L’Ecole publique envers et contre tout

L’Enseignement privé au cœur de la tourmente
Le samedi 15 mars, de l’aveu même du secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, le temps où l’on « cherchait à défendre l’institution plutôt que la personne est révolu ». « Plus jamais nous ne devons chercher à masquer des affaires pour protéger l’institution. ». Ces déclarations sous forme d’aveu, pour ne pas dire de confession, sont louables. Le problème c’est qu’elles ont 30 ans de retard et qu’elles interviennent après des dénégations persistantes malgré l’ampleur du scandale au mépris des enquêtes journalistiques documentées et des témoignages de victimes. Comment faire confiance à un système aussi opaque qui cultive depuis toujours l’entre-soi ? Celles et ceux qui ont osé briser cette loi du silence se sont retrouvé.e.s doublement victimes. Des traitements inqualifiables leur ont été infligés dans un lieu censé les protéger. Pour couronner le tout, aujourd’hui encore, certains, au plus haut niveau de l’État, continuent de nier leur statut même de victime.
L’enseignement privé catholique ne peut pas être un opérateur autonome qui s’affranchit du devoir de transparence et du respect des règles communes. Il bénéficie d’une délégation de service public et fait d’ailleurs concurrence à l’école publique laïque. Il vit sous perfusion d’argent public et doit donc, au-delà de l’éthique et la morale, rendre des comptes en toutes circonstances. Elle a un devoir d’exemplarité.
L’école publique, garantie de transparence
Rares sont les institutions qui ont autant fait l’objet de critiques et de remises en cause que l’école publique, qu’il s’agisse de l’État, de l’opinion publique ou des acteurs même du système.
Dans cette séquence qui peut nous sidérer, nous ne pouvons que constater avec inquiétude et effroi l’indulgence coupable dont font preuve nombre de nos décideurs pour des raisons idéologiques et partisanes puisque la plupart d’entre eux font le choix de l’école privé pour leurs propres enfants, préférant entretenir une forme d’élitisme et promouvoir ainsi une image trompeuse de performance qui colle à l’enseignement privé. Beaucoup continuent de s’acharner sur une école publique sommée de résoudre la quadrature du cercle avec toujours moins de moyens quand, dans le même temps, les établissements privés se voient allouer des subventions facultatives massives.
Malgré tout, l’école publique remplit son rôle de plus en plus difficile en assurant l’accueil de toutes et tous sans distinction. Résultats, financement, pédagogie, climat scolaire, tous les sujets sont abordés en long en large et en travers de la part des médias, de la classe politique, des citoyens. L’école publique, fidèle à son ambition universaliste est ouverte et de facto transparente. Elle connaît ses difficultés mais les affronte en faisant face aux critiques et remises en causes qu’elles soient, ou pas, justifiées. Elle ne poursuit qu’un but, celui de l’émancipation de nos jeunes.
Vers une véritable prise de conscience ?
Après cette libération de la parole, les méthodes d’autres établissements ont été dénoncées. La commission d’enquête doit être l’occasion d’accueillir ces témoignages pour dénoncer et condamner des décennies de dysfonctionnement. Comme le dit le SGEC lui-même, « nous le devons aux victimes ». Mais nous le devons plus largement à tous les jeunes aujourd’hui et demain. L’époque où la réussite était associée à la toute-puissance aveugle de l’adulte est bel et bien révolue. Il s’agit de faire de cette vérité théorique une réalité pratique. La dérive idéologique d’une éducation fondée sur la souffrance, l’obéissance aveugle et muette des jeunes n’a fait que trop de ravages. Ces plaintes, ces douleurs s’expriment aujourd’hui et chacun devra prendre ses responsabilités.
Pour l’UNSA Éducation, les leçons doivent être tirées de ce scandale de l’enseignement privé, en particulier pour ce qui relève de la considération et du traitement de nos jeunes en milieu scolaire. L’Ecole publique aura un rôle cardinal à jouer dans cette refondation qui s’inscrira sur le temps long.