Circulaire honteuse au détriment des fonctionnaires, encore

Dans un contexte de déficit public élevé, la circulaire n°6482-SG signée par le Premier ministre François Bayrou le 23 avril 2025 marque un tournant vers une rigueur budgétaire renforcée. Le gouvernement y rappelle l’objectif impératif de revenir sous la barre des 3 % de déficit d’ici 2029, avec une exigence de maîtrise stricte des dépenses publiques sur l’ensemble des ministères et opérateurs.
Parmi les mesures phares :
- Le recours prioritaire aux financements européens avant toute mobilisation de crédits nationaux ;
- L’obligation d’appliquer un principe d’auto-assurance budgétaire, sans recours à des crédits supplémentaires en cours d’année ;
- Le contrôle renforcé des engagements de dépenses nouvelles, avec analyse pluriannuelle préalable et validation par le ministère des comptes publics ;
- Une restriction drastique sur les dépenses de personnel, avec l’interdiction explicite de mettre en œuvre, d’annoncer ou même de discuter une mesure catégorielle sans validation interministérielle préalable, garantissant sa viabilité, son coût et son impact pluriannuel.
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L’UNSA Éducation exprime une vive inquiétude face à cette approche. La réduction drastique des marges de manœuvre budgétaires compromet la capacité de tout le système d’Éducation à s’adapter aux besoins des élèves et des personnels. Le recours généralisé à l’auto-assurance budgétaire renvoie chaque administration à gérer seule les imprévus, sans soutien ministériel.
L’Unsa éducation met en garde aussi sur le désengagement de l’État au profit de financements européens. Il s’agit d’un glissement inquiétant vers une logique de cofinancement alors que l’éducation relève de la responsabilité pleine et entière de l’État.
Mais surtout pour les personnels, l’UNSA Éducation juge la situation particulièrement préoccupante. L’interdiction de toute mesure catégorielle nouvelle sans validation interministérielle préalable muselle le dialogue social et réduit tout avancée sur les carrières, les conditions de travail et la reconnaissance professionnelle. Cette mesure s’ajoute au gel de la valeur du point d’indice depuis 2018 (à l’exception d’une hausse marginale de 1,5 % en juillet 2023 et de l’ajout de 5 points au 1er janvier 2024) et à la non reconduction de la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA) en 2025. Le déclassement salarial pour les agents publics est depuis longtemps amorcé et persiste. Ce refus systématique de mesures salariales indispensables est vécu comme une nouvelle attaque envers les fonctionnaires, que l’UNSA Éducation juge inacceptable.
Pour finir, l’UNSA Éducation rappelle que des engagements pluriannuels ont déjà été pris par l’État, notamment en matière de convergence indemnitaire interministérielle et de mesures d’attractivité. Il est inconcevable que ces engagements soient remis en cause ou gelés.
Avec cette circulaire, le gouvernement impose une gestion rigide des finances publiques, focalisée sur les économies à tout prix. Ce choix purement comptable risque de bloquer toute avancée pour améliorer les conditions de travail des agents publics de l’Éducation. Ces derniers ne peuvent plus être une variable d’ajustement budgétaire. Les fonctionnaires ne peuvent porter à eux seuls la responsabilité de mauvais choix politiques qui s’accumulent depuis de nombreuses années. Les agents de l’État sont nécessaires à l’exécution du service public d’Éducation, les résumer à des lignes budgétaires couteuses est plus grave qu’il n’y parait, c’est remettre, tout notre modèle social, en cause…