Autour du livre : une approche complémentaire qui reste à construire

« Écoles et bibliothèques des collectivités territoriales œuvrent, chacune à leur manière, au développement de la lecture. Mais, faute d’une véritable culture commune, bibliothécaires, documentalistes et enseignants ont encore trop souvent tendance à opposer leurs compétences et leurs ressources plutôt que de les rendre complémentaires », tel est le constat auquel conclue l’inspection générale des bibliothèques dans un rapport remis à la ministre de la culture en décembre dernier.

Si, « heureusement, de nombreuses expériences-pilotes démontrent que le travail en commun sur le terrain est possible et largement profitable pour les enfants et leurs familles », les inspecteurs généraux constatent qu’ « au-delà d’un relatif consensus de principe sur cette complémentarité souhaitée entre les partenaires, les relations des bibliothèques publiques, qu’il s’agisse des bibliothèques municipales et intercommunales ou des bibliothèques départementales, avec le monde de l’école, demeurent marquées par une forme de distance et un souci persistant de différenciation : la lecture-plaisir, « gratuite », opposée à la lecture comme seul vecteur d’apprentissages techniques, la lecture intensive de textes imposés qui a marqué l’origine de la bibliothèque scolaire opposée à la lecture extensive d’œuvres librement choisies à l’intérieur de la bibliothèque publique. »

Ils mettent en évidence que « ces distinctions schématiques, mais encore très marquées dans les discours, et souvent dans les faits, se trouvent renforcées par la construction d’identités professionnelles qui revendiquent toutes une compétence commune sur l’écrit, tout en affirmant des différences quasi-irréductibles : bibliothécaires, enseignants du primaire et du secondaire et professeurs-documentalistes des collèges et des lycées qui devraient avoir partie liée au nom de l’intérêt commun des jeunes et de l’amour partagé de l’écrit sous toutes ses formes communiquent encore trop peu. »

« Or, plaident-ils, bibliothèques comme établissements scolaires se retrouvent sur le chemin de « l’apprendre », puisque la bibliothèque est un lieu où l’on peut apprendre de manière autonome tout au long de la vie. »

Le rapport insiste sur « l’ampleur de l’enjeu, la maîtrise de la lecture et de l’écriture et le rapport des jeunes au livre ». Il « devrait inciter chacun à rechercher les convergences plutôt que les différences catégorielles ». Surtout qu’ « au moment même où la réforme engagée des rythmes scolaires doit mobiliser tous les moyens publics au sein des collectivités territoriales, au moment où le ministère de la culture et de la communication et le ministère de l’éducation nationale font de l’éducation artistique à l’école une priorité, il paraît utile de repenser les relations des bibliothèques publiques avec l’école en faisant le point sur la situation actuelle, les bonnes pratiques identifiées en proposant quelques pistes de travail nouvelles. »

À défaut, « cette distance, cette prise de conscience insuffisante du rôle respectif des bibliothèques publiques et des bibliothèques scolaires face à de tels enjeux, sont de nature à nuire aux principes républicains d’égalité d’accès à l’éducation, au savoir et à l’information ». Ainsi ce sont « les enfants des milieux les plus modestes, qui vivent dans des familles au sein desquelles l’écrit est quasi-absent » qui, de fait sont « ceux qui ont le moins facilement accès à la démarche qui fait franchir le seuil d’une bibliothèque publique. Pour eux, une offre généreuse de lecture à l’intérieur de l’école, tant dans le temps scolaire que dans le temps périscolaire, est essentielle, de même que l’instauration d’un lien fort entre l’établissement dans lequel ils sont scolarisés et les bibliothèques publiques environnantes. Il est regrettable d’assister trop souvent dans ce contexte à une déperdition de moyens par ignorance mutuelle plutôt qu’à une addition de compétences et de ressources ».

« Une chance est à saisir ! » concluent les rapporteurs. Le contexte d’une approche éducative globale qui inclut culture, éducation scolaire et éducation populaire est le seul qui permet de ne pas laisser passer cette chance, de donner du sens à des politiques éducatives de territoires et de véritablement refonder l’Éducation.

