritable volonté politique. Celle, avant tout, de maintenir et renforcer le collège unique. Et celle de lui donner les moyens d’un nouvel élan.

La mise en place d’un tronc commun disciplinaire et d’enseignements complémentaires transversaux dans une dynamique de projet débouchant sur des productions (expositions, fils, documents…) est de nature à dynamiser en profondeur une réforme pédagogique. Elle nécessite de la cohérence dans la construction de ces « parcours » et dans la définition des compétences dont ils permettront l’acquisition. Elle demande aussi du temps de travail en commun entre les enseignants et les personnels d’Éducation qui y interviendront. Enfin, une indispensable formation/action sur site sera déterminante pour avancer. Quant à la mobilisation des corps d’inspection et des chefs d’établissement, elle devra être au rendez-vous comme un levier décisif.

Si tout ne se joue pas au collège, il est une étape charnière de la scolarité et correspond à un âge de profonds changements pour les enfants. Inscrire l’éducation dans une démarche qui mobilise la confiance, les situations participatives et coopératives, les approches interdisciplinaires et permet d’appréhender autrement le travail avec les enseignants et les personnels éducatifs, est une manière de participer à leur construction. Et donc de les aider à bien grandir.

N’est-ce pas là la première ambition de lÉducation ? C’est à cet impératif que le collège de demain, le collège unique refondé, doit répondre.

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Depuis sa création le collège unique a ses détracteurs et, peu à peu, une organisation par « filières » induite par les options tend à construire des scolarités différentes pour les collégiens. À l’heure du socle commun et de la reconstruction d’une École de la réussite de tous, la réforme du collège s’impose. Seul le renforcement d’un collège unique permettant l’acquisition, le développement, le renforcement des mêmes compétences pour tous, garantit l’égalité des élèves, évite une École à deux vitesses et la logique de l’élitisme.

Échelon d’importance de la scolarité, le collège pose de nombreuses questions et nécessite un travail en profondeur.

Le paradoxe principal relève de la place même du collège entre l’école primaire et le lycée.

Son appartenance « au second degré », le situe souvent comme un « pré-lycée », préparant le choix des filières, des voies, des baccalauréats, des suites possibles (ou non) dans l’enseignement supérieur. Dans cette conception, le collège peut s’apparenter à une étape de sélection, une étape –voire une épreuve- d’orientation, une gare de triage. Pour ceux qui y accumulent les échecs, il est surtout vécu comme une souffrance qui se répercute sur l’ensemble de l’établissement. Mauvais résultats, mauvais climat scolaire, mauvaise ambiance, mauvaises conditions de travail : élèves et personnels sont prisonniers d’une infernale machine à exclure.

A l’inverse, on peut envisager le collège comme la continuation de l’école primaire, ce qui constitue le socle commun de la scolarité obligatoire. Dans ce cas, les quatre années, bien qu’organisées différemment de l’école, ont vocation à renforcer, développer et faire acquérir les compétences indispensables. Seul un modèle de collège unique peut garantir à tous les élèves cette acquisition et il convient que l’orientation n’intervienne qu’au-delà de cette période. Cette logique est inscrite dans la loi de refondation de l’École de la République, avec le cycle de consolidation CM1-CM2-6e et le conseil commun. La continuité scolaire est une des conditions d’une meilleure réussite pour tous les élèves.

La réforme –qui va être entreprise dans les mois qui viennent- devrait donc aller dans ce sens. Mais son efficacité dépend de plusieurs critères et d’une véritable volonté politique. Celle, avant tout, de maintenir et renforcer le collège unique. Et celle de lui donner les moyens d’un nouvel élan.

La mise en place d’un tronc commun disciplinaire et d’enseignements complémentaires transversaux dans une dynamique de projet débouchant sur des productions (expositions, fils, documents…) est de nature à dynamiser en profondeur une réforme pédagogique. Elle nécessite de la cohérence dans la construction de ces « parcours » et dans la définition des compétences dont ils permettront l’acquisition. Elle demande aussi du temps de travail en commun entre les enseignants et les personnels d’Éducation qui y interviendront. Enfin, une indispensable formation/action sur site sera déterminante pour avancer. Quant à la mobilisation des corps d’inspection et des chefs d’établissement, elle devra être au rendez-vous comme un levier décisif.

Si tout ne se joue pas au collège, il est une étape charnière de la scolarité et correspond à un âge de profonds changements pour les enfants. Inscrire l’éducation dans une démarche qui mobilise la confiance, les situations participatives et coopératives, les approches interdisciplinaires et permet d’appréhender autrement le travail avec les enseignants et les personnels éducatifs, est une manière de participer à leur construction. Et donc de les aider à bien grandir.

N’est-ce pas là la première ambition de lÉducation ? C’est à cet impératif que le collège de demain, le collège unique refondé, doit répondre.