Attendus

Evidemment, en cette période, ce sont avant tout les fêtes de fin d’année et leurs lots de cadeaux qui sont très attendus.

Evidemment aussi, et malheureusement, certains n’attendront rien, la pauvreté ou la solitude de leur quotidien ne changeront pas en ces derniers jours de 2017.

Evidemment encore -alors qu’ils attendent, qu’ils espèrent reconstruire une vie nouvelle, paisible et émancipatrice- ceux qui ont quitté la guerre, la misère, les persécutions seront partagés entre le soulagement d’être toujours vivants, la déception d’être mal accueillis dans un pays qui tend à oublier sa tradition humaniste et la crainte d’être triés, humiliés, expulsés, renvoyés à leur condition de malheur sans davantage d’humanité.

Dans ce contexte, entre joie festive et compassion, les questions d’Education n’apparaissent pas prioritaires. Pour autant, parce qu’elles engagent l’avenir, parce qu’elles concernent la capacité à vivre mieux ensemble, parce qu’elles construisent les ferments de notre société, elles sont centrales.

Et dans le domaine éducatif, des actes forts sont attendus.

Le ministre Blanquer s’est fait une spécialité depuis son arrivée de multiplier les annonces, à grand renfort de relais médiatiques. Pour beaucoup, elles ne sont pas bien nouvelles. Souvent, elles ne vont pas avoir de traductions réelles dans les classes. Pour d’autres, elles sont anecdotiques et ne répondent pas aux attentes profondes d’une Ecole qui doit évoluer, d’une Education qui doit être davantage partagée, d’un système éducatif qui doit combattre les inégalités et faire progresser la réussite de toutes et tous.

L’enseignement supérieur vient de publier « les éléments de cadrage national des attendus pour les mentions de licence ». Une cinquantaine de pages pour préciser quels sont les acquis ou aptitudes ou compétences (les choses manquent encore de précision) que devraient posséder les lycéennes et lycéens afin de réussir dans les filières choisies dans le cadre de la poursuite de leurs études. Ce travail est une première étape. Indispensable. Il était -sans jeu de mots- attendu. Impossible en effet de faire un choix d’orientation éclairé quand on ne connait pas ce qui est demandé. Difficile de savoir si on doit bénéficier d’un accompagnement pédagogique lorsqu’on ne peut pas faire le bilan de ses acquis et des attendus.

Evidemment, puisqu’il faut agir vite dans la mise en œuvre dès cette année, le travail mériterait d’être approfondi, affiné, amélioré. Certains attendus seront difficilement mesurables. Ainsi le fait de « disposer de qualités humaines, d’empathie, de bienveillance et d’écoute » pour l’ensemble des filières des métiers de la santé est évident. Comment se juge-t-il ? Moins évident !

Il manque encore les débouchés, le nombre d’inscrits, les taux de réussite. Ce même travail doit également exister pour les DUT et les BTS.

Retravaillé dans un temps moins contraint, il deviendra une référence qui devrait aider à une meilleure orientation choisie et à la construction de parcours de réussite dans l’enseignement supérieur.

Des enjeux indispensables et attendus.

A quand une articulation plus fine avec le lycée et la mise en cohérence d’un parcours débutant dès la classe de seconde ?

A quand la prise en compte d’une réelle complémentarité éducative entre le temps de l’école et celui du périscolaire, au-delà même des rythmes, mais dans la construction partenariale de politiques éducatives sur les territoires ?
A quand un plan ambitieux de formation continue de l’ensemble des acteurs de l’Education prenant en compte les évolutions éducatives et sociétales et permettant le développement professionnel de tous ?

Sur tous ces sujets -et sur bien d’autres de fond- des chantiers devraient être ouverts. Non pour affirmer des décisions déjà prises et des positionnements intangibles. Mais pour mettre au travail l’intelligence collective de toutes celles et de tous ceux qui veulent faire évoluer l’Education vers plus de justice et de réussite.

Ces chantiers tardent à venir. Pourtant, ils sont indispensables et attendus.


