A bas bruit, un dispositif d’aide aux élèves disparaît….

L’Education, c’est politique ! S’il fallait encore le prouver, la carte scolaire 2020, dans toutes ses dimensions, en est un exemple flagrant. Focus sur un seul élément des opérations de carte scolaire : le dispositif Plus de Maitres Que de Classes.

Déjà bien écorché dans nombres de départements depuis l’arrivée d’une nouvelle politique (les dédoublements de CP puis CE1 en REP +), il vit ses dernières heures en cette fin d’année scolaire bien particulière, suppressions massives de ces postes de travail, sans autre forme de débat.

Retour sur un dispositif prometteur, qui n’a pas eu le temps de bénéficier d’un temps long, celui de l’éducation, pas celui du politique.
Une invention récente
« Ce dispositif nouveau repose sur l’affectation dans une école d’un maître supplémentaire. Cette dotation doit permettre la mise en place de nouvelles organisations pédagogiques, en priorité au sein même de la classe. Il s’agit, grâce à des situations pédagogiques diverses et adaptées, de mieux répondre aux difficultés rencontrées par les élèves et de les aider à effectuer leurs apprentissages fondamentaux. Le dispositif ne se substitue pas aux aides spécialisées, qui gardent toute leur pertinence pour les élèves en grande difficulté. La détermination des modalités d’intervention du maître supplémentaire est à définir en équipe, en fonction des besoins des élèves. » (extrait de la circulaire du 18 décembre 2012).
Quand cette circulaire parait, il y a huit ans, peu d’équipes sont prêtes à s’engager dans ce dispositif. Car c’est une petite révolution des mentalités qu’il faut alors opérer, un principe bien installé dans la communauté éducative : un maitre, une classe, une salle de classe, la porte fermée. Ce dispositif novateur a vite été investi par les plus convaincus par le travail collectif. Car, si Le travail collectif est partie intégrante du travail enseignant, il s’est imposé progressivement par les tems de concertation institué mais dans le système scolaire français il n’est pas de coutume d’ouvrir sa porte à l’observation d’un pair. Collaborer, c’est apprendre avec les autres et des autres en réunion entre professionnels mais très rarement en classe en situation de travail. Ça, c’est réservé aux professeurs stagiaires.
Une plus-value certaine
Alors, il a fallu mobiliser des équipes, des formateurs, des conseillers pédagogiques, des inspecteurs, tous accompagnant, réfléchissant pendant des heures de réunions, pour créer les conditions de la co-intervention. Avec une certaine latitude sur les modalités, certains de ces maitres en plus ont d’abord pris des élèves au sein d’une ou plusieurs classes pour leur permettre de travailler en petits groupes avec une attention rapprochée. D’autres se sont accordés du temps d’observation dans les classes, avec la posture du professionnel qui  peut analyser une situation d’apprentissage pour l’améliorer. D’autres encore sont intervenu en même temps à deux dans une même classe, pour réinventer ainsi une nouvelle conception de l’enseignement. Puis il a fallu prendre le temps de l’évaluation, se donner des indicateurs de réussite, mesurer des effets positifs, chercher des facteurs d’efficacité. Un travail sans cesse remis sur le métier, pour avancer pas à pas, par essai, tâtonnement, analyse, ajustement. Ce dispositif a été suivi, observé, analysé par de nombreux chercheurs en sciences de l’éducation. Il a fait l’objet d’un comité de suivi ministériel qui a rendu des rapports annuels, au moins sur ses premières années de mise en place. Il a aussi été scruté par un rapport parlementaire. Tous convergent pour reconnaître l’engagement qui a fait évoluer le travail collectif des équipes, dépassant la simple discussion organisationnelle, pour les pousser à des réflexions au cœur du métier, d’amélioration des pratiques. Malgrè cete convergence d’évaluations positives, le dispositif est sacrifié.
Balayé !
Pour en revenir à la carte scolaire 2020, on peut dire que ce sera celle qui a mis le coup de grâce au dispositif Plus de Maître Que de Classe. Déjà fortement attaqué depuis 2017 (année du changement politique à la tête de l’Etat), les derniers postes consacrés au dispositif disparaissent les uns après les autres. Et quand il en restait encore quelques-uns , ce sera 0 à la rentrée 2020. Facile, à bas bruit, de supprimer ce type de poste, car il ne supprime pas de classe, ce qui est cher à tous les élus locaux. Il en est malheureusement de même pour tous les postes de dispositifs d’aides, comme les RASED. Qui ira,  à part les délégués syndicaux des personnels, crier au scandale sur la qualité de l’enseignement mis à mal, par le sacrifice des dispositifs d’aide aux élèves ? Mais c’est nier tout le travail des équipes, et balayer sans reconnaissance pour ce travail accompli au profit de la réussite scolaire des plus fragiles, un dispositif pour en instaurer un autre…..jusqu’à quand… ? Sans doute quand sera venu un autre changement politique !

