Autorité

Voici le mot éducatif magique depuis le …12 janvier. La grande manifestation de cohésion nationale se disloquait à peine, que déjà les tenants d’une Education plus ferme demandaient que l’on remette de l’autorité dans l’école, que l’on redonne de l’autorité aux enseignants, que l’on fasse preuve d’autorité vis-à-vis des moindres incivilités… (à commencer par les élèves qui avaient refusé de respecter la minute de silence.)

Car, cela est bien connu, notre système éducatif –aux mains des pédagogistes soixante-huitards- est laxiste. Pire, ayant placé les élèves au cœur du système depuis 1989, il évolue désormais pour leur devenir bienveillant. Après les brimades et les coups, ce sont les notes qui demain seront supprimés pour leur éviter le traumatisme de l’échec. Il ne manquerait plus que l’on demande aux professeurs de dialoguer, voire –quel aberration- de débattre avec les élèves alors qu’ils sont là pour transmettre les connaissances qu’ils possèdent… à la vie scolaire de veiller à ce que cela se fasse dans un climat studieux ! Il suffit pour cela d’un peu d’autorité.

Et pour ne pas demeurer en reste, beaucoup en ont rajouté dans ce sens. Généralement, pas à raison.

Certes, loin d’ici l’idée d’un jeunisme béat qui considérerait que les élèves sont tous des anges et que leurs débordements –lorsqu’ils ont lieu- ne sont que des réponses à la violence de l’institution éducative. Il ne s’agit en rien de nier les élèves, les classes, les établissements difficiles, les cours perturbés, les attitudes qui nécessitent parfois de faire davantage de discipline que d’enseigner sa discipline. Tout cela existe. C’est même la réalité quotidienne de certains endroits. Les causes n’en sont entièrement ni scolaires, ni éducatives. Un faisceau de dysfonctionnements sociaux, économiques, culturelles, se conjuguent avec l’absence d’avenir et l’échec scolaire. L’Education ne peut en être tenu pour seule responsable, elle ne peut pas non plus, s’en dédouaner. Elle doit agir, en proposant des réponses adaptées.

Mais est-ce bien là une question d’autorité ? Ou plus justement, la question de l’autorité de l’Ecole et plus globalement de l’Education est-elle bien posée lorsqu’elle rime exclusivement –ou presque- avec discipline et sanction et ne se conçoit que dans son sens « autoritaire » ?

Rappelons-nous que pour apprendre, il faut en avoir envie.

Il faut avoir une motivation pour laisser à la porte de l’institution éducative ses habits d’enfant, d’adolescent, de jeune, pour endosser ceux d’élève, d’apprenant. Le savoir imposé d’autorité, sans permettre de comprenne ni à quoi il sert, ni où il mène, n’a guère de sens. Encore moins lorsqu’il s’impose à ceux  ne savent pas de quoi sera fait leur lendemain, qui n’ont  comme modèle que des adultes sans emploi, qui vivent la crise, toutes les crises au quotidien et depuis toujours… Seuls ceux qui vivent dans un environnement stabilisé et proche des savoirs académiques peuvent accepter de « subir un passage obligé » qu’ils savent les mener vers la réussite future. Si l’institution demande à chaque jeune un projet, tous n’en sont pas capables. Il faut en effet croire à demain pour pouvoir se projeter.

Or, il revient à l’Education de faire vivre cette confiance en l’avenir. Confiance en soi d’abord. Confiance dans une société qui permet à chacun d’agir. Confiance dans les autres et en l’humanité.

Cette confiance ne peut se construire en étant placée en permanence devant la stigmatisation de l’absence de réussite, la sanction des mauvaises notes, la culpabilisation de l’échec. Sinon la réaction est le rejet, l’opposition –ou pire-  la haine.

La confiance n’est pas la crainte. Elle ne se gagne pas par décision d’autorité.

Elle se construit.

A l’exemple de cet enseignant qui propose une démarche auprès des élèves harceleurs : leur demander comment ils pourraient aider leur victime. Là où, ils imaginent une leçon de morale, une sanction, on leur demande une aide… Voici qui change totalement le regard qu’ils portent sur eux, sur les adultes, sur les autres…

L’éducateur, l’enseignant qui sait établir une relation de confiance avec les enfants, les jeunes avec qui il travaille peut leur demander beaucoup. A la place d’être dans des attitudes d’autorité, il sera reconnu comme un adulte aidant, un éducateur bienveillant, un enseignant attentif.

Bref : il fera autorité. Et c’est peut-être de cette autorité là que nous avons besoin. Elle qu’il faut reconstruire et à laquelle il est urgent que notre système d’Education donne un sens et les conditions (formation, accompagnement,…) pour la faire vivre au quotidien.

