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Collège : des annonces hors du temps des établissements

Des annonces ont été faites par voie de presse par le Ministre de l’éducation nationale à propos de la classe de 6ème. Pour répondre à des difficultés persistantes des élèves en français et en mathématiques, deux nouvelles mesures seront prévues à la rentrée 2023. Ces annonces sans précisions pratiques et matérielles, mettent une fois de plus les personnels en insécurité. Le changement se prépare, s’accompagne. Toute nouvelle mesure suppose des ressources humaines disponibles, dûment rémunérées et formées.

Quelles sont ces mesures nouvelles ?
 
La baisse du niveau général est une préoccupation réelle, révélée par les évaluations annuelles standardisées du Ministère et par les évaluations internationales. La maîtrise de la langue française et les capacités en mathématiques sont toujours au cœur des faiblesses relevées dans ces évaluations. Pour tenter d’y remédier, deux mesures sont envisagées pour la rentrée de septembre 2023 :
 
–       Le dispositif « devoirs faits » deviendra obligatoire pour tous les élèves de 6ème
–       Une heure hebdomadaire de renforcement ou approfondissement en Français et en Mathématiques est ajoutée à l’emploi du temps et assurée par des professeurs des écoles au collège.
 
Quelles questions se posent pour la mise en œuvre de telles mesures ?
 
Les collèges reçoivent leur DHG (Dotation Horaire Globale) fin janvier/ début février de chaque année civile, ce qui permet aux équipes d’encadrement de préparer la rentrée suivante, d’anticiper le fonctionnement et les choix pédagogiques, d’organiser une réflexion collective dans leur établissement. Il va de soi que si ces annonces ne sont pas suivies de hausse des DHG, le ministère imposera alors ses choix aux établissements, balayant toute l’autonomie et le travail collectif des équipes pédagogiques. Ce serait alors inacceptable !
 
La réduction des inégalités sociales et scolaires peut difficilement s’envisager dans un contexte de suppressions de postes dans les établissements. La marge de manœuvre dégagée par une légère baisse démographique des effectifs scolarisés aurait pu et dû être réinvestie pour améliorer les conditions de travail et l’accompagnement des élèves en petit groupes.
 
Faire intervenir des professeurs des écoles au collège est une bonne initiative à condition qu’elle soit sur la base du volontariat, que ce travail supplémentaire soit rémunéré à sa juste valeur, et qu’il s’accompagne de temps de travail de concertation et de formation conjointe avec les professeurs de collège. Les cultures professionnelles entre 1er et 2nd degrés sont bien différentes, elles nécessitent des temps de partage, de réflexion commune sur les approches pédagogiques et les démarches d’apprentissage pour viser un bénéfice pour les élèves. Plutôt que de l’envisager sous le seul prisme du travail supplémentaire, on pourrait offrit aux professeurs des écoles la possibilité d’exercer au collège, en coopération avec les professeurs de collège. Faire ressurgir le dispositif « Plus de Maîtres Que de Classe » et l’adapter au second degré. Il y a déjà de nombreux postes profilés, ce n’en serait que de nouveaux. Mais pour cela, il faut cesser de « profiter de la baisse démographique » pour supprimer des postes, il faut travailler à moyens constants mais à missions différentes.
 
Le dispositif « devoirs faits » repose jusqu’à présent sur des professeurs ou des assistants d’éducation volontaires pour augmenter leur temps de travail. Un plan de formation sur la notion de travail personnel, de méthodologie, de stratégies d’apprentissage doit se déployer à plus grande vitesse afin que le dispositif soit réellement une plus-value pour les élèves. De plus, son caractère obligatoire doit s’accompagner de temps de co-éducation avec les parents. Enfin, on peut se demander si les forces humaines disponibles et volontaires seront au rendez-vous pour tous les 6èmes.
 
L’UNSA Éducation attend avec impatience les précisions concrètes qui permettront de mettre sereinement en œuvre ces annonces ministérielles. L’accompagnement des élèves doit être pensé à l’échelle locale, en lien avec les acteurs associatifs qui agissent sur le territoire, de la manière la plus adaptée aux élèves, et non plaquée à travers un dispositif décidé à Paris sous une forme rigide qui méconnaît les projets existants.
 Si ces annonces sont envisagées à moyens constants, elles déstabiliseront les équipes, leurs choix pédagogiques, et créeront de nouvelles difficultés. Tout le contraire de leurs objectifs premiers, donc.
 
 
 
 
 
 

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