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L’Education, c’est politique ! S’il fallait encore le prouver, la carte scolaire 2020, dans toutes ses dimensions, en est un exemple flagrant. Focus sur un seul élément des opérations de carte scolaire : le dispositif Plus de Maitres Que de Classes.

Déjà bien écorché dans nombres de départements depuis l’arrivée d’une nouvelle politique (les dédoublements de CP puis CE1 en REP +), il vit ses dernières heures en cette fin d’année scolaire bien particulière, suppressions massives de ces postes de travail, sans autre forme de débat.

Retour sur un dispositif prometteur, qui n’a pas eu le temps de bénéficier d’un temps long, celui de l’éducation, pas celui du politique.
Une invention récente
« Ce dispositif nouveau repose sur l’affectation dans une école d’un maître supplémentaire. Cette dotation doit permettre la mise en place de nouvelles organisations pédagogiques, en priorité au sein même de la classe. Il s’agit, grâce à des situations pédagogiques diverses et adaptées, de mieux répondre aux difficultés rencontrées par les élèves et de les aider à effectuer leurs apprentissages fondamentaux. Le dispositif ne se substitue pas aux aides spécialisées, qui gardent toute leur pertinence pour les élèves en grande difficulté. La détermination des modalités d’intervention du maître supplémentaire est à définir en équipe, en fonction des besoins des élèves. » (extrait de la circulaire du 18 décembre 2012).
Quand cette circulaire parait, il y a huit ans, peu d’équipes sont prêtes à s’engager dans ce dispositif. Car c’est une petite révolution des mentalités qu’il faut alors opérer, un principe bien installé dans la communauté éducative : un maitre, une classe, une salle de classe, la porte fermée. Ce dispositif novateur a vite été investi par les plus convaincus par le travail collectif. Car, si Le travail collectif est partie intégrante du travail enseignant, il s’est imposé progressivement par les tems de concertation institué mais dans le système scolaire français il n’est pas de coutume d’ouvrir sa porte à l’observation d’un pair. Collaborer, c’est apprendre avec les autres et des autres en réunion entre professionnels mais très rarement en classe en situation de travail. Ça, c’est réservé aux professeurs stagiaires.
Une plus-value certaine
Alors, il a fallu mobiliser des équipes, des formateurs, des conseillers pédagogiques, des inspecteurs, tous accompagnant, réfléchissant pendant des heures de réunions, pour créer les conditions de la co-intervention. Avec une certaine latitude sur les modalités, certains de ces maitres en plus ont d’abord pris des élèves au sein d’une ou plusieurs classes pour leur permettre de travailler en petits groupes avec une attention rapprochée. D’autres se sont accordés du temps d’observation dans les classes, avec la posture du professionnel qui  peut analyser une situation d’apprentissage pour l’améliorer. D’autres encore sont intervenu en même temps à deux dans une même classe, pour réinventer ainsi une nouvelle conception de l’enseignement. Puis il a fallu prendre le temps de l’évaluation, se donner des indicateurs de réussite, mesurer des effets positifs, chercher des facteurs d’efficacité. Un travail sans cesse remis sur le métier, pour avancer pas à pas, par essai, tâtonnement, analyse, ajustement. Ce dispositif a été suivi, observé, analysé par de nombreux chercheurs en sciences de l’éducation. Il a fait l’objet d’un comité de suivi ministériel qui a rendu des rapports annuels, au moins sur ses premières années de mise en place. Il a aussi été scruté par un rapport parlementaire. Tous convergent pour reconnaître l’engagement qui a fait évoluer le travail collectif des équipes, dépassant la simple discussion organisationnelle, pour les pousser à des réflexions au cœur du métier, d’amélioration des pratiques. Malgrè cete convergence d’évaluations positives, le dispositif est sacrifié.
Balayé !
Pour en revenir à la carte scolaire 2020, on peut dire que ce sera celle qui a mis le coup de grâce au dispositif Plus de Maître Que de Classe. Déjà fortement attaqué depuis 2017 (année du changement politique à la tête de l’Etat), les derniers postes consacrés au dispositif disparaissent les uns après les autres. Et quand il en restait encore quelques-uns , ce sera 0 à la rentrée 2020. Facile, à bas bruit, de supprimer ce type de poste, car il ne supprime pas de classe, ce qui est cher à tous les élus locaux. Il en est malheureusement de même pour tous les postes de dispositifs d’aides, comme les RASED. Qui ira,  à part les délégués syndicaux des personnels, crier au scandale sur la qualité de l’enseignement mis à mal, par le sacrifice des dispositifs d’aide aux élèves ? Mais c’est nier tout le travail des équipes, et balayer sans reconnaissance pour ce travail accompli au profit de la réussite scolaire des plus fragiles, un dispositif pour en instaurer un autre…..jusqu’à quand… ? Sans doute quand sera venu un autre changement politique !