25 ans à peine, 25 ans déjà

L’internet a … 25 ans. Les vieux comme moi, se souviendront de son arrivée d’abord chez les rares spécialistes avant de s’imposer pour monsieur et madame tout-le-monde.

L’internet a … 25 ans.

Les vieux comme moi, se souviendront de son arrivée d’abord chez les rares spécialistes avant de s’imposer pour monsieur et madame tout-le-monde.

Il y a 25 ans –et ce depuis les années 1980- chaque fin août, à l’invitation de la ligue de l’enseignement, nous découvrions à l’université d’été de la communication à Hourtin les nouveautés de ce que serait la révolution numérique alors que dans bien des écoles les TO 7 et MO5 du plan « informatique pour tous » étaient restés dans les cartons, faute de formation des enseignants, faute de conviction des politiques, faute de vision d’avenir.

Il y a 25 ans –et jusque dans les années 2000- pratiquement 9 millions de foyers français (soit 25 millions de personnes sur 55 millions d’habitants) étaient connectés au Minitel, et pas uniquement pour l’annuaire téléphonique…

Il y a 25 ans se développe en France le premier téléphone portable destiné à un public en « mobilité urbaine », il concerne 0,6% des abonnements téléphoniques.

Puis vint l‘Internet, …enfin son usage public (car le système fonctionnait déjà pour les domaines de la recherche ou à des fins militaires).

Il fut immédiatement adopté par certains. Porté aux nues par quelques-uns. Vilipendé par d’autres. La plupart l’ont découvert en fait avec curiosité.

Dans un reportage télévisuel sur les débuts d’internet, datant de 1995, ressorti par l’Institut français de l’audiovisuel (l’INA) à l’occasion de cet anniversaire, on peut entendre le reporter de France 3 s’extasier : « On trouve tout, absolument tout ». « On se perd assez vite dedans, confirme un jeune homme interrogé devant un PC. Au départ on veut chercher quelque chose et puis au final on tombe sur d’autres choses intéressantes. C’est pas qu’on se perd mais on ne sait plus où donner de la tête. » « C’est vraiment bien », conclut-il.

Je me souviens que cette même année, dans la direction départementale « jeunesse et sports » où j’étais en poste, nous avions cherché à convaincre notre directeur de l’intérêt d’installer une connexion. Il était revenu un matin avec cette réponse : « j’ai repensé à votre demande pour Internet, on peut faire mettre des étagères dans votre bureau. » Comme pour le reste des nouveautés informatiques, il l’avait conçu en terme de machines à ranger, à stocker, à installer… Absolument pas en terme de connexion à un réseau. Encore moins comme une nouvelle manière de communiquer, de réfléchir, d’agir.

Que de chemin parcouru en 25 ans.

Les plus jeunes n’imaginent même pas un monde sans Internet -ou vaguement comme l’on peut se représenter la préhistoire ou le moyen-âge.

Au-delà, le phénomène du web touche l’ensemble de la population : plus de 40% de la population mondiale utilise internet, 78% de la population dans les pays développés (chiffres de 2014 en évolution exponentielle permanente).

La question n’est plus de l’utiliser ou non, mais de savoir quels usages ont en fait.

L’Internaute n’est-il qu’un consommateur enfermé dans un univers limité et défini de manière algorithmique ? A-t-il la possibilité de s’ouvrir à un monde plus large, à des pensées diversifiées, aux autres ? Peut-il protéger sa vie privée ? Sait-il faire usage de libre arbitre et d’esprit critique ? Peut-il agir en citoyen ?

Les réponses à ces questions dépendent de choix et nécessitent de développer des compétences techniques et « opérationnelles » mais qui s’articulent « à deux valeurs fondamentales, la critique et la création » comme le précise Christian Gautellier dans l’avant-propos du n°563 de juillet 2016 de la revue des Ceméa « Vers l’Education nouvelle ».

Ces compétences s’acquièrent et s’enrichissent dans une pratique accompagnée. Utiliser l’Internet dans les démarches pédagogiques sert à la fois à apprendre à trouver des ressources et à apprendre à coopérer, partager, interagir. C’est donc à la fois apprendre avec Internet et apprendre Internet.

Une double démarche d’autant plus indispensable dans un univers numérique en constante évolution et dont personne ne pourrait dire ce qu’il sera quand les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain, …dans 25 ans.

