« Carton plein » au Rendez-Vous Annuel (RDVA) de l’UNSA Education !
Si Frédéric (47 ans, professeur des écoles, enseignant référent handicap à Paris) ne peut nier ses « propres conditions de travail dégradées et celles des collègues, par doléances indirectes » lorsqu’il se rend d’établissement scolaire en établissement scolaire, du 1er comme du 2nd degré, dans le privé comme dans le public, il se rend au RDVA pour « avoir des billes et des propositions pour aider les collègues ». Des inspecteurs aux personnels enseignants, en passant par les personnels d’encadrement ou par les personnels administratifs, les agents du Ministère de l’Education Nationale, administration majoritairement représentée lors de cette journée, étaient présents en force lors de cette 4e édition du RDVA. Découvrons ce qui les a poussés à y participer et venir débattre autour de la thématique de la QVCT.
« Tout d’abord parce que je ne suis jamais déçue par les formations proposées par l’UNSA l’Éducation, pour partager nos expériences entre collègues, recueillir des informations sur nos droits et les devoirs de notre employeur. On est toutes et tous susceptibles de rencontrer des difficultés compte tenu de la dégradation de nos conditions de travail », déclare Daisy, 48 ans, enseignante spécialisée et affectée dans un Institut médico-éducatif (IME) spécialisé dans les troubles du spectre autistique, lors du RDVA marseillais. Son témoignage est abondé par un participant rennais, IEN de 52 ans : « On voit clairement aujourd’hui que nos conditions de travail évoluent, pas forcément dans le bon sens, et qu’il y a probablement besoin de s’en saisir collectivement ».
Quel que soit l’endroit où l’on interroge les participants des RDVA, en hexagone ou en Outre-Mer, se dégage fortement l’expression d’un sentiment « d’énorme dégradation de nos conditions de travail ». Comme cité par Anne, directrice d’école de 44 ans en Ile-de-France. Son quotidien est jonché de difficultés massives telles que « l’inclusion d’élèves en situation de handicap en attente de place en IME, une arrivée massive de contractuel(le)s de moins en moins qualifiés, le manque d’AESH en nombre et un accroissement des tâches de direction par rapport au temps de décharge ». Elle se ravit donc de sa participation au RDVA qui a pu « constater que c’est anormal, notamment de la bouche d’un inspecteur santé et sécurité au travail (invité à partager son expérience lors de ce 4e RDVA parisien) alors que sur le terrain, on nous dit que c’est l’évolution du métier qui veut ça ». À Avignon aussi, ce grand RDV annuel a permis de libérer la parole d’une directrice d’école de 49 ans au sujet notamment de la maltraitance institutionnelle exercée par les diverses injonctions, souvent contraires, de son Ministère. Elle a alors salué l’intervention de la représentante du personnel siégeant en F3SCT* qui leur a présenté les outils disponibles en matière de bien-être au travail, complétée par une intervenante de la MGEN.
Sans le RDVA, les agents des ministères de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture, de l’Enseignement Agricole et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pourraient penser que leurs problématiques en matière de QVCT sont propres à chacun de leur Ministère, demeurant recroquevillés dans la solitude de leurs conditions de travail de plus en plus dégradées : locaux et matériels vieillissants, lourdeurs et lenteur de réponse de l’administration face aux besoins urgents des collègues sur le terrain, manque de temps de concertation entre les différents services et corps de métiers, etc.
De façon opportune et intelligente dans sa mise en œuvre et son animation « en mode intelligence collective », ce RdV annuel des métiers de l’UNSA Education rompt cet isolement, comme en témoigne lors de l’événement parisien Myriam, 53 ans, technicienne de laboratoire, adhérente au Syndicat National des Personnels de l’Enseignement Supérieur (SNPTES-UNSA). Elle se dit rassurée de ne plus se sentir seule et de constater « qu’on est tous logés à la même enseigne ». Durant cette journée, elle a même rencontré sa collègue Aurélie, 47 ans, personnel SAENES** officiant dans le même établissement qu’elle, si grand qu’elles ne s’étaient jamais croisées auparavant. Aurélie est venue suite à des problématiques d’ergonomie de son poste de travail, elle nous dit être repartie avec des éclaircissements sur ce qui définit la QVCT et des réponses qu’elle va pouvoir appliquer dès le lendemain, suite aux échanges lors des ateliers participatifs. À Rennes aussi, un IEN ASH de 52 ans reconnaît que « le contenu de l’après-midi est très constructif avec une réflexion croisée, partagée amenée d’une manière plutôt habile et ludique en imaginant le scénario du pire et du meilleur. Cela permet de sortir des incontournables qui vont nous conduire à identifier peut-être des moyens d’action collectifs, parce qu’on est quand même un peu tous isolés dans nos dans nos corps de métier, voire dans nos quotidiens soumis à des injonctions et des pressions différentes. Je crois qu’on a vraiment besoin de ça. »
Le RDVA, c’est la réalisation de ce besoin d’un lieu et d’un temps pour se rassembler, pour « brainstormer », pour « prendre le temps de se poser, de discuter sérieusement mais aussi sur le ton de l’humour, tout en se disant les choses, en allant au bout de la démarche de façon collective », exprimé par Céline, proviseure-adjointe bretonne, de 47 ans, qui remercie le RDVA UNSA-Education de lui offrir « la possibilité d’entendre la parole des autres personnels. On est personnels de direction, on échange entre nous, on échange aussi avec nos collègues, mais de façon plus large, d’avoir la vision d’enseignants d’autres établissements, 1er degré, 2nd degré, AESH, etc. de façon plus libre qu’en établissement ou ça peut être un peu biaisé ». En effet, c’est parce que le RDVA est un moment de liberté, hors du temps scolaire, essentiel pour reprendre son souffle dans un quotidien effréné et rencontrer « l’ensemble des collègues, (…) on a vu des techniciens, des perdirs, des ddfpt, des inspecteurs, des collègues qui ont les mêmes fonctions que moi, des administratifs, etc. », qu’il est aussi « une occasion de sortir du contexte du travail », pour une secrétaire générale en EPLE de Rennes, 47 ans.
Enfin, quand on demande aux collègues ce qu’ils retiendront de cette journée, Stéphane, 55 ans, enseignant mis à disposition de l’Unité d’Enseignement d’un CHU dans la région marseillaise, répond que c’est « tout d’abord, l’écoute et la bienveillance de toutes et tous qui permettent les échanges. Ensuite, le respect de la parole, l’envie de partager pour les élèves, l’école de demain et pour nous, professionnels motivés et résilients. J’ai appris beaucoup de choses : les dispositifs existants d’une part, les noms des professionnels du syndicat qui peuvent nous aider, nous conseiller, nous rassurer. En trois mots : UN GRAND MERCI ».
F3SCT : formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail
SAENES : secrétaires administratifs de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur