Le projet de loi inspiré des mesures de la Convention citoyenne doit être bouclé à la fin du mois de septembre. C’est pourquoi après avoir présenté leur projet en juin dernier, les 150 citoyennes et citoyens tentent dorénavant de convaincre l’ensemble de la société civile, ainsi que les associations, les syndicats et surtout les pouvoirs publics du bien-fondé de leurs préconisations. Une tâche difficile dans le contexte incertain de crise sanitaire : l’UNSA Éducation fait le point.
La convention citoyenne pour le climat a adopté son rapport fin juin 2020 après plusieurs mois de travail : 149 propositions ont été annoncées pour répondre à l’urgence climatique et favoriser une transition écologique juste et équitable en France. Cette expérience démocratique inédite avait pour but de définir des mesures à prendre pour réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le Président de la République a annoncé qu’il approuvait toutes les mesures excepté 3. Cette période de rentrée est donc marquée par la contruction d’un projet de loi qui doit reprendre les demandes des 150 membres de cette convention.
Une expérience démocratique inédite
Il faut rappeler le fonctionnement de la Convention pour le climat : après la crise des Gilets jaunes qui a bouleversé la société française, le gouvernement avait décidé de réunir 150 citoyen·nes tiré·es au sort et illustrant la diversité de la société française. Ils et elles ont eu pour mission de trouver des solutions afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.
C’est en effet ce type de pollution qui est responsable en grande partie du réchauffement climatique. Pour mener à bien cette tâche, les membres de la convention ont travaillé sur plusieurs thématiques en confrontant leurs expériences, mais surtout en faisant appel à des expert·es dans tous les domaines en lien avec la question du climat, des scientifiques, des juristes, etc. Les 150 ont également été aidés par des spécialistes dans le domaine de la participation collective afin de garantir la bonne tenue des débats. C’est une brillante réussite que d’avoir réussi à mener à bien cette expérience, qui s’est déroulée dans le cadre du CESE.
Après 8 mois de travail, 149 propositions ont été adoptées selon plusieurs thématiques :
– Consommer (gestion des déchets des produits, publicité,etc.)
– Produire et travailler (transformations de l’emploi,financement vert,etc.)
– Se déplacer (usages de la voiture, transports en commun, lien travail-déplacement)
– Se loger (rénovation, réduire la consommation d’énergie)
– Se nourrir
Maintenant : le projet de loi
L’opinion publique a accueilli favorablement l’ensemble des mesures, même si certaines d’entre-elles ont focalisé à outrance l’attention et ont été jugées négativement : c’est le cas de la limitation des 110 kms/h sur les autoroutes. D’autres y ont vu l’appel à une écologie punitive qui frapperait les citoyen·nes sans distinction aucune, voire un manifeste pour la décroissance. Il n’en est rien ! Il faut en effet signaler que chacune des 149 mesures est expliquée, détaillée dans un rapport de 460 pages et qu’il faut regarder en profondeur l’ensemble des prescriptions. On voit ainsi que globalement elles sont positives et qu’il est essentiel de les mettre en pratique rapidement. Les 150 participent actuellement aux discussions visant à l’élaboration du projet de loi, et ils et elles doivent rencontrer une cinquantaine d’organisations de toute sorte afin de convaincre le maximum de personnes. Doit-on craindre une loi moins ambitieuse que le projet initial ?
Si le Président de la République et le gouvernement avaient décidé dans un premier temps de retenir presque toutes les mesures proposées, le projet de loi ne devrait finalement reprendre qu’un tiers des mesures : certaines sont déjà présentes dans la loi française, mais surtout d’autres semblent avoir fait les frais du contexte de crise sanitaire et d’un plan de relance centré sur l’économie. On peut craindre que certaines demandes des 150 soient tout simplement abandonnées, ce qui serait regrettable et un mauvais signe pour notre avenir.
Le rôle de l’éducation
Dans le texte de la Convention, les aspects liés à l’éducation n’ont pas été oubliés. Ils concernent avant tout la première thématique « Consommer » avec un objectif intitulé : « faire de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation des leviers d’action de la consommation responsable ». Mais on retrouve les sujets éducatifs dans les autres thématiques, en particulier dans les questions liées au numérique. Le contenu du rapport sur ce point est très riche et il propose de nombreuses pistes concrètes.
L’urgence climatique doit être prise en compte à l’école et la transition écologique ne peut réussir sans une implication plus grande de tous les acteurs du monde éducatif.
C’est pourquoi à l’UNSA Éducation, nous soulignons la richesse du travail mené par la Convention citoyenne pour le climat. Nous serons particulièrement attentifs à la mise en œuvre des mesures proposées, car réussir la transition écologique est un enjeu des plus urgents, et il faut la mener à bien en la conciliant avec la justice sociale.