Denis ADAM, le 24 août 2016

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L’internet a … 25 ans.

Les vieux comme moi, se souviendront de son arrivée d’abord chez les rares spécialistes avant de s’imposer pour monsieur et madame tout-le-monde.

Il y a 25 ans –et ce depuis les années 1980- chaque fin août, à l’invitation de la ligue de l’enseignement, nous découvrions à l’université d’été de la communication à Hourtin les nouveautés de ce que serait la révolution numérique alors que dans bien des écoles les TO 7 et MO5 du plan « informatique pour tous » étaient restés dans les cartons, faute de formation des enseignants, faute de conviction des politiques, faute de vision d’avenir.

Il y a 25 ans –et jusque dans les années 2000- pratiquement 9 millions de foyers français (soit 25 millions de personnes sur 55 millions d’habitants) étaient connectés au Minitel, et pas uniquement pour l’annuaire téléphonique…

Il y a 25 ans se développe en France le premier téléphone portable destiné à un public en « mobilité urbaine », il concerne 0,6% des abonnements téléphoniques.

Puis vint l‘Internet, …enfin son usage public (car le système fonctionnait déjà pour les domaines de la recherche ou à des fins militaires).

Il fut immédiatement adopté par certains. Porté aux nues par quelques-uns. Vilipendé par d’autres. La plupart l’ont découvert en fait avec curiosité.

Dans un reportage télévisuel sur les débuts d’internet, datant de 1995, ressorti par l’Institut français de l’audiovisuel (l’INA) à l’occasion de cet anniversaire, on peut entendre le reporter de France 3 s’extasier : « On trouve tout, absolument tout ». « On se perd assez vite dedans, confirme un jeune homme interrogé devant un PC. Au départ on veut chercher quelque chose et puis au final on tombe sur d’autres choses intéressantes. C’est pas qu’on se perd mais on ne sait plus où donner de la tête. » « C’est vraiment bien », conclut-il.

Je me souviens que cette même année, dans la direction départementale « jeunesse et sports » où j’étais en poste, nous avions cherché à convaincre notre directeur de l’intérêt d’installer une connexion. Il était revenu un matin avec cette réponse : « j’ai repensé à votre demande pour Internet, on peut faire mettre des étagères dans votre bureau. » Comme pour le reste des nouveautés informatiques, il l’avait conçu en terme de machines à ranger, à stocker, à installer… Absolument pas en terme de connexion à un réseau. Encore moins comme une nouvelle manière de communiquer, de réfléchir, d’agir.

Que de chemin parcouru en 25 ans.

Les plus jeunes n’imaginent même pas un monde sans Internet -ou vaguement comme l’on peut se représenter la préhistoire ou le moyen-âge.

Au-delà, le phénomène du web touche l’ensemble de la population : plus de 40% de la population mondiale utilise internet, 78% de la population dans les pays développés (chiffres de 2014 en évolution exponentielle permanente).

La question n’est plus de l’utiliser ou non, mais de savoir quels usages ont en fait.

L’Internaute n’est-il qu’un consommateur enfermé dans un univers limité et défini de manière algorithmique ? A-t-il la possibilité de s’ouvrir à un monde plus large, à des pensées diversifiées, aux autres ? Peut-il protéger sa vie privée ? Sait-il faire usage de libre arbitre et d’esprit critique ? Peut-il agir en citoyen ?

Les réponses à ces questions dépendent de choix et nécessitent de développer des compétences techniques et « opérationnelles » mais qui s’articulent « à deux valeurs fondamentales, la critique et la création » comme le précise Christian Gautellier dans l’avant-propos du n°563 de juillet 2016 de la revue des Ceméa « Vers l’Education nouvelle ».

Ces compétences s’acquièrent et s’enrichissent dans une pratique accompagnée. Utiliser l’Internet dans les démarches pédagogiques sert à la fois à apprendre à trouver des ressources et à apprendre à coopérer, partager, interagir. C’est donc à la fois apprendre avec Internet et apprendre Internet.

Une double démarche d’autant plus indispensable dans un univers numérique en constante évolution et dont personne ne pourrait dire ce qu’il sera quand les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain, …dans 25 ans.

Denis ADAM, le 24 août 2016