Césars 2020 : « C’est la honte ! »
« C’est la honte ! » Ce sont les paroles de l’actrice Adèle Haenel lorsqu’elle a quitté la cérémonie des Césars qui a attribué à Roman Polanski la récompense de la meilleure réalisation pour son film «J’accuse». Ce prix envoie un très mauvais signal à toutes les victimes de violences sexuelles et sexistes. L’UNSA Éducation, fermement engagée dans la défense des femmes et attachée à l’égalité femmes hommes, estime que par un tel choix, le cinéma français se déshonore.
Le monde du cinéma en France est agité depuis plusieurs mois et la 45e cérémonie des Césars a montré les tensions qui le traversent.
Les violences contre les femmes dans le cinéma
Il y a eu les révélations de l’actrice Adèle Haenel qui a accusé un réalisateur d’attouchements lors d’un tournage lorsqu’elle était adolescente. Son courage a libéré d’autres paroles révélant des comportements sexistes, des violences sexuelles à l’encontre des actrices et plus globalement des femmes dans le milieu du cinéma. Nombreux sont celles et ceux qui se sont alors enfermés dans le silence, voire la dénégation. Mais d’autres, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, ont continué à vouloir abattre ce mur du silence. Une tribune collective, initiée par plusieurs actrices et femmes de cinéma, a dénoncé le manque de transparence de l’académie des Césars et l’absence de femmes et de personnes issues de la diversité dans cette organisation, et plus globalement dans le monde du 7e art. Il faut dire que le choix des 12 nominations pour « J’accuse » de Roman Polanski avait suscité une très forte colère. Accusé de viols à plusieurs reprises, le réalisateur a semblé ainsi bénéficier du soutien d’une partie du monde du cinéma. L’actrice A.Haenel avait parfaitement résumé la situation il y a quelques jours : « le distinguer, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire ce n’est pas si grave de violer des femmes. »
Ces remous ont entraîné la démission collective des membres de l’académie des Césars, mais lors de la 45e cérémonie, le film « J’accuse » a quand même été récompensé. Plusieurs personnes ont quitté la salle, l’animatrice de la soirée, Florence Foresti n’a pas assuré la fin de la cérémonie se disant « écœurée ».
Ce n’est pas que du cinéma
On pourrait penser que ce n’est que du cinéma, qu’il faut séparer l’homme du réalisateur, que l’art ne doit pas être soumis à la pression d’une quelconque censure… Autant d’arguments qui ne cachent qu’une chose : la relativisation des violences faites aux femmes !
Le 7e art a une place particulière dans notre pays : il participe de cette culture que beaucoup nous envie, il a aidé à forger une identité encore forte aujourd’hui. Pour les plus jeunes, actrices et acteurs sont souvent des héroïnes et des héros, et notre imaginaire se construit bien souvent avec les films que l’on regarde. C’est pourquoi Il faut s’interroger avec plus de force encore sur la signification d’une telle récompense.
L’héroïsme vendredi soir n’était pas du côté du monde du cinéma, trop silencieux ou trop complaisant. Il s’incarnait dans celles et ceux qui ont quitté la cérémonie au bon moment, il s’affichait à l’extérieur de la salle Pleyel, où de nombreuses organisations (Osez le féminisme !, le collectif féministe contre le viol, le planning familial, etc.) manifestaient leur colère.
Non ce n’est pas que du cinéma, et oui c’est la honte ! L’UNSA Éducation s’est engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Le harcèlement sexuel, les violences sexuelles et sexistes peuvent toucher tous les milieux, tous les métiers, y compris à l’intérieur de notre propre organisation. C’est pourquoi il faut réaffirmer avec force que l’égalité femmes hommes est une valeur essentielle et que notre fédération s’attache à la défendre dans tous les domaines. Pour nous, pas d’hésitation : il faut une tolérance zéro contre la violence et le harcèlement contre les femmes, il faut condamner la loi du silence et tout comportement sexiste.