Du concret, pas des promesses : Ce que veulent nos collègues
Baromètre UNSA des métiers de l’éducation : Le problème, c’est le cap ! Retrouvez ici notre communiqué de presse sur les résultats du baromètre des métiers, édition 2025.
Les personnels veulent des perspectives de carrière
29,9 % citent la carrière comme priorité et 31,9 % comme levier pour améliorer leur quotidien. Ils demandent d’abord la possibilité de se former et d’acquérir de nouvelles compétences. Depuis dix ans, cet indicateur est bloqué : preuve que rien n’a été fait.
Pire encore : alors que les coupes budgétaires massives annoncées ne sont pas encore mises en oeuvre, des économies discrètes dans les académies se font déjà sentir. Moins de collègues que l’an dernier disent avoir bénéficié d’une formation correspondant à leurs attentes (41,2 % en 2025 contre 42,2 % en 2024). Plus d’un sur deux déclare n’avoir reçu aucune formation adaptée depuis trois ans. Nos collègues sous contrat placent même la formation en première priorité.
La charge de travail, un sujet de préoccupation majeur pour nos collègues
50,7 % des répondantes et des répondants la jugent excessive. 53 % évoquent un stress trop lourd (+6 points en un an). Dans le même temps, 59,5 % disent manquer de reconnaissance. Les risques psychosociaux sont donc importants dans nos métiers.
Pour l’UNSA Éducation, la baisse démographique, utilisée comme prétexte pour supprimer des postes, devrait au contraire donner de l’air au système. Là où le président de la République se félicite des dédoublements mis en œuvre depuis 2017, dans la réalité,le vrai besoin est de réduire les effectifs, non seulement par classe, mais aussi par assistante sociale, par infirmière, par médecin scolaire. Et ces métiers sont parmi les plus mal rémunérés de toute la fonction publique !
Première attente des personnels : le pouvoir d’achat
57,9 % le mettent en tête de leurs priorités. Un tiers (34,6 %) estime qu’une revalorisation juste serait de 20 %. L’OCDE le rappelle constamment dans ses rapports annuels : nos collègues demandent simplement à être rémunérés à la moyenne des pays développés. Depuis le début du baromètre, le podium reste le même : pouvoir d’achat, conditions de travail et perspectives de carrière. L’attractivité des métiers ne se fera pas sans une amélioration sur ces trois axes.
Trois alertes majeures pour notre système éducatif
Nous voulons tirer une première sonnette d’alarme concernant la santé des personnels. 26 % des personnels placent la santé au travail parmi leurs priorités (+11 points depuis 2017). Hors rémunération, 47 % citent la protection sociale complémentaire comme premier levier d’amélioration de leur quotidien.
Nous savons pourquoi : en 2024, 27,4 % disaient avoir renoncé à des soins par manque d’argent. Voilà pourquoi nous défendons un panier de soins de qualité dans la négociation PSC qui vient de s’achever, nous insistons sur la santé des femmes, dans des métiers très féminisés. Menstruations, endométriose, PMA, grossesse : autant de réalités spécifiques invisibilisées. Le recul social sur les jours de carence ou la baisse de remboursement du congé maladie sont tout simplement scandaleux à cet égard.
La vérité est simple : un bon employeur sait que le bien-être au travail est un levier de performance. Pourquoi l’État ignore t-il cette responsabilité pour ses propres employés ?
Un deuxième point d’alerte sur les territoires ultramarins. Les académies ultramarines révèlent les fractures les plus profondes : À Mayotte, seulement 25 % des personnels jugent leurs conditions de travail satisfaisantes. En Guyane, 29 %. À Saint-Pierre-et-Miquelon, 55 %.
Ces écarts ne sont pas des fatalités, mais le résultat d’abandons politiques. Comme le rappelle la Fondation Jean Jaurès, les Outre-mer sont des « miroirs grossissants » de nos fractures nationales. À Mayotte, après le passage d’un ouragan, certains enfants n’ont eu que deux heures de classe par jour, faute de moyens. Accepterait-on cela dans l’Hexagone ? En Polynésie, une épidémie de malbouffe fragilise la santé des jeunes. En Guyane, la pauvreté est exacerbée. Partout, l’école est le dernier service public encore debout, mais pour combien de temps ? Nos sections locales étaient reçues au ministère, le mardi 16 septembre, pour porter ces constats.
La santé scolaire des enfants est un immense sujet de préoccupation pour notre fédération. La loi prévoit une visite médicale obligatoire à 6 ans. En 2025, elle n’est réalisée que pour 1 enfant sur 10. Déjà en 2017, nous alertions. Huit ans plus tard, rien n’a changé. Or les signaux d’alerte sont graves : l’OMS prévoit que d’ici 2050, une personne sur deux sera atteinte de myopie. Une mauvaise vision non corrigée compromet directement la réussite scolaire. Mais il y a aussi les troubles DYS, l’inclusion, la hausse des violences intrafamiliales, la progression de la pauvreté infantile…
Quelle est la situation des personnels chargés de ces missions de préventions si décisives ? Moins d’un quart des médecins scolaires jugent leurs conditions de travail satisfaisantes. Plus de 70 % des infirmières déclarent subir une surcharge de travail. Deux psychologues sur trois ne se sentent pas respectés. Les assistants sociaux manquent cruellement de moyens. Malgré les Assises de la santé scolaire du 14 mai dernier et les annonces qui ont suivi, rien ne bouge. L’absence de dépistage et de prise en charge aura un coût énorme pour la société.
29,4 % des personnels déclarent que leur métier n’a plus de sens
Ils étaient 19,9 % en 2018. Nos collègues ne veulent pas d’une école fermée, sélective, nostalgique. Ils veulent une école ouverte, juste, émancipatrice, capable de faire réussir chaque élève.
Ce baromètre dit aussi comment les personnels sont constructifs : ils veulent obtenir des avancées par la négociation, ils ne croient pas aux coups d’éclat, mais à la capacité de construire ensemble. C’est exactement le syndicalisme que nous portons à l’UNSA Éducation : utile, constructif, capable de transformer les attentes en solutions. L’École publique est le cœur battant de la République. Elle a besoin d’un pacte social clair et durable.