George Sand: une femme engagée

Les supputations vont bon train sur « celle » qui entrera prochainement au Panthéon. Le Président de la République dévoilera son nom, avant la fin de l’année, probablement d’après le rapport qui lui a été remis ce jour par le Président du Centre des monuments nationaux.
George Sand, « la bonne dame de Nohant » ne fait sans doute pas figure de favorite, on la sait trop attachée à son Berry natal. L’occasion pourtant de revenir sur le parcours d’une des femmes qui a marqué l’histoire de son temps et de la littérature.

« Elle a du génie et mène une de ces existences exceptionnelles que l’on ne saurait juger comme les existences ordinaires. »

En s’exprimant ainsi, Balzac rendait compte de l’extraordinaire richesse de la personnalité de George Sand, l’une des figures les plus importantes de la littérature française du 19è siècle, figure étonnamment libre à une époque où la place de la femme dans la société était encore très assujettie à celle de l’homme.

Reconnue par les plus grands écrivains de son temps, George Sand connut paradoxalement une sorte de traversée du désert dans la première partie du 20è siècle où elle fut souvent traitée avec condescendance, caricaturée, réduite à ses nombreuses aventures amoureuses.

C’est seulement dans la deuxième partie du 20è siècle avec la publication des 26 volumes de sa correspondance que l’on redécouvre la richesse de l’écrivain et la femme en avance sur son temps, particulièrement sensible à la politique et à la situation féminine de son époque.

George Sand et le féminisme
L’indépendance dont elle fit très vite preuve dans sa vie personnelle ; le point de vue souvent androgyne qu’elle adopta dans ses romans ; la liberté avec laquelle elle vécut sa vie amoureuse, ont contribué à entretenir la confusion entre la femme émancipée et la féministe.
Ses premiers romans : Indiana et Lélia, jugés résolument féministes, eurent un succès immense et lui offrirent la célébrité mais l’engagement de la femme de lettres pour la cause des femmes reste mesuré. George Sand se sentait avant tout un écrivain reconnu du monde des hommes, non pas une femme à part au service d’un féminisme sectaire et si ses contemporains lui reprochaient son féminisme, de nombreuses féministes lui reprochent aujourd’hui sa timidité.« Si elle a toujours milité farouchement en faveur de ses paires c’est qu’elle prit conscience très tôt de la sujétion féminine.Elle ne cessa de se battre contre l’iniquité du code Napoléon, revendiquant le droit au divorce et l’égalité civile, préalable indispensable à la citoyenneté politique des femmes ; d’où son différend avec les féministes de 1848 qui pensaient le contraire. » (Michelle Perrot)
Femme d’idéal, utopiste parfois, c’est cet idéal d’amour, d’égalité et de fraternité qui la poussait aussi à changer la condition des femmes. Changer la condition des femmes, c’était changer la société.

Les combats politiques
George Sand
se montre particulièrement sensible à la situation politique de son époque. Ses écrits évoluent avec elle. Elle s’engage à fond pour la Révolution de 1848, se met à la disposition du gouvernement provisoire et rédige un grand nombre de publications. Libre là encore, n’hésitant pas à condamner, lors des journées de juin « une République qui commence par tuer ses prolétaires. Voilà une étrange solution au problème de la misère». Le Coup d’Etat qui rétablit Napoléon au pouvoir et l’absence de réaction forte du peuple la déçoit et met fin à ses combats politiques. « Je hais le sang répandu. Maudissez tous ceux qui creusent les charniers. La vie n’en sort pas. Apprenons à être révolutionnaires obstinés et patients, jamais terroristes » écrivait-elle à la fin de sa vie.

Ses romans, ses pièces de théâtre, sa correspondance, témoignent de l’actualité de ses engagements et de la modernité de son travail d’écrivain.
« Je pleure une morte et je salue une immortelle» a déclaré Victor Hugo le 8 juin 1876 lors de son enterrement. Immortelle, elle l’est sans aucun doute par ses écrits. Aurait-elle souhaité l’être en entrant au Panthéon ? Sa demeure éternelle dans le parc de sa maison de Nohant, dans son Berry natal qui inspira tant de ses romans, près des siens, comme elle le souhaitait, convient sans doute mieux à son repos…

A voir aussi l’interview de Michelle Perrot qui nous parle de son dernier livre George Sand à Nohant


Biographies (parmi tant d’autres)
George Sand
: Politique et polémiques. Michelle Perrot Editions Belin
Francine Mallet : George Sand aux Editions Grasset
Hortense Dufour : George Sand la somnambule aux Editions du Rocher.

