Bilan de fin de cycle

2016 s’achève. Avec elle, le quinquennat de François Hollande touche à sa fin. Les quelques mois qui restent serviront à expédier les affaires courantes dans un climat de campagne électorale. Il est donc possible de faire une première évaluation des acquis et des fragilités de cette mandature dans le domaine de l’Education.

Une fois n’est pas coutume, il faut reconnaître que dès son arrivée « aux affaires » l’équipe en charge de l’Education nationale s’est appuyée sur des fondamentaux solides quant aux réformes à envisager. La bonne maîtrise des faiblesses du système scolaire français et les orientations claires des changements à opérer, permettaient la réalisation d’une feuille de route précise. Et même si la concertation de l’été 2012 a légèrement retardé les premières mesures, elle a permis de mesurer les différentes conceptions éducatives en présence.

C’est certainement sur ce point que le gouvernement et le Président de la République auront manqué de maîtrise. En effet, la reculade sur la réforme des rythmes ou la mauvaise évaluation des blocages suscités par les syndicats les plus contestataires, ont laissé plané des doutes, introduit de la confusion et souvent été des freins à des réformes pourtant justes et nécessaires.

Un défaut de communication est également notable et il s’est poursuivi de manière régulière tout au long du quinquennat.

Pour autant les choix réalisés vont dans le sens d’une réelle amélioration du système scolaire et devrait contribuer à plus de justice et une meilleure réussite pour tous les élèves. Ainsi, la reconnaissance de la spécificité de l’école maternelle, la priorité donnée au primaire, le lien renforcé entre école et collège, le socle commun réaffirmé et renouvelé, les nouveau programme du socle, le plus de maîtres que de classes, la nouvelle cartographie de l’éducation prioritaire, la reconstruction d’une formation des enseignants par la création des ESPé, la réforme du collège avec la mise en œuvre d’enseignement pratique interdisciplinaire, les nouvelles formes d’évaluation… sont autant de points positifs, même si certains ne sont pas allés assez loin.

Il faut leur ajouter pour être complet que ces éléments de transformation ont été accompagnés d’une recréation massive de postes (au regard du contexte économique global) et d’une politique de revalorisation de l’ensemble des personnels.

Ces acquis mettent -encore davantage – en évidence les manquent.
Ils sont de trois ordres :

– Les approximations ou tiédeurs par rapport à certaines évolutions, souvent pour tenter de ne pas affronter une opposition de ceux qui -de toute manière- sont opposés à tout changement. Ainsi les notes n’ont pas été clairement supprimées et l’évaluation par compétence reste au milieu du gué, desservi par un outil informatique (L SUN) qui dysfonctionne. De même les ESPé sont encore trop enfermées dans un modèle de formation disciplinaire et n’ont pas pris l’entière mesure de la formation professionnelle (initiale et continue) qu’elles ont mission de dispenser aux enseignants comme aux autres acteurs éducatifs.

– Les sujets non traités comme le bac-3 bac +3 avec une évaluation des réformes du lycée qui n’a débouchée sur rien : le baccalauréat demeure inchangé malgré ses graves imperfections et toujours aucun plan efficace de résorption de l’échec massif en premières années de licence n’est envisagé. L’enseignement professionnel continue à souffrir d’une image souvent négative de voie de relégation. Quant à la mixité scolaire, elle progresse peu, même si des premières mesures ont été tentées et si les solutions miracles n’existent pas.

– L’oubli massif des autres domaines ministériels. L’enseignement supérieur et la recherche ont été le parent pauvre de cette mandature -comme de la précédente d’ailleurs- avec une loi ESR prolongeant la loi LRU sans en corriger les méfaits ne permettant pas une véritable gouvernance démocratique et n’attribuant pas les moyens indispensables à cet enjeu d’avenir.

Le caractère éducatif de « Jeunesse et sports » n’a été nullement reconnu, la gestion par les ministères sociaux conduisant davantage à privilégier les aspects de réparation sociale que ceux de prévention, d’éducation citoyenne, populaire, tout au long de la vie, d’émancipation individuelle et collective.

L’enseignement agricole faute d’être totalement sécurisé dans sa spécificité d’un enseignement initial et professionnel ancré dans le développement et l’animation du territoire rural est encore trop souvent à la merci des réformes de l’Education nationale qui tentent de lui être appliquées alors qu’elles ne font pas sens. 

Enfin, et même si dans un budget en baisse, seul l’éducation artistique et culturelle a vu ses moyens augmentés, la culture n’aura bénéficiée d’aucune nouvelle impulsion durant ces 5 années alors qu’elle est un des leviers essentiels pour permettre de développer le mieux vivre ensemble.

Ainsi, au terme de ce quinquennat le bilan de ce cycle s’évalue par une bonne maitrise des enjeux et des évolutions indispensables pour le système d’Education français. Maitrise qui a été accompagnée par de nombreuses mesures allant dans le sens d’une Ecole plus juste et garantissant davantage de réussite pour toutes et tous et qui doivent être encouragées et prolongées.

Mais il se solde aussi par des manques et des acquisitions partielles qui nécessiteraient d’être approfondies et renforcées.

Enfin, des impasses importantes ont été faites sur des pans importants des missions éducatives de l’Etat et il est plus que temps d’y remédier.

Ce sont ces domaines -pas ou insuffisamment travaillés- qui doivent être désormais au cœur d’une politique d’Education volontariste. Tous reculs ou retours en arrière annuleraient les efforts, mêmes imparfaits, entrepris ces cinq dernières années.

