La concurrence déloyale du privé confirmée par l’enquête du CNAL
Un attachement à la liberté d’enseignement
Sans surprise, les Français restent majoritairement attachés à la liberté d’enseignement. En effet, 63 % d’entre eux se déclarent favorables à l’existence des établissements privés. Si cette reconnaissance n’est pas surprenante au regard, du respect d’un principe constitutionnel, il est intéressant de noter que cette approbation est en recul de 8 points par rapport à l’enquête de 1983 au moment du projet Savary qui avait fait couler beaucoup d’encre…
De même, dans le détail, les Français accordent un soutien moins franc en se disant « plutôt favorables » alors que la proportion de citoyens « très favorables » étaient beaucoup plus marquée dans l’enquête de 1983.
Les lignes bougent et l’attachement à la liberté d’enseignement reste majoritaire mais perd du terrain au fil du temps.
Un financement clairement remis en cause par les Français
L’un des enseignements majeurs de cette enquête du CNAL réside plutôt dans l’approche de la question du financement. Alors qu’une majorité de français pensait en 1983 qu’il revenait à la puissance publique d’assurer ce financement pour le privé, les Français sont aujourd’hui 60 % à estimer que la charge du privé doit revenir aux parents qui décident de scolariser leurs enfants dans ces établissements. C’est un changement de paradigme qui remet à l’ordre du jour la formule bien connue du mouvement laïque : À école publique fonds publics, à école privée, fonds privés ! Cette question est revenue sur le devant de la scène en particulier après la dernière note du Conseil d’Analyse Économique qui préconisait un plafonnement à 50 % du financement public du privé. Difficile d’imaginer que dans les années 80, plus de la moitié des Français trouvait normal que l’État prenne en charge ce financement. Ils sont à peine plus d’un quart aujourd’hui à approuver cette logique .
Un renforcement des contrôles plébiscité
C’est le sentiment qui domine chez 80 % des parents ! Les affaires révélées après le scandale Bétharram ont eu un rôle majeur. D’ailleurs, le ministère a assuré que les contrôles devraient se multiplier dès cette année. Dans leur écrasante majorité, les Français sont très légalistes et particulièrement sensibles aux injustices. C’est ainsi que 77% d’entre eux estiment que le financement doit cesser en cas de non respect des règles. Contre toute attente, une part encore plus importante de parents qui scolarisent leurs enfants dans le privé (80%) estime qu’il faut supprimer le financement en cas de de non-respect du contrat d’association avec l’État…
Cette exigence de justice des Français ne demande qu’à se traduire concrètement par des actes politiques courageux au-delà de toute considération idéologique ou de tout approche électoraliste.
L’École publique laïque assure la réussite scolaire
L’image d’Épinal d’établissements privés plus performants continue à marquer l’opinion. C’est le cas pour 78 % des familles scolarisant leurs enfants dans le privé. Elles le font d’abord pour « la qualité de l’enseignement » qu’elles jugent meilleure que dans le public. Pourtant (et c’est peut-être la clé de voûte de cette enquête du CNAL), 70 % des familles ignorent que, d’après les chiffres officiels, à catégorie sociale équivalente, le public apporte davantage pour la réussite des élèves que le privé !
Ce qui est tout aussi, surprenant que dommageable c’est que cette méconnaissance est tout aussi développée chez tous les parents, qu’ils aient scolarisé leurs enfants dans le public ou dans le privé. Paradoxalement les parents interrogés estiment à une écrasante majorité que leurs enfants sont plutôt réussite dans le public. Cette conviction qui les porte au quotidien malgré des conditions d’image et de moyens plus défavorables que pour les établissements privés.
Pour l’UNSA Éducation, il est urgent de porter à la connaissance du plus grand nombre cette étude du CNAL. C’est la responsabilité collective de tous les défenseurs de l’École publique laïque mais c’est aussi la responsabilité particulière de notre fédération qui assure présidence du CNAL cette année. Nous continuerons donc à assumer et revendiquer ce message avec nos syndicats, nos territoires et tous nos partenaires afin de le promouvoir auprès des professionnels, des décideurs et surtout auprès des familles.
