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Amnesty International dresse le bilan annuel des droits humains

L’UNSA Éducation relaie le Rapport 2022/2023, parution annuelle d’Amnesty International qui dresse un sombre bilan de l’année précédente, tout en pointant des éléments encourageants. Notre Fédération a un partenariat avec Amnesty International qui se bat pour faire respecter l’ensemble des droits inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Depuis plus de 50 ans, Amnesty International regroupe des personnes qui s’engagent pour un monde où chacun et chacune peut se prévaloir de ses droits. Cela représente plus de 10 millions de militants et militantes dans le monde. Ainsi, à travers ses actions, cette organisation s’efforce d’établir un lien entre les victimes de violations de droits humains et des personnes qui, partout dans le monde, s'unissent pour défendre solidairement la justice et la liberté. Quels sont les éléments forts selon Amnesty International pour l’année écoulée ? L’UNSA Éducation fait le point.
Amnesty International

Le 24 février 2022, un tournant dans l’histoire de l’ordre mondial

Le Rapport 2022/2023 souligne qu’après dix ans d’érosion des droits fondamentaux, 2022 a marqué un tournant avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce conflit, d’une ampleur inédite, a révélé les défaillances des institutions internationales, inaptes à prévenir un tel conflit, mais aussi à répondre aux autres crises mondiales et défis majeurs qui se posent à l’échelle planétaire. Face à ce sombre constat, la question se pose : quel monde voulons-nous pour demain ?

Non au “deux poids, deux mesures”

Amnesty International met en évidence l’existence à travers le monde de deux poids, deux mesures en matière de droits humains, ainsi que l’incapacité de la communauté internationale à s’unir autour d’une application systématique des valeurs universelles de protection des droits fondamentaux. En effet, la réaction ferme de l’Occident à l’agression menée par la Russie contre l’Ukraine contraste fortement avec le manque d’actions dignes de ce nom face aux graves violations commises par certains de ses alliés, comme l’Arabie saoudite, l’Égypte et Israël. Le Rapport relève qu’en 2022, ce sont 20 États qui ont connu des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. Citons le cas de la Chine, où des centaines de milliers de personnes musulmanes sont internées, torturées et persécutées dans des camps dits de “transformation par l’éducation”. Ces hommes et ces femmes, Ouïghours ou issus d’autres minorités musulmanes du Xinjiang, vivent l’inimaginable. Malgré ces crimes contre l’humanité présumés, la communauté internationale reste passive.

Le droit international bafoué

Pendant que l’ordre mondial vacille, certains États en profitent pour s’affranchir des règles du droit international. Ainsi, le Rapport dénonce une répression brutale de la dissidence partout dans le monde. Les États ont l’obligation de respecter et protéger les droits fondamentaux des personnes. Or, nombre de gouvernements ont recours pour faire taire les voix dissidentes à une force excessive et parfois mortelle, détention arbitraire, intimidation, harcèlement… Selon Amnesty International, la liberté d’expression a régressé pour plus de 80% de la population mondiale par rapport à 2021. De la même façon, des millions d’hommes et des femmes sont descendus dans la rue à travers le monde en 2022 pour faire valoir pacifiquement leurs droits. Face à leurs revendications légitimes, les États ont trop souvent répondu par la répression et la violence, menaçant alors le droit de manifester.

Haro sur les droits des femmes !

La répression de la dissidence et la marche arrière de certains États dans la protection des droits humains, ont touché de plein fouet les droits des femmes. Aux États-Unis, le 24 juin 2022, la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe V. Wade qui protégeait constitutionnellement le droit à l’avortement depuis 50 ans. Cette décision laisse à chaque État américain la possibilité d’interdire ou non l’IVG, et remet en cause d’autres droits tels que les droits à la vie, à la santé, au respect de la vie privé, à la sécurité et à la non-discrimination de millions de femmes, de filles et d’autres personnes pouvant être enceintes. À la fin de l’année, plusieurs États américains avaient adopté des lois interdisant ou restreignant l’accès à l’avortement. Ailleurs dans le monde, les droits des femmes sont attaqués. C’est le cas de la Pologne, où l’avortement est presque totalement interdit, des militant·es étaient poursuivis en justice pour avoir aidé des femmes à se procurer des pilules abortives. Mais c’est peut-être en Afghanistan, que les droits des femmes ont connu les restrictions les plus draconiennes. Les décrets liberticides pris par les talibans refusent toute autonomie aux femmes, et les privent d’éducation, du droit au travail ou même d’accès aux espaces publics. Enfin, le Rapport 2022/2023 dénonce les nombreux féminicides qui ont lieu chaque jour dans le monde entier… Citons le Mexique où près de 10 femmes ont été assassinées chaque jour l’an dernier.

Et en France ?

Selon Amnesty International, l’année passée a vu la persistance de nombreuses discriminations dans notre pays. L’usage de la force de manière parfois excessive par des policiers est aussi à déplorer. Du côté législatif, la liberté d’association a été restreinte dans la loi relative aux “principes de la République”. Le Rapport note également que la France n’est pas en conformité avec les normes européennes de qualité de l’air. Enfin, la surpopulation dans les prisons est dénoncée en raison des conditions de détention qui y sont parfois inhumaines et dégradantes.

Amnesty International

L’UNSA Éducation soutient les travaux de son partenaire Amnesty International. Le Rapport 2022/2023 présente une situation du respect des droits humains dans le monde compliquée, menacée et même attaquée. L’année 2023 marque les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un document socle né des cendres d’une guerre mondiale. Un texte visionnaire qui doit servir de modèle pour un monde plus juste. Les droits humains doivent servir de boussole aux dirigeant·es du monde entier. Partout, des avancées concrètes témoignent que le combat pour les droits humains porte ses fruits, et insufflent de l’espoir. Partout, des citoyens et citoyennes s’élèvent pour défendre leurs droits ou par soif de démocratie. À l’UNSA Éducation nous sommes convaincu·es que l’École a un rôle essentiel à remplir dans ce combat. Ne cédons pas, agissons.

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