 

Denis ADAM, le 20 décembre 2017
 

 

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Evidemment, en cette période, ce sont avant tout les fêtes de fin d’année et leurs lots de cadeaux qui sont très attendus.

Evidemment aussi, et malheureusement, certains n’attendront rien, la pauvreté ou la solitude de leur quotidien ne changeront pas en ces derniers jours de 2017.

Evidemment encore -alors qu’ils attendent, qu’ils espèrent reconstruire une vie nouvelle, paisible et émancipatrice- ceux qui ont quitté la guerre, la misère, les persécutions seront partagés entre le soulagement d’être toujours vivants, la déception d’être mal accueillis dans un pays qui tend à oublier sa tradition humaniste et la crainte d’être triés, humiliés, expulsés, renvoyés à leur condition de malheur sans davantage d’humanité.

Dans ce contexte, entre joie festive et compassion, les questions d’Education n’apparaissent pas prioritaires. Pour autant, parce qu’elles engagent l’avenir, parce qu’elles concernent la capacité à vivre mieux ensemble, parce qu’elles construisent les ferments de notre société, elles sont centrales.

Et dans le domaine éducatif, des actes forts sont attendus.

Le ministre Blanquer s’est fait une spécialité depuis son arrivée de multiplier les annonces, à grand renfort de relais médiatiques. Pour beaucoup, elles ne sont pas bien nouvelles. Souvent, elles ne vont pas avoir de traductions réelles dans les classes. Pour d’autres, elles sont anecdotiques et ne répondent pas aux attentes profondes d’une Ecole qui doit évoluer, d’une Education qui doit être davantage partagée, d’un système éducatif qui doit combattre les inégalités et faire progresser la réussite de toutes et tous.

L’enseignement supérieur vient de publier « les éléments de cadrage national des attendus pour les mentions de licence ». Une cinquantaine de pages pour préciser quels sont les acquis ou aptitudes ou compétences (les choses manquent encore de précision) que devraient posséder les lycéennes et lycéens afin de réussir dans les filières choisies dans le cadre de la poursuite de leurs études. Ce travail est une première étape. Indispensable. Il était -sans jeu de mots- attendu. Impossible en effet de faire un choix d’orientation éclairé quand on ne connait pas ce qui est demandé. Difficile de savoir si on doit bénéficier d’un accompagnement pédagogique lorsqu’on ne peut pas faire le bilan de ses acquis et des attendus.

Evidemment, puisqu’il faut agir vite dans la mise en œuvre dès cette année, le travail mériterait d’être approfondi, affiné, amélioré. Certains attendus seront difficilement mesurables. Ainsi le fait de « disposer de qualités humaines, d’empathie, de bienveillance et d’écoute » pour l’ensemble des filières des métiers de la santé est évident. Comment se juge-t-il ? Moins évident !

Il manque encore les débouchés, le nombre d’inscrits, les taux de réussite. Ce même travail doit également exister pour les DUT et les BTS.

Retravaillé dans un temps moins contraint, il deviendra une référence qui devrait aider à une meilleure orientation choisie et à la construction de parcours de réussite dans l’enseignement supérieur.

Des enjeux indispensables et attendus.

A quand une articulation plus fine avec le lycée et la mise en cohérence d’un parcours débutant dès la classe de seconde ?

A quand la prise en compte d’une réelle complémentarité éducative entre le temps de l’école et celui du périscolaire, au-delà même des rythmes, mais dans la construction partenariale de politiques éducatives sur les territoires ?
A quand un plan ambitieux de formation continue de l’ensemble des acteurs de l’Education prenant en compte les évolutions éducatives et sociétales et permettant le développement professionnel de tous ?

Sur tous ces sujets -et sur bien d’autres de fond- des chantiers devraient être ouverts. Non pour affirmer des décisions déjà prises et des positionnements intangibles. Mais pour mettre au travail l’intelligence collective de toutes celles et de tous ceux qui veulent faire évoluer l’Education vers plus de justice et de réussite.

Ces chantiers tardent à venir. Pourtant, ils sont indispensables et attendus.


 

Denis ADAM, le 20 décembre 2017