Budget prévisionnel de l’AEFE 2024 insuffisant

Avant toute chose, permettez-nous d’avoir des pensées toutes particulières pour nos collègues et les membres des communautés éducatives de Tel Aviv, Jérusalem, Ramallah mais aussi d’Ukraine, de Russie et du Sahel.
Empathique, à l’écoute, concernée, réfléchie et professionnelle. Voilà quelques-uns des qualificatifs qui sont, madame la directrice générale, utilisés par nombre de vos interlocuteurs depuis votre prise de fonction porteuse d’espoir et de renouveau.
Mais nous ne sommes pas là ni pour composer des éloges trop flatteurs, ni pour, à l’inverse, noircir le trait critique à l’excès.
Et malheureusement ce budget initial 2024 qui nous est présenté ce jour ne peut que raviver nos inquiétudes voire notre colère et attiser notre vigilance. Pour 2024, la subvention du programme 185 de l’AEFE est en hausse de 8 M€ passant à 455 M€. Mais dans le même temps la part de la subvention dans le budget global de l’AEFE ne cesse de baisser pour atteindre à peine 47%. Les charges de personnels des seuls services centraux augmentent de 19,6 M€. Cette augmentation de la subvention ne compense même pas les coûts engendrés par la réécriture du Décret 2002-22. Quelle compensation pour les revalorisations salariales décidées par le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse ? (+ 5 points d’indice en janvier 2024, doublement de l’ISOE et de l’ISAE) : aucune. Quelle compensation pour le GVT inhérent à la structure même de l’AEFE ? : aucune. Quelle compensation pour les charges de pensions civiles qui atteignent cette année près de 178 M€ pour une compensation à hauteur de moins de 120 M€ en 2010, charges qui créent un déficit structurel ? : aucune. Quelle compensation pour la nécessaire réévaluation de l’enveloppe ISVL/ICCVL rendue nécessaire dans un contexte inflationniste, sans parler des indemnités dues aux personnels ? : aucune.
Que dire de l’objectif de doublement des effectifs à l’horizon 2030, alors qu’aucune subvention pour charges d’investissement ne figure dans ce budget initial. Quelle structure peut répondre à un objectif aussi ambitieux sans pouvoir investir ? : aucune.
Vous avez récemment, madame la directrice générale, parlé un langage de vérité dans un organe de presse des français de l’étranger. Nous pensons comme vous que l’objectif présidentiel de doublement des effectifs à l’horizon 2030 est inatteignable dans la trajectoire de développement actuelle qui fait la part trop belle à la cavalcade d’homologation sans frein et renforce nos concurrents sans garantir la pérennité de nos établissements historiques.
Que dire enfin de cette sentence répétée à l’envie: le développement se fera aussi et prioritairement par la densification de l’actuel réseau homologué et le réseau des EGD est le cœur du réseau des EFE ? Des EGD qui sont privés de toute capacité d’emprunter et ainsi de toute capacité de développement ou simple remise à niveau de leur parc immobilier. EGD qui sont englués dans des contrôles administratifs, budgétaires ou comptables qui ralentissent à l’extrême leur réactivité et en font des structures lourdes et incapables de répondre à leurs besoins pourtant clairement identifiés et partagés par l’ensemble de leur communauté éducative y compris leurs parents d’élèves. Car si l’EGD est le cœur du système, on a le sentiment à l’UNSA Éducation, que nos tutelles et notamment notre tutelle financière à Bercy en est son cholestérol qui ne cesse d’obstruer son besoin en oxygène.
La tâche qui vous attend madame la directrice générale, n’épargne que rarement les critiques : la défense de l’opérateur public et son rôle central dans l’animation du réseau réclame de revoir le modèle de gouvernance déséquilibré de l’AEFE qui est aujourd’hui confrontée à des déficits récurrents.
A l’heure où le MEAE s’est vu doté de moyens conséquents en ETP et en budgets, à l’heure où les états généraux de la diplomatie ont permis de réaffirmer la nécessité d’une diplomatie d’influence forte nous sommes intimement persuadés qu’il est temps d’infléchir la donne actuelle et qu’il est vital pour ce magnifique réseau des établissements français de l’étranger d’arracher enfin des griffes de Bercy des moyens supplémentaires.
Nous serons donc attentifs aux efforts qui seront faits pour permettre notamment à nos établissements de se doter des moyens d’investir, pour que notre parc immobilier puisse rester attractif et sécurisé et que les rénovations nécessaires soient menées à bien.
Nous serons également exigeants pour réclamer que vous soyez aux côtés des personnels qui revendiquent une valorisation des métiers de l’éducation et de la coopération éducative, de ceux qui enseignent comme de ceux qui dirigent ou assurent des fonctions de soutien éducatif.