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« Écoles et bibliothèques des collectivités territoriales œuvrent, chacune à leur manière, au développement de la lecture. Mais, faute d’une véritable culture commune, bibliothécaires, documentalistes et enseignants ont encore trop souvent tendance à opposer leurs compétences et leurs ressources plutôt que de les rendre complémentaires », tel est le constat auquel conclue l’inspection générale des bibliothèques dans un rapport remis à la ministre de la culture en décembre dernier.

Si, « heureusement, de nombreuses expériences-pilotes démontrent que le travail en commun sur le terrain est possible et largement profitable pour les enfants et leurs familles », les inspecteurs généraux constatent qu’ « au-delà d’un relatif consensus de principe sur cette complémentarité souhaitée entre les partenaires, les relations des bibliothèques publiques, qu’il s’agisse des bibliothèques municipales et intercommunales ou des bibliothèques départementales, avec le monde de l’école, demeurent marquées par une forme de distance et un souci persistant de différenciation : la lecture-plaisir, « gratuite », opposée à la lecture comme seul vecteur d’apprentissages techniques, la lecture intensive de textes imposés qui a marqué l’origine de la bibliothèque scolaire opposée à la lecture extensive d’œuvres librement choisies à l’intérieur de la bibliothèque publique. »

Ils mettent en évidence que « ces distinctions schématiques, mais encore très marquées dans les discours, et souvent dans les faits, se trouvent renforcées par la construction d’identités professionnelles qui revendiquent toutes une compétence commune sur l’écrit, tout en affirmant des différences quasi-irréductibles : bibliothécaires, enseignants du primaire et du secondaire et professeurs-documentalistes des collèges et des lycées qui devraient avoir partie liée au nom de l’intérêt commun des jeunes et de l’amour partagé de l’écrit sous toutes ses formes communiquent encore trop peu. »

« Or, plaident-ils, bibliothèques comme établissements scolaires se retrouvent sur le chemin de « l’apprendre », puisque la bibliothèque est un lieu où l’on peut apprendre de manière autonome tout au long de la vie. »

Le rapport insiste sur « l’ampleur de l’enjeu, la maîtrise de la lecture et de l’écriture et le rapport des jeunes au livre ». Il « devrait inciter chacun à rechercher les convergences plutôt que les différences catégorielles ». Surtout qu’ « au moment même où la réforme engagée des rythmes scolaires doit mobiliser tous les moyens publics au sein des collectivités territoriales, au moment où le ministère de la culture et de la communication et le ministère de l’éducation nationale font de l’éducation artistique à l’école une priorité, il paraît utile de repenser les relations des bibliothèques publiques avec l’école en faisant le point sur la situation actuelle, les bonnes pratiques identifiées en proposant quelques pistes de travail nouvelles. »

À défaut, « cette distance, cette prise de conscience insuffisante du rôle respectif des bibliothèques publiques et des bibliothèques scolaires face à de tels enjeux, sont de nature à nuire aux principes républicains d’égalité d’accès à l’éducation, au savoir et à l’information ». Ainsi ce sont « les enfants des milieux les plus modestes, qui vivent dans des familles au sein desquelles l’écrit est quasi-absent » qui, de fait sont « ceux qui ont le moins facilement accès à la démarche qui fait franchir le seuil d’une bibliothèque publique. Pour eux, une offre généreuse de lecture à l’intérieur de l’école, tant dans le temps scolaire que dans le temps périscolaire, est essentielle, de même que l’instauration d’un lien fort entre l’établissement dans lequel ils sont scolarisés et les bibliothèques publiques environnantes. Il est regrettable d’assister trop souvent dans ce contexte à une déperdition de moyens par ignorance mutuelle plutôt qu’à une addition de compétences et de ressources ».

« Une chance est à saisir ! » concluent les rapporteurs. Le contexte d’une approche éducative globale qui inclut culture, éducation scolaire et éducation populaire est le seul qui permet de ne pas laisser passer cette chance, de donner du sens à des politiques éducatives de territoires et de véritablement refonder l’Éducation.