Parler pour protéger

Les réactions de ces derniers jours à la publication d’un article et d’un livre sur les professeurs maltraitant ou harcelant les élèves -comme celles il y a quelques mois à propos d’un reportage en caméra cachée sur un établissement où des éducateurs frappaient des enfants handicapés- ont été vives.

Nous sommes effectivement partagés entre un sentiment d’horreur pour ces enfants ainsi malmenés -qui pourraient être les nôtres-, de colère contre ces médias qui écornent -un peu plus- l’image de toute une profession et de malaise devant les ressorts -dont nous ne savons pas grand chose- qui animent ceux qui étalent ainsi, de façon parfois trash et racoleuse, ces dérapages inadmissibles.

Que faire ? Se taire n’est assurément pas la bonne solution mais, dans les faits il est très compliqué de faire autrement.

Rappelons d’abord clairement que l’immense majorité des éducateurs assure au mieux ses fonctions professionnelles dans un souci constant du respect des enfants et des jeunes qui lui sont confiés. Néanmoins, nous avons tous croisé un jour ou l’autre un collègue qui dépassait largement les limites de l’acceptable et entendu : “entre collègues on doit se serrer les coudes”, “en parler ne sert à rien, il sera juste déplacé”, “en fait il a de gros soucis personnels il ne faudrait pas lui nuire”… et autres bonnes raisons de se taire.

Pourtant, l’article 40 du code pénal fait obligation à toute personne ayant connaissance de mauvais traitements infligés à un mineur âgé de moins de 15 ans ou à une personne particulièrement vulnérable, d’en informer les autorités judiciaires ou administratives.
Et cette obligation s’adresse tout spécialement aux professionnels de l’éducation pouvant dans le cadre de leurs fonctions recevoir des révélations ou constater certains faits. Légalement et éthiquement notre responsabilité, de citoyen d’abord, et d’éducateur ensuite, est engagée et notre priorité doit rester la protection des enfants et des jeunes.

Même très peu nombreux, ces collègues peuvent faire des dégâts sur beaucoup d’enfants et n’oublions pas que ceux qui en souffrent le plus sont ceux déjà fragilisés et insécures qui vivent dans des familles en difficulté qui ne savent pas forcément soutenir et accompagner leur enfant dans une situation délicate et douloureuse. Les parents qui en ont fait l’expérience le savent, gérer ce genre de situation est complexe et nécessite bien souvent de tenir tête de façon très ferme à l’institution qui rechigne à admettre et à gérer le problème (quand elle n’est pas totalement impuissante à le faire). La levée du silence est la seule façon de retrouver la confiance des parents en prouvant notre fiabilité et le meilleur moyen d’éviter nombre de drames et la médiatisation désastreuse qui les accompagne inévitablement…

Il y a certes des problématiques qui nous dépassent individuellement concernant le recrutement, la formation, l’accompagnement des collègues en difficulté, le “pas de vague” fréquent de la hiérarchie…Il faut cependant agir dans l’intérêt des enfants… et aussi du collègue concerné ! En effet, ne rien faire en croyant le protéger est bien souvent un leurre, il est plus efficace de parler avant qu’il ne commette des actes plus graves pouvant irrémédiablement compromettre son avenir personnel et professionnel. Il ne s’agit pas tant de “dénoncer” un collègue que de mettre au jour une situation intolérable pour lui et les enfants qui lui sont confiés.

Bien entendu cela ne doit pas se faire à la légère, le mieux étant d’en parler à plusieurs, avec le collègue concerné quand cela est possible et avant que les choses ne dégénèrent. Pensez que votre syndicat peut vous accompagner, vous conseiller et vous soutenir dans ce genre de démarche délicate surtout si vous ne trouvez pas d’écoute auprès de votre direction et de vos autres collègues.

Votre syndicat est aussi là pour vous aider si vous vous sentez dépassé, excédé par les enfants… pour trouver une solution avant que la situation ne devienne insupportable et ne mette, vous et les enfants font vous avez le charge, en danger.

À l’heure où on déplore, à juste titre, le triste sort réservé aux lanceurs d’alertes il serait bon de s’interroger sur celui réservé par notre société à ceux qui osent parler des mauvais traitements infligés aux enfants par des professionnels… ce qui est tabou restant largement impensé et non traité !
 

