RDVA : une journée d’intelligence collective sur l’intelligence artificielle
Plusieurs dizaines de collègues, représentant tous les métiers de l’éducation et issus de tous les départements de l’académie, se sont retrouvés dès le début de la matinée pour s’emparer de cette question qui bouscule notre système éducatif, et plus largement la société. « Comme professionnels, nous ne pouvons ni ignorer ces changements, ni attendre d’être dépassés, a rappelé la secrétaire régionale de l’Unsa Éducation, Agnès Rose Da Costa. C’est maintenant que se jouent les choix éthiques, politiques et éducatifs qui façonneront nos pratiques de demain. L’IA pose des questions qui traversent tous nos métiers : décrochage, données de santé, correction automatisée, affectation, gestion… »
Pour aller plus loin : notre fédération a été auditionnée sur la place de l’IA dans l’éducation
Pour se mettre en jambes, les participants ont participé à un quiz qui a permis à chacun de faire le point sur ces connaissances : « Une IA peut-elle être responsable juridiquement de ses erreurs ? » « L’IA générative est-elle forcément biaisée ? » Sur la question des conséquences de l’IA sur l’emploi, les premiers débats ont agité la salle, avec la perspective de voir de nombreux métiers disparaître dans une concurrence perdue d’avance entre l’humain et la machine.
Ont suivi des ateliers qui proposaient d’aborder le thème de la journée sous différents angles, comme celui des données personnelles ou de l’IA générative au quotidien. Dans son atelier dédié au rapport entre IA et santé, Leïla Nadji, pyschologue consultante senior en santé et en conditions de travail, a alerté sur les conséquences de l’utilisation de l’IA dans nos métiers et les risques psycho-sociaux qui en découlaient, avec notamment une nouvelle appréhension du facteur temps.
L’après-midi a été consacrée à une intervention de Thierry Brouard, vice-président de l’Université de Tours en charge du numérique et de l’IA. Une intervention passionnante mais dépassionnée : s’appuyant sur les racines de cette technologie, le chercheur a pris soin de défricher ce qui reste pour beaucoup une terra incognita en formulant un constat clair : « Si on ne comprend pas comment elle fonctionne, on l’utilise mal. » Après s’être attaché à distinguer l’IA prédictive, celle qui nous recommande des films sur certaines plateformes bien connues, de l’IA générative, qui fabrique du contenu, Thierry Brouard a pris ensuite le temps d’expliquer les limites de cette technologie, en particulier les « hallucinations » qu’il définit comme « une réponse fausse, trompeuse ou inventée qui est présentée comme un fait certain par le système d’IA avec un taux confiant et plausible », comme ce Norvégien qui a découvert que ChatGPT l’accusait d’avoir tué ses deux enfants.
Thierry Brouard a également mis en lumière des problèmes éthiques et moraux qui doivent nous interroger, en tant que professionnels de l’éducation, sur notre utilisation de l’IA, comme le fait que certains modèles associent davantage des adjectifs négatifs à certains prénoms ou origines ethniques, ou le fait que les questions traitant de culture sont souvent renvoyées par défaut à la culture européenne et américaine.
Toujours enseignant, il a partagé avec l’assemblée son utilisation professionnelle de l’IA, comme son appui dans les travaux de correction ou dans l’adaptation de ses contenus d’enseignement pour des élèves à besoins particuliers.
Un partage d’expériences à l’image de cette journée.