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Les supputations vont bon train sur « celle » qui entrera prochainement au Panthéon. Le Président de la République dévoilera son nom, avant la fin de l’année, probablement d’après le rapport qui lui a été remis ce jour par le Président du Centre des monuments nationaux.
George Sand, « la bonne dame de Nohant » ne fait sans doute pas figure de favorite, on la sait trop attachée à son Berry natal. L’occasion pourtant de revenir sur le parcours d’une des femmes qui a marqué l’histoire de son temps et de la littérature.

« Elle a du génie et mène une de ces existences exceptionnelles que l’on ne saurait juger comme les existences ordinaires. »

En s’exprimant ainsi, Balzac rendait compte de l’extraordinaire richesse de la personnalité de George Sand, l’une des figures les plus importantes de la littérature française du 19è siècle, figure étonnamment libre à une époque où la place de la femme dans la société était encore très assujettie à celle de l’homme.

Reconnue par les plus grands écrivains de son temps, George Sand connut paradoxalement une sorte de traversée du désert dans la première partie du 20è siècle où elle fut souvent traitée avec condescendance, caricaturée, réduite à ses nombreuses aventures amoureuses.

C’est seulement dans la deuxième partie du 20è siècle avec la publication des 26 volumes de sa correspondance que l’on redécouvre la richesse de l’écrivain et la femme en avance sur son temps, particulièrement sensible à la politique et à la situation féminine de son époque.

George Sand et le féminisme
L’indépendance dont elle fit très vite preuve dans sa vie personnelle ; le point de vue souvent androgyne qu’elle adopta dans ses romans ; la liberté avec laquelle elle vécut sa vie amoureuse, ont contribué à entretenir la confusion entre la femme émancipée et la féministe.
Ses premiers romans : Indiana et Lélia, jugés résolument féministes, eurent un succès immense et lui offrirent la célébrité mais l’engagement de la femme de lettres pour la cause des femmes reste mesuré. George Sand se sentait avant tout un écrivain reconnu du monde des hommes, non pas une femme à part au service d’un féminisme sectaire et si ses contemporains lui reprochaient son féminisme, de nombreuses féministes lui reprochent aujourd’hui sa timidité.« Si elle a toujours milité farouchement en faveur de ses paires c’est qu’elle prit conscience très tôt de la sujétion féminine.Elle ne cessa de se battre contre l’iniquité du code Napoléon, revendiquant le droit au divorce et l’égalité civile, préalable indispensable à la citoyenneté politique des femmes ; d’où son différend avec les féministes de 1848 qui pensaient le contraire. » (Michelle Perrot)
Femme d’idéal, utopiste parfois, c’est cet idéal d’amour, d’égalité et de fraternité qui la poussait aussi à changer la condition des femmes. Changer la condition des femmes, c’était changer la société.

Les combats politiques
George Sand
se montre particulièrement sensible à la situation politique de son époque. Ses écrits évoluent avec elle. Elle s’engage à fond pour la Révolution de 1848, se met à la disposition du gouvernement provisoire et rédige un grand nombre de publications. Libre là encore, n’hésitant pas à condamner, lors des journées de juin « une République qui commence par tuer ses prolétaires. Voilà une étrange solution au problème de la misère». Le Coup d’Etat qui rétablit Napoléon au pouvoir et l’absence de réaction forte du peuple la déçoit et met fin à ses combats politiques. « Je hais le sang répandu. Maudissez tous ceux qui creusent les charniers. La vie n’en sort pas. Apprenons à être révolutionnaires obstinés et patients, jamais terroristes » écrivait-elle à la fin de sa vie.

Ses romans, ses pièces de théâtre, sa correspondance, témoignent de l’actualité de ses engagements et de la modernité de son travail d’écrivain.
« Je pleure une morte et je salue une immortelle» a déclaré Victor Hugo le 8 juin 1876 lors de son enterrement. Immortelle, elle l’est sans aucun doute par ses écrits. Aurait-elle souhaité l’être en entrant au Panthéon ? Sa demeure éternelle dans le parc de sa maison de Nohant, dans son Berry natal qui inspira tant de ses romans, près des siens, comme elle le souhaitait, convient sans doute mieux à son repos…

A voir aussi l’interview de Michelle Perrot qui nous parle de son dernier livre George Sand à Nohant


Biographies (parmi tant d’autres)
George Sand
: Politique et polémiques. Michelle Perrot Editions Belin
Francine Mallet : George Sand aux Editions Grasset
Hortense Dufour : George Sand la somnambule aux Editions du Rocher.