 

Denis ADAM, le 28 décembre 2016
 

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

2016 s’achève. Avec elle, le quinquennat de François Hollande touche à sa fin. Les quelques mois qui restent serviront à expédier les affaires courantes dans un climat de campagne électorale. Il est donc possible de faire une première évaluation des acquis et des fragilités de cette mandature dans le domaine de l’Education.

Une fois n’est pas coutume, il faut reconnaître que dès son arrivée « aux affaires » l’équipe en charge de l’Education nationale s’est appuyée sur des fondamentaux solides quant aux réformes à envisager. La bonne maîtrise des faiblesses du système scolaire français et les orientations claires des changements à opérer, permettaient la réalisation d’une feuille de route précise. Et même si la concertation de l’été 2012 a légèrement retardé les premières mesures, elle a permis de mesurer les différentes conceptions éducatives en présence.

C’est certainement sur ce point que le gouvernement et le Président de la République auront manqué de maîtrise. En effet, la reculade sur la réforme des rythmes ou la mauvaise évaluation des blocages suscités par les syndicats les plus contestataires, ont laissé plané des doutes, introduit de la confusion et souvent été des freins à des réformes pourtant justes et nécessaires.

Un défaut de communication est également notable et il s’est poursuivi de manière régulière tout au long du quinquennat.

Pour autant les choix réalisés vont dans le sens d’une réelle amélioration du système scolaire et devrait contribuer à plus de justice et une meilleure réussite pour tous les élèves. Ainsi, la reconnaissance de la spécificité de l’école maternelle, la priorité donnée au primaire, le lien renforcé entre école et collège, le socle commun réaffirmé et renouvelé, les nouveau programme du socle, le plus de maîtres que de classes, la nouvelle cartographie de l’éducation prioritaire, la reconstruction d’une formation des enseignants par la création des ESPé, la réforme du collège avec la mise en œuvre d’enseignement pratique interdisciplinaire, les nouvelles formes d’évaluation… sont autant de points positifs, même si certains ne sont pas allés assez loin.

Il faut leur ajouter pour être complet que ces éléments de transformation ont été accompagnés d’une recréation massive de postes (au regard du contexte économique global) et d’une politique de revalorisation de l’ensemble des personnels.

Ces acquis mettent -encore davantage – en évidence les manquent.
Ils sont de trois ordres :

– Les approximations ou tiédeurs par rapport à certaines évolutions, souvent pour tenter de ne pas affronter une opposition de ceux qui -de toute manière- sont opposés à tout changement. Ainsi les notes n’ont pas été clairement supprimées et l’évaluation par compétence reste au milieu du gué, desservi par un outil informatique (L SUN) qui dysfonctionne. De même les ESPé sont encore trop enfermées dans un modèle de formation disciplinaire et n’ont pas pris l’entière mesure de la formation professionnelle (initiale et continue) qu’elles ont mission de dispenser aux enseignants comme aux autres acteurs éducatifs.

– Les sujets non traités comme le bac-3 bac +3 avec une évaluation des réformes du lycée qui n’a débouchée sur rien : le baccalauréat demeure inchangé malgré ses graves imperfections et toujours aucun plan efficace de résorption de l’échec massif en premières années de licence n’est envisagé. L’enseignement professionnel continue à souffrir d’une image souvent négative de voie de relégation. Quant à la mixité scolaire, elle progresse peu, même si des premières mesures ont été tentées et si les solutions miracles n’existent pas.

– L’oubli massif des autres domaines ministériels. L’enseignement supérieur et la recherche ont été le parent pauvre de cette mandature -comme de la précédente d’ailleurs- avec une loi ESR prolongeant la loi LRU sans en corriger les méfaits ne permettant pas une véritable gouvernance démocratique et n’attribuant pas les moyens indispensables à cet enjeu d’avenir.

Le caractère éducatif de « Jeunesse et sports » n’a été nullement reconnu, la gestion par les ministères sociaux conduisant davantage à privilégier les aspects de réparation sociale que ceux de prévention, d’éducation citoyenne, populaire, tout au long de la vie, d’émancipation individuelle et collective.

L’enseignement agricole faute d’être totalement sécurisé dans sa spécificité d’un enseignement initial et professionnel ancré dans le développement et l’animation du territoire rural est encore trop souvent à la merci des réformes de l’Education nationale qui tentent de lui être appliquées alors qu’elles ne font pas sens. 

Enfin, et même si dans un budget en baisse, seul l’éducation artistique et culturelle a vu ses moyens augmentés, la culture n’aura bénéficiée d’aucune nouvelle impulsion durant ces 5 années alors qu’elle est un des leviers essentiels pour permettre de développer le mieux vivre ensemble.

Ainsi, au terme de ce quinquennat le bilan de ce cycle s’évalue par une bonne maitrise des enjeux et des évolutions indispensables pour le système d’Education français. Maitrise qui a été accompagnée par de nombreuses mesures allant dans le sens d’une Ecole plus juste et garantissant davantage de réussite pour toutes et tous et qui doivent être encouragées et prolongées.

Mais il se solde aussi par des manques et des acquisitions partielles qui nécessiteraient d’être approfondies et renforcées.

Enfin, des impasses importantes ont été faites sur des pans importants des missions éducatives de l’Etat et il est plus que temps d’y remédier.

Ce sont ces domaines -pas ou insuffisamment travaillés- qui doivent être désormais au cœur d’une politique d’Education volontariste. Tous reculs ou retours en arrière annuleraient les efforts, mêmes imparfaits, entrepris ces cinq dernières années.

 

Denis ADAM, le 28 décembre 2016