[Académie de Poitiers] « Des choix loin des ambitions … »
L’annulation de la suppression de 4000 postes d’enseignants, l’annonce de la création de 2000 postes d’AESH tout comme l’abandon des deux jours de carence supplémentaires pour les fonctionnaires pourraient être une bonne nouvelle.
Pourtant, cela se traduit aujourd’hui, dans l’académie de Poitiers par la suppression de 30 postes dans le premier degré et de 85 postes dans le second degré.
Si la baisse des effectifs est certaine et importante, la dotation dans le premier degré ne permettra pas de résoudre les difficultés en matière de moyens de remplacement (jeudi dernier 85 classes sans enseignants sur le département de la Vienne) et d’accompagnement des élèves les plus fragiles.
Dans un premier temps, la restructuration du réseau des petites écoles dans les territoires ruraux devient indispensable et nous rappelons une fois de plus que nous sommes opposés au maintien des écoles à une classe.
Le regroupement des petites écoles (1 à 2 classes) en pole éducatif doit permettre de rendre plus efficace le travail collectif, d’encourager les regards croisés et la solidarité entre les professionnels.
Dans un second temps, l’implantation de structures de soin et d’accompagnement en proximité de ses poles rendus plus durables doit être encouragée.
Créer des postes d’enseignants est certes nécessaire, mais permettre à chaque jeune de vivre une scolarité épanouie tient aussi au soutien social, médical et psychologique dont il pourrait avoir besoin. De ce côté, c’est insuffisant.
Les postes d’enseignants ne remplaceront pas non plus les places en ITEP, dont nous avons pu dénoncer le manque à de nombreuses reprises sur les 4 départements de l’académie.
Dans le second degré, avec la suppression de 57 postes en lycées, c’est précisément 1,3 poste qui est supprimé quand 8 élèves disparaissent. Quand dans nos instances, nous faisons le constat du manque d’ambition et des difficultés dans la construction du projet d’orientation de nos jeunes, il est certain que de telles conditions vont obérer leurs chances de réussite et notamment des plus fragiles.
Dans les collèges, la suppression de 83 postes amplifiés par le choc des savoirs encore actif en 6ème et 5ème dit tout de la non prise de conscience de nos décideurs quant aux choix politiques à adopter. Alors qu’il est montré que la structure collège contribue à creuser les écarts et à amplifier le déterminisme social, on fait le choix de la fragiliser davantage, trop souvent au profit du privé. Il faut au contraire investir davantage, offrir une plus value pédagogique et éducative pour encourager des évolutions du réseau des collèges et des structures dans le sens de davantage de mixité sociale et scolaire.
Regarder le budget 2025 en se focalisant sur le nombre de postes d’enseignants occulte souvent les informations sur ceux que l’on nomme parfois, les invisibles ou les indirects. La suppression d’un poste administratif pour notre académie n’est ni insignifiant, ni anecdotique.
C’est tout le système qui repose sur ces personnels administratifs, ce sont eux qui garantissent la confiance avec l’institution, de la gestion de leur carrière à leur demande de retraite, de leur mobilité géographique à leur mobilité professionnelle, du suivi du dossier de demande de bourse à la gestion comptable d’un EPLE.
Alors que Madame La Ministre en CSAMEN relevait la cohérence du rapport du sénateur PACAUD qui soulignait la sous administration de l’EN au regard d’autres ministères, elle fait le choix de ne rien faire…
L’Unsa Education a voté contre ces dotations lors du CSA Académique qui s’est déroulé ce matin.
Les enjeux sont cruciaux et sont connus. L’éducation est au cœur de la cohésion sociale et de l’avenir de notre République. Tous ses métiers concourent au bon fonctionnement du service public. Face à cette situation, notre organisation appelle le gouvernement à agir avec détermination, en plaçant les politiques éducatives et de jeunesse au sommet des priorités nationales et en renforçant un dialogue social respectueux.