Que cache la précarité ?

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83% des répondants exercent auprès d’un public au moins en partie précaire.
La précarité est partout. Et c’est donc fort logiquement qu’une grande partie des professionnels de l’éducation y sont confrontés. Vous êtes 46% à avoir le sentiment de travailler auprès d’un public en grande part ou complètement précaire. D’après l’INSEE, 21% des moins de 18 ans sont pauvres (soit près d’ 1 jeune sur 5).
Près d’un quart des personnels est concerné directement ou a un proche concerné par la précarité.
Un autre tiers se dit inquiet de basculer dans la précarité. Le chiffre est édifiant et révèle la fragilité de la situation financière et sociale d’une part importante de nos collègues. Mais comment bascule-t-on dans la grande pauvreté ? Il suffit parfois d’un événement, d’un “accident de la vie” pour que tout change. C’est ce qu’on appelle une “trappe à pauvreté” (un exemple : si le véhicule que vous devez utiliser pour aller travailler tombe en panne, que vous n’avez pas les moyens de le faire réparer, vous pouvez perdre votre emploi. Vous étiez pauvre, vous devenez précaire). Ce concept a été détourné de façon très cynique par des économistes qui parlent de “trappe à chômage” ou de “trappe à inactivité”. Ces concepts sous-entendent qu’aider les précaires les inciterait à rester inactifs. Cette thèse est infirmée par de nombreux travaux de recherche mais reste très répandue. Aider les personnes lorsqu’elles sont en grande difficultés et au contraire bénéfique pour celles-ci mais aussi pour la société et l’économie. Le collectif ALERTE a publié un rapport qui l’explique clairement (Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant).
La précarité est un phénomène cumulatif qui touche particulièrement les femmes.
Pour près de 90% d’entre vous cela semble une évidence. Et non bien sûr, la “misère” n’est pas “moins pénible au soleil”. Bien au contraire, les inégalités géographiques sont prégnantes en France, particulièrement dans les outre-mer. Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam revient sur ces points dans notre magazine en évoquant notamment la situation dramatique vécue par les habitants de Mayotte pendant et après le passage du cyclone Chido. La Guyane n’est pas en reste de ce point de vue. Il faut lire Alexandra Vié, sociologue, qui évoque la situation de ce département français.
Des moyens financiers pour agir ?
37 milliards d’euros par an pour supprimer la pauvreté en France. C’est l’estimation faite par Alternatives Economiques en mars 2024. Et c’est sans compter sur les effets positifs indirects (relance de la consommation, hausse des recettes fiscales, moins de dépenses de soins, moins d’échecs scolaires, etc.). D’après les répondants, c’est avant tout la responsabilité des pouvoirs publics de porter ces sujets, mais les organisations syndicales et les associations arrivent juste derrière et ont donc un rôle important à jouer dans cette lutte. En ce qui concerne les leviers fiscaux pour trouver les recettes nécessaires, les répondants ont privilégié trois mesures parmi celles proposées : taxer les héritages et le patrimoine des grandes fortunes ; taxer davantage les profits des entreprises ; réduire ou supprimer des aides à certaines entreprises. Dont acte !
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