Crédit photo : fabsenstylsen

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Nous sommes effectivement partagés entre un sentiment d’horreur pour ces enfants ainsi malmenés -qui pourraient être les nôtres-, de colère contre ces médias qui écornent -un peu plus- l’image de toute une profession et de malaise devant les ressorts -dont nous ne savons pas grand chose- qui animent ceux qui étalent ainsi, de façon parfois trash et racoleuse, ces dérapages inadmissibles.

Que faire ? Se taire n’est assurément pas la bonne solution mais, dans les faits il est très compliqué de faire autrement.

Rappelons d’abord clairement que l’immense majorité des éducateurs assure au mieux ses fonctions professionnelles dans un souci constant du respect des enfants et des jeunes qui lui sont confiés. Néanmoins, nous avons tous croisé un jour ou l’autre un collègue qui dépassait largement les limites de l’acceptable et entendu : “entre collègues on doit se serrer les coudes”, “en parler ne sert à rien, il sera juste déplacé”, “en fait il a de gros soucis personnels il ne faudrait pas lui nuire”… et autres bonnes raisons de se taire.

Pourtant, l’article 40 du code pénal fait obligation à toute personne ayant connaissance de mauvais traitements infligés à un mineur âgé de moins de 15 ans ou à une personne particulièrement vulnérable, d’en informer les autorités judiciaires ou administratives.
Et cette obligation s’adresse tout spécialement aux professionnels de l’éducation pouvant dans le cadre de leurs fonctions recevoir des révélations ou constater certains faits. Légalement et éthiquement notre responsabilité, de citoyen d’abord, et d’éducateur ensuite, est engagée et notre priorité doit rester la protection des enfants et des jeunes.

Même très peu nombreux, ces collègues peuvent faire des dégâts sur beaucoup d’enfants et n’oublions pas que ceux qui en souffrent le plus sont ceux déjà fragilisés et insécures qui vivent dans des familles en difficulté qui ne savent pas forcément soutenir et accompagner leur enfant dans une situation délicate et douloureuse. Les parents qui en ont fait l’expérience le savent, gérer ce genre de situation est complexe et nécessite bien souvent de tenir tête de façon très ferme à l’institution qui rechigne à admettre et à gérer le problème (quand elle n’est pas totalement impuissante à le faire). La levée du silence est la seule façon de retrouver la confiance des parents en prouvant notre fiabilité et le meilleur moyen d’éviter nombre de drames et la médiatisation désastreuse qui les accompagne inévitablement…

Il y a certes des problématiques qui nous dépassent individuellement concernant le recrutement, la formation, l’accompagnement des collègues en difficulté, le “pas de vague” fréquent de la hiérarchie…Il faut cependant agir dans l’intérêt des enfants… et aussi du collègue concerné ! En effet, ne rien faire en croyant le protéger est bien souvent un leurre, il est plus efficace de parler avant qu’il ne commette des actes plus graves pouvant irrémédiablement compromettre son avenir personnel et professionnel. Il ne s’agit pas tant de “dénoncer” un collègue que de mettre au jour une situation intolérable pour lui et les enfants qui lui sont confiés.

Bien entendu cela ne doit pas se faire à la légère, le mieux étant d’en parler à plusieurs, avec le collègue concerné quand cela est possible et avant que les choses ne dégénèrent. Pensez que votre syndicat peut vous accompagner, vous conseiller et vous soutenir dans ce genre de démarche délicate surtout si vous ne trouvez pas d’écoute auprès de votre direction et de vos autres collègues.

Votre syndicat est aussi là pour vous aider si vous vous sentez dépassé, excédé par les enfants… pour trouver une solution avant que la situation ne devienne insupportable et ne mette, vous et les enfants font vous avez le charge, en danger.

À l’heure où on déplore, à juste titre, le triste sort réservé aux lanceurs d’alertes il serait bon de s’interroger sur celui réservé par notre société à ceux qui osent parler des mauvais traitements infligés aux enfants par des professionnels… ce qui est tabou restant largement impensé et non traité !
 

Crédit photo : fabsenstylsen