« Changer la vie ! »

Les artistes en se contentent pas de représenter le monde dans lequel ils vivent. Ils veulent aussi, parfois, le transformer.

C’est ce que démontrent Nicolas Martin et Éloi Rousseau dans cet ouvrage très complet, passionnant et intelligemment illustré : Art et politique.


De tous temps, les artistes ont revendiqué leur liberté de pensée, Courbet affirmait n’appartenir qu’au « régime de la liberté », mais le peuvent-ils vraiment?

Au XXe siècle, l’art est de devenu « une arme de persuasion massive » : il n’est qu’à voir les images chocs, les slogans brefs et incisifs utilisés pendant la Première Guerre mondiale pour s’en persuader ! Et les artistes, révoltés par cette expression muselée, ont milité pour un art libre et spontané… Avec Dada et le Surréalisme, les artistes s’opposaient à toutes les forces qui contribuaient à asservir l’esprit humain. Cette opposition les aveuglera dans leur allégeance au Parti communiste…

L’art, nous rappellent les auteurs, a toujours servi d’instrument de propagande : toutes les dictatures ont tenté de créer un nouvel art favorisant une esthétique traditionnelle et académique en étouffant toute forme de création, on pense par exemple aux affiches maoïstes des années 60…Puis dans les années 70 , de nouveaux terrains de luttes politiques se développent : le féminisme, le pacifisme, l’antiracisme, l’écologie… Les mouvements se font subversifs en utilisant l’humour et le détournement d’images, à l’exemple du Sots art, né en Union Soviétique, des Guerrilla Girls qui s’attaquent au machisme dans l’art, du Gran Fury, mouvement qui  voulait changer le regard de la société sur l’homosexualité et le sida.

Hier, les mécènes étaient des princes et des rois, aujourd’hui ce sont les patrons des multinationales de luxe… Dans cette guerre des images où l’industrie finit toujours par récupérer les critiques qui lui sont adressées, les artistes doivent conquérir des nouveaux espaces de liberté. Avec le Street Art, la liberté de ton et l’audace descendent dans la rue, à l’exemple de Bansky, en 2012, à Londres, pendant les JO…  Pour JR, la rue est « la plus grande galerie d’art au monde » et l’art revient à sa fonction première : fait par tous et pour tous…Il donne à voir une population que la société ne veut pas voir…et nous donne à réfléchir et à repenser le monde dans lequel nous vivons, non plus en le rejetant, mais au contraire, en connaissant tous ses codes, afin de les détourner pour mieux nous l’approprier et pour changer la vie, selon les mots de Rimbaud.

Nicolas Martin, Eloi Rousseau, Art et politique, Palette, 2013, 24 €

Vous pouvez feuilleter le livre ici.

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Les artistes en se contentent pas de représenter le monde dans lequel ils vivent. Ils veulent aussi, parfois, le transformer.

C’est ce que démontrent Nicolas Martin et Éloi Rousseau dans cet ouvrage très complet, passionnant et intelligemment illustré : Art et politique.


De tous temps, les artistes ont revendiqué leur liberté de pensée, Courbet affirmait n’appartenir qu’au « régime de la liberté », mais le peuvent-ils vraiment?

Au XXe siècle, l’art est de devenu « une arme de persuasion massive » : il n’est qu’à voir les images chocs, les slogans brefs et incisifs utilisés pendant la Première Guerre mondiale pour s’en persuader ! Et les artistes, révoltés par cette expression muselée, ont milité pour un art libre et spontané… Avec Dada et le Surréalisme, les artistes s’opposaient à toutes les forces qui contribuaient à asservir l’esprit humain. Cette opposition les aveuglera dans leur allégeance au Parti communiste…

L’art, nous rappellent les auteurs, a toujours servi d’instrument de propagande : toutes les dictatures ont tenté de créer un nouvel art favorisant une esthétique traditionnelle et académique en étouffant toute forme de création, on pense par exemple aux affiches maoïstes des années 60…Puis dans les années 70 , de nouveaux terrains de luttes politiques se développent : le féminisme, le pacifisme, l’antiracisme, l’écologie… Les mouvements se font subversifs en utilisant l’humour et le détournement d’images, à l’exemple du Sots art, né en Union Soviétique, des Guerrilla Girls qui s’attaquent au machisme dans l’art, du Gran Fury, mouvement qui  voulait changer le regard de la société sur l’homosexualité et le sida.

Hier, les mécènes étaient des princes et des rois, aujourd’hui ce sont les patrons des multinationales de luxe… Dans cette guerre des images où l’industrie finit toujours par récupérer les critiques qui lui sont adressées, les artistes doivent conquérir des nouveaux espaces de liberté. Avec le Street Art, la liberté de ton et l’audace descendent dans la rue, à l’exemple de Bansky, en 2012, à Londres, pendant les JO…  Pour JR, la rue est « la plus grande galerie d’art au monde » et l’art revient à sa fonction première : fait par tous et pour tous…Il donne à voir une population que la société ne veut pas voir…et nous donne à réfléchir et à repenser le monde dans lequel nous vivons, non plus en le rejetant, mais au contraire, en connaissant tous ses codes, afin de les détourner pour mieux nous l’approprier et pour changer la vie, selon les mots de Rimbaud.

Nicolas Martin, Eloi Rousseau, Art et politique, Palette, 2013, 24 €

Vous pouvez feuilleter le livre ici.