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Voici le mot éducatif magique depuis le …12 janvier. La grande manifestation de cohésion nationale se disloquait à peine, que déjà les tenants d’une Education plus ferme demandaient que l’on remette de l’autorité dans l’école, que l’on redonne de l’autorité aux enseignants, que l’on fasse preuve d’autorité vis-à-vis des moindres incivilités… (à commencer par les élèves qui avaient refusé de respecter la minute de silence.)

Car, cela est bien connu, notre système éducatif –aux mains des pédagogistes soixante-huitards- est laxiste. Pire, ayant placé les élèves au cœur du système depuis 1989, il évolue désormais pour leur devenir bienveillant. Après les brimades et les coups, ce sont les notes qui demain seront supprimés pour leur éviter le traumatisme de l’échec. Il ne manquerait plus que l’on demande aux professeurs de dialoguer, voire –quel aberration- de débattre avec les élèves alors qu’ils sont là pour transmettre les connaissances qu’ils possèdent… à la vie scolaire de veiller à ce que cela se fasse dans un climat studieux ! Il suffit pour cela d’un peu d’autorité.

Et pour ne pas demeurer en reste, beaucoup en ont rajouté dans ce sens. Généralement, pas à raison.

Certes, loin d’ici l’idée d’un jeunisme béat qui considérerait que les élèves sont tous des anges et que leurs débordements –lorsqu’ils ont lieu- ne sont que des réponses à la violence de l’institution éducative. Il ne s’agit en rien de nier les élèves, les classes, les établissements difficiles, les cours perturbés, les attitudes qui nécessitent parfois de faire davantage de discipline que d’enseigner sa discipline. Tout cela existe. C’est même la réalité quotidienne de certains endroits. Les causes n’en sont entièrement ni scolaires, ni éducatives. Un faisceau de dysfonctionnements sociaux, économiques, culturelles, se conjuguent avec l’absence d’avenir et l’échec scolaire. L’Education ne peut en être tenu pour seule responsable, elle ne peut pas non plus, s’en dédouaner. Elle doit agir, en proposant des réponses adaptées.

Mais est-ce bien là une question d’autorité ? Ou plus justement, la question de l’autorité de l’Ecole et plus globalement de l’Education est-elle bien posée lorsqu’elle rime exclusivement –ou presque- avec discipline et sanction et ne se conçoit que dans son sens « autoritaire » ?

Rappelons-nous que pour apprendre, il faut en avoir envie.

Il faut avoir une motivation pour laisser à la porte de l’institution éducative ses habits d’enfant, d’adolescent, de jeune, pour endosser ceux d’élève, d’apprenant. Le savoir imposé d’autorité, sans permettre de comprenne ni à quoi il sert, ni où il mène, n’a guère de sens. Encore moins lorsqu’il s’impose à ceux  ne savent pas de quoi sera fait leur lendemain, qui n’ont  comme modèle que des adultes sans emploi, qui vivent la crise, toutes les crises au quotidien et depuis toujours… Seuls ceux qui vivent dans un environnement stabilisé et proche des savoirs académiques peuvent accepter de « subir un passage obligé » qu’ils savent les mener vers la réussite future. Si l’institution demande à chaque jeune un projet, tous n’en sont pas capables. Il faut en effet croire à demain pour pouvoir se projeter.

Or, il revient à l’Education de faire vivre cette confiance en l’avenir. Confiance en soi d’abord. Confiance dans une société qui permet à chacun d’agir. Confiance dans les autres et en l’humanité.

Cette confiance ne peut se construire en étant placée en permanence devant la stigmatisation de l’absence de réussite, la sanction des mauvaises notes, la culpabilisation de l’échec. Sinon la réaction est le rejet, l’opposition –ou pire-  la haine.

La confiance n’est pas la crainte. Elle ne se gagne pas par décision d’autorité.

Elle se construit.

A l’exemple de cet enseignant qui propose une démarche auprès des élèves harceleurs : leur demander comment ils pourraient aider leur victime. Là où, ils imaginent une leçon de morale, une sanction, on leur demande une aide… Voici qui change totalement le regard qu’ils portent sur eux, sur les adultes, sur les autres…

L’éducateur, l’enseignant qui sait établir une relation de confiance avec les enfants, les jeunes avec qui il travaille peut leur demander beaucoup. A la place d’être dans des attitudes d’autorité, il sera reconnu comme un adulte aidant, un éducateur bienveillant, un enseignant attentif.

Bref : il fera autorité. Et c’est peut-être de cette autorité là que nous avons besoin. Elle qu’il faut reconstruire et à laquelle il est urgent que notre système d’Education donne un sens et les conditions (formation, accompagnement,…) pour la faire vivre au quotidien.